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Face à la crise post-électorale, les évêques de la RCA appellent à un "dialogue sincère, fraternel et constructif"

Les évêques en République centrafricaine (RCA) avec le président Faustin Archange Touadera. Domaine public Les évêques en République centrafricaine (RCA) avec le président Faustin Archange Touadera.
Domaine public

Les évêques catholiques de la République centrafricaine (RCA) ont, dans un message adressé au peuple de Dieu dans le pays, appelé à un "dialogue sincère et franc, fraternel et constructif" pour résoudre la crise actuelle suite aux élections générales du 27 décembre.

"Nous appelons à un dialogue sincère et franc, fraternel et constructif pour trouver une paix juste et durable, en repoussant la haine, la violence et l’esprit de vengeance", déclarent les membres de la Conférence Episcopale Centrafricaine (CECA) dans leur déclaration collective du dimanche 17 janvier.

Dans le message publié à l'issue de la première assemblée plénière annuelle des membres de la CECA, les évêques mettent en garde le peuple de Dieu en RCA contre le risque de "se faire du mal collectivement".

"Arrêtons de nous nuire collectivement ! Arrêtons de créer des divisions qui sont contraires à l’esprit de notre devise ! Arrêtons de faire bénéficier les richesses de notre pays à une minorité selon son appartenance politique ou ses affinités tribales! Arrêtons de nous autodétruire ! Notre pays a trop souffert de complots extérieurs avec des complicités locales", disent les évêques de RCA dans leur message collectif partagé avec ACI Afrique.

Les élections présidentielles du 27 décembre en RCA se sont déroulées dans un climat d'insécurité et de tensions politiques.

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Le lundi 18 janvier, la Cour constitutionnelle de la RCA a confirmé la réélection du président Faustin Archange Touadera.

En amont des élections, une coalition de groupes rebelles armés sous les auspices de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) a lancé une offensive. Le mouvement du 19 décembre a menacé de perturber les élections présidentielles avec l'intention de "marcher vers Bangui". 

Ces menaces seraient une réponse au rejet par la Cour constitutionnelle du pays de la candidature de l'allié des rebelles, l'ex-président François Bozizé, qui voulait défier le président Touadera.

Cependant, les militaires en RCA, les casques bleus de l'ONU et les renforts de la Russie et du Rwanda ont jusqu'à présent empêché les rebelles qui contrôleraient les deux tiers du pays enclavé d'avancer vers la capitale, Bangui.

Dans leur déclaration de sept pages du 17 janvier, les membres de la CECA attirent l'attention sur la détérioration de la situation d'insécurité et de peur causée par "les groupes armés de la coalition et leurs alliés politiques, avec le soutien multiforme de leurs parrains". 

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"Cela a entraîné des déplacements massifs de population, paralysé les activités économiques, sanitaires et agricoles, et entravé la libre circulation des personnes et des biens", affirment les évêques dans leur déclaration en 22 points.

Les évêques Juan-José Aguirre Muñoz du diocèse de Bangassou, Mirosław Gucwa du diocèse de Bouar en RCA, et Guerrino Perin du diocèse de Mbaiki n'ont pas pu accéder à la capitale de la RCA, Bangui, pour l'Assemblée plénière en raison de l'insécurité, a déclaré une source à ACI Afrique le 13 janvier.

Dans leur déclaration signée par dix membres de la CECA, les évêques constatent que la forte division au sein de la classe politique et le "manque de patriotisme" ont laissé le pays à la merci de "prédateurs et mercenaires" qui sont bien pourvus en armes.

"C'est avec consternation que nous assistons à une recrudescence des pillages et des destructions de bâtiments administratifs à peine réhabilités, ainsi qu'à des vols de propriétés privées", déplorent les évêques. 

Ils poursuivent : "La misère du peuple centrafricain est indicible lorsque des populations, en perpétuel déplacement, sont contraintes de trouver refuge dans les forêts dans des conditions inhumaines et lorsque des enfants doivent encore terminer leur scolarité après une année mal gérée à cause de la pandémie du COVID-19.

