Le pape François a déclaré dans son discours aux dirigeants du gouvernement irakien qu'il est "nécessaire, mais pas suffisant, de combattre le fléau de la corruption, de l'abus de pouvoir et du mépris de la loi".
"Dans le même temps, il est nécessaire de construire la justice, d'accroître l'honnêteté, la transparence et de renforcer les institutions responsables de cela", a déclaré le pape.
"De cette façon, la stabilité au sein de la société s'accroît et une politique saine naît, capable d'offrir à tous, en particulier aux jeunes qui sont si nombreux dans ce pays, un espoir certain d'un avenir meilleur".
Environ 60% de la population irakienne a moins de 25 ans. Le taux de chômage des jeunes en Irak est estimé à 36%, selon un rapport publié par le Conseil atlantique en février.
La faiblesse des prix du pétrole, le gaspillage et la corruption au sein du gouvernement, ainsi que la mauvaise situation en matière de sécurité entravent encore davantage le potentiel de croissance économique du pays.
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Selon le Vatican, environ 150 personnes étaient présentes pour le discours du pape au palais présidentiel. Ce palais a été épargné lors du bombardement de Bagdad par les États-Unis en 2003 et est devenu par la suite le quartier général des forces de la coalition pendant l'occupation de l'Irak.
"Au cours des dernières décennies, l'Irak a subi les effets désastreux des guerres, le fléau du terrorisme et des conflits sectaires souvent fondés sur un fondamentalisme incapable d'accepter la coexistence pacifique de différents groupes ethniques et religieux, d'idées et de cultures différentes", a déclaré le pape François.
"Tout cela a entraîné dans son sillage la mort, la destruction et la ruine, et pas seulement sur le plan matériel : les dégâts sont tellement plus profonds si l'on pense au chagrin enduré par tant d'individus et de communautés, et aux blessures qui mettront des années à se cicatriser".
Le pape a souligné la "présence séculaire des chrétiens" en Irak et a déclaré que "leur participation à la vie publique, en tant que citoyens jouissant pleinement de leurs droits, libertés et responsabilités" témoignera d'un pluralisme sain et "contribuera à la prospérité et à l'harmonie de la nation".
Le pape François a également souligné les souffrances endurées par les Yazidis, qui, selon lui, sont "des victimes innocentes d'atrocités insensées et brutales, persécutées et tuées pour leur religion, et dont l'identité et la survie même sont menacées".
"Ce n'est que si nous apprenons à regarder au-delà de nos différences et à nous considérer comme les membres d'une même famille humaine, que nous pourrons entamer un processus efficace de reconstruction et laisser aux générations futures un monde meilleur, plus juste et plus humain", a-t-il déclaré.
"À cet égard, la diversité religieuse, culturelle et ethnique qui caractérise la société irakienne depuis des millénaires est une ressource précieuse sur laquelle on peut s'appuyer, et non un obstacle à éliminer".
"L'Irak d'aujourd'hui est appelé à montrer à tous, en particulier au Moyen-Orient, que la diversité, au lieu de donner lieu à des conflits, devrait conduire à une coopération harmonieuse dans la vie de la société".
Le pape a également exprimé sa gratitude envers toutes les organisations humanitaires qui ont travaillé pour apporter une aide aux réfugiés et aux personnes déplacées à l'intérieur du pays, et qui se sont efforcées de répondre aux besoins fondamentaux des pauvres.
"J'espère dans la prière que la communauté internationale ne retirera pas au peuple irakien la main tendue de l'amitié et de l'engagement constructif, mais qu'elle continuera à agir dans un esprit de responsabilité partagée avec les autorités locales, sans imposer d'intérêts politiques ou idéologiques", a déclaré le pape.