"Les djihadistes ont dit aux étudiants qu'ils devaient retourner au village pour revoir leur famille et demander de l'aide pour poursuivre leurs études", explique le père Armanino, qui exerce son ministère dans l'archidiocèse de Niamey, au Niger, dans le reportage du lundi 22 mars.
"Peut-être n'est-ce qu'une menace, une provocation, un mensonge visant à continuer à terroriser les paysans", dit encore le prêtre missionnaire d'origine italienne, et ajoute : "Ou bien il y a une part de vérité car le matériel explosif, également utilisé pour les mines d'or de la région, est largement disponible ainsi que des armes et autres explosifs qui circulent depuis longtemps dans cette portion de la frontière entre le Niger et le Burkina Faso."
Le père Armanino note que les menaces, qu'elles soient vraies ou non, ont sapé le tissu social de la région, qui n'est pas à plus de cent kilomètres de Niamey, la capitale du Niger.
Faisant référence au récit de l'ecclésiastique missionnaire, Agenzia Fides rapporte : " Une véritable guerre psychologique est menée contre les civils dans la zone de Bomoanga, à la frontière entre le Niger et le Burkina Faso, où, dans la nuit du 17 au 18 septembre 2018, le père Pier Luigi Maccalli, missionnaire italien de la Société des missions africaines (SMA), a été enlevé par des miliciens djihadistes. "
Le père Armanino affirme que depuis l'enlèvement du père Maccalli, la situation sécuritaire de Bomoanga n'a cessé de se détériorer, constituant un terrain favorable aux groupes terroristes armés qui retiennent des milliers de paysans en otage.
Les extrémistes appartenant au groupe de l'État islamique dans le Grand Sahara (ISGS) sont particulièrement notoires dans la région de Tillaberi, dans l'ouest du Niger.
Des attentats ont été signalés au Niger dans le cadre d'une série d'attaques menées par des militants contre des civils et des militaires dans la région de Tillabéri, qui ont fait 170 morts et au moins 78 blessés.
Lors de l'une des dernières attaques, le16 mars, des hommes armés circulant à moto ont attaqué un groupe de civils qui revenaient d'un marché aux bestiaux à Banibangou, près de la frontière troublée du Niger avec le Mali.
L'attaque du 16 mars fait écho à un massacre perpétré en janvier qui a fait une centaine de morts dans deux villages de la région de Tillaberi.
Dans l'interview accordée à l'Agenzia Fides, le père Armanino note que les relations de confiance entre les ethnies, les religions, les projets de croissance et de développement social au Niger ont été sapés par "ceux qui ont intérêt à créer un nouvel état de fait appelé dictature".