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En se référant à l'Evangile de Luc, les membres de la CECA comparent la situation du pays à celle du paralytique qui, bien que vivant, était immobile et ne pouvait pas s'occuper de lui-même en raison de sa maladie. 

Les maux de la colère, de la manipulation, du mensonge, de la destruction, de la violence, entre autres, paralysent la RCA et l'empêchent de "promouvoir les grandes valeurs de fraternité, de justice et de paix", disent les évêques et exhortent le peuple de Dieu en RCA à entretenir de bonnes relations et à mettre leur foi en Jésus à l'exemple du paralytique qui avait besoin de l'aide des autres et de la personne de Jésus-Christ pour se remettre sur pied. 

"Aujourd'hui, nous avons besoin de rencontrer le Christ Rédempteur pour qu'il nous guérisse. L'amour de Dieu est la véritable force qui peut nous mettre sur pied et nous faire avancer", affirment les évêques dans leur message du 17 janvier.

Les paroles de pardon et de guérison que Jésus a adressées à l'homme paralytique apportent "la libération, la résurrection, la reconstruction humaine et une vie nouvelle", disent-ils. 

"Dieu ne tolère pas que les gens tiennent les autres captifs ; Dieu aide ceux qui sont paralysés par la maladie et le péché à retrouver leur liberté de mouvement, à se lever, à prendre soin d'eux-mêmes et à servir Dieu et les hommes", soulignent les membres de la CECA. 

Faisant référence à l'exhortation apostolique post-synodale du Pape Benoît XVI, Africae munus, les évêques affirment que l'Afrique "a besoin de rencontrer le Christ qui guérit, relève et restaure la vraie dignité de tous ceux qui sont meurtris" et a besoin d'un "soutien multiforme pour se relever".

Pour aller de l'avant, les dirigeants de l'Église catholique en RCA appellent les citoyens à s'inspirer de la devise du pays : "Unité - Dignité - Travail" et du principe de "Zo-kwe-zo" (chaque être humain est une personne) du père fondateur Barthélemy Boganda. 

"N'oublions pas que se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble assure le succès. Soyons unis pour toujours afin de sauver notre nation", ajoutent-ils.

Les évêques encouragent en outre les citoyens centrafricains à "faire usage du génie centrafricain par un travail honnête, organisé et courageux afin que les richesses de la nation profitent sans exception aux filles et aux fils de notre pays ainsi qu'au développement socio-économique de la nation tout entière".

Ils expriment l'espoir de voir les enquêtes de la Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation (CVJRR) du pays, donner les résultats nécessaires et conduire à la découverte de vérités sur les événements et les tragédies de l'histoire de la nation.

"La reconstruction est une tâche de longue haleine qui exige de la détermination, de la patience et la participation de toutes les filles et de tous les fils de notre pays", disent les évêques, qui ajoutent : "Levez-vous ! Changeons notre mentalité, nos esprits et nos cœurs pour aller de l'avant".

Ils ajoutent : "Nous sommes conscients que la lutte pour notre liberté et la sauvegarde de notre souveraineté se poursuit. En effet, la République centrafricaine a le droit souverain de choisir librement ses partenaires et de réviser, voire de résilier les accords conclus avec certains États lorsque sa souveraineté est menacée".

"C'est pourquoi nous appelons à une diplomatie forte, constructive et bénéfique pour occuper une place respectée dans le concert des nations et mettre fin à tous les réseaux parallèles et mafieux de certains prédateurs. C'est à la République centrafricaine de faire le bon choix, non pas pour enrichir ses dirigeants, mais pour se développer", rappellent les évêques.

Ils disent et implorent en outre : "En vérité, l'amour reste la loi suprême du chrétien. Que cet amour se traduise en nous par la recherche du bien d'autrui, la solidarité, la bienveillance, le pardon, l'abnégation pour le bien commun". 

"Que la Vierge Marie, Mère de Centrafrique, dirige nos pas et nous accompagne vers son Fils Jésus, Rédempteur et Prince de la Paix", implorent encore les membres de la CECA.