L'accord du 28 mars entre le gouvernement soudanais et le SPLM-N, un important groupe rebelle originaire des Monts Nouba, dans le sud du pays, devrait ouvrir la voie à un accord de paix définitif en garantissant la liberté de culte à tous les citoyens.
"Aucune religion ne sera imposée à quiconque et l'État n'adoptera aucune religion officielle", ont déclaré les deux responsables dans leur déclaration commune.
L'accord vise à établir "un État fédéral civil et démocratique au Soudan, dans lequel la liberté de religion, la liberté de croyance et les pratiques et cultes religieux seront garantis à tous les Soudanais en séparant les identités de culture, de religion, d'ethnie et de religion de l'État", indiquent les deux dirigeants dans la déclaration collective du 28 mars.
Dans l'entretien accordé le 31 mars à ACI Afrique, l'Ordinaire local du diocèse d'El Obeid au Soudan, qui est également président de la Conférence des évêques catholiques du Soudan (SCBC), qui comprend les évêques du Soudan du Sud, a déclaré que l'inscription de l'accord du 28 mars en faveur d'un État laïque dans la "constitution permanente" du Soudan donne aux citoyens la garantie "que le gouvernement les respectera dans leurs églises et leurs mosquées".
"Ce que les dirigeants doivent faire, c'est l'inclure dans la constitution permanente, en donnant à chacun le droit d'exprimer sa religion sans conditions préalables", a réitéré Mgr Trille, avant d'ajouter : "En pratique, cet accord doit aboutir à un dialogue complet afin que la liberté de religion ne se réfère pas seulement à l'islam mais à toutes les religions au Soudan."
L'évêque soudanais de 57 ans a en outre déclaré : "De nombreux jeunes au Soudan sont heureux que cette signature entre les dirigeants contribue à la construction de la paix et qu'aucun politicien soudanais n'utilise la religion comme un moyen de gouverner plutôt que comme un culte."
"Au Soudan, les politiciens percevaient le pays comme ayant une seule religion, l'islam ; les chrétiens n'avaient pas leur place et aucune autre religion n'était considérée comme existant en dehors de l'islam", a déclaré Mgr Trille.
Avec l'accord pour un Soudan laïc, a-t-il poursuivi, "les chrétiens et les musulmans pourront désormais développer leurs propres églises et mosquées sans entrave de la part du gouvernement."
L'évêque qui est à la tête de la SCBC depuis janvier 2020 a exprimé son optimisme quant à l'accord des deux dirigeants soudanais en disant : "Nous espérons que dans leur déclaration, ils vont respecter toutes les religions au Soudan et ne pas interférer, de sorte qu'ils considèrent la politique comme la politique et la religion comme la religion et prennent la nation comme pour tous les Soudanais."
"Cette liberté d'adorer Dieu de tout notre cœur et de tout notre esprit sera appréciée comme étant entre Dieu et l'homme au lieu d'être dictée par quelqu'un sur quand et comment prier", a déclaré Mgr Trille à ACI Afrique le 31 mars.