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Un prêtre lance un appel pour la sécurité des Erythréens arrêtés et des réfugiés dans la région du Tigré en Ethiopie

Réfugiés érythréens en Ethiopie. Domaine public Réfugiés érythréens en Ethiopie.
Domaine public

Un prêtre érythréen connu pour son ministère auprès des réfugiés et des migrants qui traversent l'Afrique du Nord pour se rendre en Europe lance un appel pour la sécurité des personnes arrêtées et des réfugiés érythréens dans la région du Tigré en Éthiopie, en proie à un conflit, alors que des informations font état de disparitions.

Dans un article du mardi15 décembre obtenu par ACI Afrique, le père Mussie Zerai, basé à Rome, affirme que ses sources locales ont confirmé que les forces érythréennes à la frontière avec le Tigré ont arrêté et emmené une centaine de personnes de l'ethnie Irob, qui vivent des deux côtés de la frontière interétatique.

"Leur sort n'est pas connu, ni la raison de leur arrestation. La seule certitude est celle de leur disparition, même s'ils n'ont joué aucun rôle dans le contexte du conflit au Tigré", déclare le père Mussie en faisant référence aux membres du groupe ethnique Irob.

Un sort similaire a touché les réfugiés érythréens vivant dans d'autres villes éthiopiennes, dont la capitale, Addis-Abeba. Le prêtre qui a été ordonné prêtre en 2010 déplore dans l’article du 15 décembre de l'Agenzia Fides, le service d'information de la Propagande Fide du Vatican.

Il explique que : "Les forces de sécurité éthiopiennes ont organisé plusieurs convois de bus pour emmener ces personnes dans les camps de réfugiés du Tigré. Des centaines de personnes ayant fui le régime oppressif d'Asmara ont été rassemblées dans des camps de réfugiés dans une région qui n'est pas encore totalement pacifiée".

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"Ils risquent leur vie, c'est certain", dit-il en référence aux réfugiés érythréens et ajoute : "C'est pourquoi nous lançons un appel pour qu'ils soient mis en sécurité et surtout pour qu'ils ne soient pas rapatriés en Erythrée, où ils seraient exposés à des représailles et à la torture".

Pays enclavé de la Corne de l'Afrique, l'Ethiopie abrite environ 769 000 réfugiés érythréens fuyant la persécution du régime prétendument autoritaire du président Isaias Afewerki. Selon les rapports, ce régime impose un service national forcé d'une durée indéterminée, le travail forcé et des cas de détention illégale, parmi d'autres pratiques qui constituent des violations des droits de l'homme.

Le père Mussie, qui est en contact avec les prêtres tigres, affirme que forcer les réfugiés érythréens à retourner en Érythrée signifie les exposer à la punition du régime oppressif du président Afewerki, qui interprète la fuite des réfugiés vers l'Éthiopie comme une accusation de dictature sur la scène mondiale. 

Alors que le conflit opposant le gouvernement fédéral éthiopien au Front populaire de libération du Tigré du Nord (TPLF) se poursuit, les habitants de Mekelle, la capitale du Tigré, ne sont toujours pas en sécurité bien que la région soit sous le contrôle des forces éthiopiennes, note Asmara, originaire de la capitale érythréenne.

Il explique que: "Des bandes de criminels locaux mènent des raids en saccageant les centres de santé, les magasins et les entrepôts. L'armée éthiopienne effectue elle-même des recherches continues. S'ils trouvent du matériel de valeur (bagues, colliers, etc.), ils le saisissent".

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"S'ils trouvent des armes, des photos ou des drapeaux du TPLF, des arrestations sont effectuées. Les gens ne se sentent pas en sécurité", ajoute le père Mussie, nominé pour le prix Nobel de la paix en 2015.

Les rapports indiquant que les forces du TPLF se sont retirées dans les montagnes de la région, le père Mussie déclare que les combats sont loin d'être terminés car "les Tigréens sont un peuple fier et continueront à se battre".

"Les responsables du TPLF et le gros de leurs troupes se cachent sûrement sur les hauteurs. Ils connaissent bien ces régions. Ils y ont combattu pendant des années, d'abord contre le dictateur Mengistu Hailè Mariam, puis contre les Erythréens", indique l'Ecclésiaste dans le rapport du 15 décembre.

Il poursuit : "Je crains que la voix des armes ne continue à résonner pendant des années encore dans ces vallées".

L'appel du père Mussie intervient alors que l'on ignore toujours le sort de Mgr Tesfaselassie Medhin, de ses prêtres et de plus d'une centaine de religieux de l'éparchie d'Adigrat, qui couvre la région du Tigré, en raison de l'interruption continue des communications dans la région.

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"La seule communication indirecte qui peut être attribuée à l'évêque est une lettre envoyée à certains collaborateurs, qui date du 23 novembre", indique un article de l'Agenzia Fides du 14 décembre.

Dans la lettre, Mgr Medhin fait référence à la situation humanitaire difficile au Tigré, où les médicaments, la nourriture, le carburant et tous les produits de première nécessité font défaut, ajoute le rapport.