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Selon un évêque, la population de la RCA fait face à l'incertitude, vit "dans la peur et l'anxiété"

Une semaine après les élections générales en République centrafricaine (RCA), un évêque exerçant son ministère dans ce pays enclavé a déclaré que la population vit "dans la peur et l'anxiété" en raison de l'incertitude qui entoure la confrontation en cours entre les rebelles armés et les forces militaires.

"La population vit dans la peur et l'anxiété face à l'incertitude de ce qui pourrait arriver le lendemain", a déclaré l'évêque du diocèse de Bossangoa, Mgr Nestor-Désiré Nongo-Aziagbia, dans un article publié le mardi 5 janvier.

Suite à l'élection du 27 décembre qui s'est déroulée dans l'insécurité et les tensions politiques, Mgr Nongo-Aziagbia, membre de la Société des missions africaines (SMA), déclare que le peuple de Dieu en RCA "traverse une période de turbulences".

Les turbulences sont dues à une "reprise des activités militaires et à l'intensification des affrontements armés" entre les rebelles de la Coalition des groupes armés pour le changement (CPC) et les forces armées centrafricaines avec le soutien de certains partenaires", explique l'évêque de 50 ans.

L'évêque, qui est aussi le président de la Conférence épiscopale Centrafricain (CECA), affirme en outre que la confrontation armée a conduit à l'occupation de la principale voie d'approvisionnement en provenance du Cameroun, une situation qui a provoqué "un ralentissement des activités économiques dans le pays".

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"L'approvisionnement en produits de première nécessité devient problématique et on assiste à une flambée des prix sur le marché", ajoute-t-il dans l’article du 5 janvier.

Le lundi 4 janvier, la commission électorale de la RCA a annoncé les résultats provisoires de l'élection, qui ont montré que le président sortant Faustin-Archange Touadera a remporté le scrutin du 27 décembre en ayant obtenu plus de 53 % des voix.

"Faustin-Archange Touadera, ayant obtenu la majorité absolue des voix au premier tour avec 53,9%, est déclaré vainqueur", a déclaré le président de la commission électorale de la RCA, Matthias Morouba, aux journalistes de la capitale, Bangui, le 4 janvier.

Avant les élections, les groupes rebelles du PCC ont lancé une offensive. Le mouvement du 19 décembre a menacé de perturber les élections présidentielles avec l'intention de "marcher vers Bangui". 

Ces menaces seraient une réponse au rejet par la Cour constitutionnelle du pays de la candidature de l'allié des rebelles, l'ex-président François Bozizé, qui voulait défier le président Touadera.

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Cependant, les rebelles qui contrôleraient les deux tiers du pays enclavé ont jusqu'à présent été empêchés avec succès d'avancer vers la capitale de la RCA par les militaires, les soldats de la paix de l'ONU et les renforts de la Russie et du Rwanda.

Le dimanche 3 janvier, la ville de Bangassou, riche en diamants, qui fait partie du territoire du diocèse catholique de Bangassou, est tombée aux mains des rebelles. C'était le lendemain d'une nouvelle attaque contre la ville de Damara, la ville natale du président Touadera.

"Oui, Bangassou est tombée aux mains des rebelles, dont beaucoup sont des mercenaires et des Nigériens", a confirmé  Mgr Juan José Aguirre Muñoz de Bangassou dans un rapport du lundi 4 janvier.

Faisant référence aux événements du dimanche 3 janvier, lorsque la ville a été capturée, Mgr Aguirre Muñoz a ajouté : "La matinée a été mouvementée. L'artillerie lourde à partir de 5 heures du matin avec une trentaine de morts et de blessés".

Dans le rapport du 5 janvier, Mgr Nongo-Aziagbia rapporte : "Par mesure de précaution et pour se mettre à l'abri, il y a un flux important de déplacement de population, soit à l'intérieur du pays, soit vers les pays voisins, en particulier la RD-Congo et le Cameroun".

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La partie ouest de son diocèse étant touchée par le conflit, l'évêque craint que les "dimensions ethniques et tribales" du conflit n'aggravent la situation explosive.

"Il y a des signes que la lutte contre les groupes armés au niveau national pourrait se transformer en une chasse aux innocents à l'échelle nationale, basée uniquement sur leur appartenance ethnique ou politique", déclare Mgr Nongo-Aziagbia, avertissant qu'une telle démarche "friserait une violation flagrante des droits de l'homme".

Le prélat centrafricain regrette que les parties en conflit n'aient pas tenu compte de l'appel au dialogue et au respect de la constitution centrafricaine lancé le 19 décembre par les évêques catholiques du pays, un échec qui se manifeste par le fait que "la logique de la confrontation et de la guerre semble prévaloir jusqu'à ce jour". 

Au milieu de l'incertitude, de l'anxiété et de la peur, "l'épiscopat centrafricain réitère son appel à la paix et exhorte les fidèles à continuer de prier sans cesse pour cette cause. Notre pays en a grand besoin", déclare l'Ordinaire du diocèse de Bossangoa.

S'adressant au peuple de Dieu en RCA, Mgr Nongo-Aziagbia déclare : "L'avenir de notre pays est entre nos mains. Le choix que nous faisons peut contribuer au redressement socio-économique. Pour cela, nous devons enterrer notre ego personnel qui continue à ensanglanter toute la nation et à entraver son développement. Privilégions le dialogue dans le respect mutuel".