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RD Congo: Les leaders religieux appellent à l'impartialité dans la constitution de la Commission électorale

Le siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en RD Congo. Le siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en RD Congo.

Les leaders religieux de la République démocratique du Congo (RDC) ont, dans une déclaration collective, exhorté les membres du Parlement (MP) à faire preuve d'impartialité lors du débat sur les nouveaux membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) du pays.

Dans la déclaration collective du mercredi 21 avril, les leaders religieux, sous leur coupole du Forum des confessions religieuses, disent "suivre avec grand intérêt les échanges entamés au niveau de l'Assemblée nationale sur la proposition de loi de l'honorable Christophe Lutundula relative à la CENI."

Mardi 20 avril, les députés ont commencé l'examen du projet de loi sur les réformes électorales, qui vise non seulement à modifier la loi sur le fonctionnement de la CENI, mais aussi à réformer le système électoral de la RDC. L'honorable Christophe Lutundula avait déposé ce projet de loi en août 2019.

"C'est l'occasion pour nous de rappeler que l'objectif des réformes urgentes en la matière est de renforcer les mécanismes juridiques susceptibles de garantir l'indépendance, la neutralité et l'impartialité de la CENI afin de rassurer tous les acteurs électoraux sur la crédibilité des élections de 2023", indiquent les dirigeants.

Les chefs religieux de la RDC mettent en garde contre l'influence due aux affiliations politiques en affirmant que le défi majeur reste la "nécessité de minimiser l'influence politique sur l'organe électoral".

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La nécessité de l'impartialité, ajoutent les membres du forum religieux de la RDC, "a été mentionnée dans les rapports de presque tous les principaux acteurs consultés pour aborder la question des réformes électorales". ” 

Ils ajoutent, en référence à une prétendue influence politique, que "cela a été bien perçu par le Chef de l'Etat, le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui, dans l'esprit du consensus de Sun City, a fermement promis d'œuvrer pour une CENI gérée par la société civile."

Les chefs religieux de la RDC se sont montrés enthousiastes à l'égard du processus de constitution de la CENI, exprimant des inquiétudes quant à la nomination de certains membres. 

L'année dernière, les dirigeants ont demandé au président Tshisekedi de ne pas accepter l'"approbation" par l'Assemblée nationale de RonsardMalonda à la tête de la CENI, qualifiant la décision des députés de "controversée".

Depuis lors, les chefs religieux du pays restent divisés sur le choix du président de la commission électorale, une prérogative qui leur est accordée par la constitution du pays.

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Dans leur déclaration du 21 avril, les membres du Forum des confessions religieuses de la RDC que préside le cardinal Fridolin Ambongo exposent les points à prendre en considération pour "atteindre les objectifs assignés, pour la désignation des membres de la CENI".

"Nous encourageons l'option de la liberté des principaux acteurs de choisir leurs représentants au sein de la CENI", indiquent les chefs religieux, et ajoutent : "En cas d'absence de consensus entre les principaux acteurs, nous proposons que le bureau de l'Assemblée désigne trois personnalités indépendantes compétentes et de bons offices dans un délai limité, car l'Assemblée nationale ne peut à la fois désigner et avaliser."

Concernant l'organisation de la CENI, les membres du forum religieux demandent "la mise en place d'un comité avec une représentation égale des trois principales parties prenantes (partis politiques, société civile et leaders religieux), pour assurer le suivi et le contrôle de la CENI à travers une évaluation technique périodique".

Compte tenu du rôle crucial joué par le Secrétariat exécutif national de la CENI, les religieux proposent que le Secrétariat "soit régi par la Loi plutôt que de le laisser sous la dépendance totale du Président de la CENI".

"Nous attendons un changement majeur dans la composition du bureau de la CENI où idéalement tous les membres devraient être issus de la société civile. Le minimum serait un conseil avec une distribution paritaire. Un conseil contrôlé par une famille politique devrait être évité à tout prix", recommandent encore les leaders.

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Ils exhortent les dirigeants des partis politiques à "désigner leurs représentants parmi des personnalités indépendantes qui n'ont pas participé aux activités des partis politiques au cours des cinq dernières années".

Les leaders religieux recommandent en outre que le financement des élections "reste la prérogative du gouvernement ; les autres sources, aussi nécessaires soient-elles, restent secondaires."

Les réformes proposées, selon le chef religieux, sont un "facteur majeur pour le bon déroulement des élections en 2023."

"C'est pourquoi nous appelons les députés à avoir le sens des responsabilités. Qu'ils évitent à ce stade de chercher à défier la population au nom de la majorité numérique à l'assemblée nationale", disent les leaders religieux dans leur déclaration du 21 avril.

Ils encouragent les députés de la RDC à "prendre ce dossier au sérieux, en tenant compte des attentes de la population exprimées à plusieurs reprises par diverses organisations de la société civile, et à conclure dans les meilleurs délais afin de permettre aux composantes de finaliser le processus de désignation des membres du bureau de la CENI."

"Que la Sagesse divine habite en chacun d'eux pour l'avènement d'un nouveau Congo", implorent les dirigeants dans leur déclaration collective.

L'année dernière, les évêques catholiques de la RDC ont exhorté les députés et sénateurs à donner la priorité aux intérêts du peuple congolais lors de leurs délibérations dans la capitale du pays, Kinshasa.

"La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) rappelle aux Honorables parlementaires et sénateurs de la République démocratique du Congo leur devoir de voter des lois qui privilégient l'intérêt du peuple congolais", indiquent les évêques dans leur déclaration publiée en septembre 2020.

En février, des membres de la CENCO ont appelé à des réformes électorales en RDC, déclarant qu'elles "devraient figurer parmi les priorités du nouveau gouvernement".

Dans leur déclaration publiée après la réunion du 22 au 25 février du Comité permanent de la CENCO, les évêques ont en outre appelé le gouvernement congolais à faire "tout son possible pour gagner le défi d'organiser des élections crédibles, transparentes et pacifiques en 2023 et pas plus tard".

Ils ont également exhorté la Communauté internationale à aider les institutions du pays à "opérer des réformes en faveur de la population congolaise afin de préparer adéquatement les élections de 2023."

Le mois dernier, les évêques catholiques ont dévoilé la feuille de route pour les élections générales prévues en 2023.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.