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Afrique du Sud: Un projet du diocèse d'Aliwal en faveur des enfants apatrides porte ses fruits

Le voyage du diocèse d'Aliwal en Afrique du Sud avec les enfants immigrés du Royaume du Lesotho voisin a été un voyage de sang, de sueur et de larmes.

Mgr Joseph Kizito, évêque d'Aliwal, explique à ACI Afrique qu'il a fallu tout faire, y compris aller en justice, pour que certains des 77 enfants qui avaient traversé le Royaume soient légalement acceptés en Afrique du Sud.

Mgr Kizito explique que les enfants, y compris ceux qui ont des pères sud-africains, ont toujours été exclus des services et que ceux qui ont essayé d'intégrer des écoles se sont vu refuser l'entrée.

"Ces enfants ont été expulsés des écoles locales et on leur a demandé de fournir à l'école des certificats de naissance. Malheureusement, ils ne les avaient pas", a déclaré la semaine dernière à ACI Afrique l'Ordinaire du diocèse catholique d'Aliwal.

Dans l'interview du 2 juillet, il a déclaré que les enfants n'ont pas été en mesure de bénéficier des privilèges des citoyens, tels que les allocations familiales, car ils n'ont pas de carte d'identité nationale ou d'acte de naissance.

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L'évêque d'origine ougandaise a déclaré qu'en 2015, avec Caritas Aliwal, il s'est lancé dans l'aventure pour aider les 77 enfants apatrides, réfugiés et migrants à pouvoir appartenir à l'Afrique du Sud.

Au fil des ans, dit l'évêque, l'Église a été confrontée à d'innombrables incidents d'intimidation, l'un d'entre eux ayant entraîné la fermeture d'un établissement qui avait été mis en place pour fournir des services aux enfants vulnérables.

Racontant le début de son voyage avec les enfants apatrides, Mgr Kizito, dont l'ordination épiscopale a eu lieu en février 2020, raconte à ACI Afrique : "J'ai commencé à tendre la main aux enfants qui venaient à Sterkspruit et à Aliwal North bien avant de devenir évêque. Je me suis rendu compte que les enfants traversaient la frontière poreuse à la recherche de nourriture. Le Royaume du Lesotho est relativement paisible et, de toute évidence, les enfants ne fuyaient pas la violence. Ils fuyaient simplement la pauvreté".

Il a ajouté : "J'étais encore prêtre lorsque j'ai rejoint d'autres personnes de l'Église pour faire campagne en faveur de la reconnaissance de ces enfants. Le voyage n'a pas été facile et il nous a fallu quatre ans pour faire accepter dans le pays certains des enfants qui avaient des pères sud-africains. Nous sommes même allés au tribunal armés de très bons avocats pour défendre les droits de ces enfants."

Un rapport que l'évêque d'origine ougandaise a partagé avec ACI Afrique le mercredi 7 juillet indique que sur les 77 enfants pour lesquels le diocèse de Caritas Aliwal North a plaidé, 22 ont déjà obtenu la nationalité sud-africaine.

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"Il est regrettable que cette question ait dû être traitée par la Cour de justice pour que le ministère de l'Education et de l'Intérieur agisse en faveur de l'inscription des 77 enfants à une éducation normale après cinq ans sans éducation formelle", déclare Mgr Kizito dans le rapport du 7 juillet.

Il ajoute : "C'est avec une grande joie que le bureau Caritas du diocèse d'Aliwal peut annoncer qu'environ 22 des 77 enfants ont pu obtenir leurs certificats de naissance et leurs documents d'identité. La plupart des enfants ont un père sud-africain et une mère du Lesotho".

L'évêque explique qu'en raison du statut illégal de la mère, les enfants et les mères devaient subir un test de paternité, une activité que Caritas Aliwal a facilitée avec le soutien des Affaires intérieures du pays, Aliwal Legal Aid.

Mgr Kizito affirme que le bureau de Caritas a également aidé et motivé 7 familles qui sont 100% Basotho à retourner dans leur royaume du Lesotho.

"Alors que nous arrivons à la fin de ce projet de droits de l'homme visant à donner une place à ces enfants, nous avons encore 31 enfants dont les parents ne veulent pas retourner au Lesotho, leur pays d'origine", explique l'évêque à ACI Afrique.

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Actuellement, ajoute-t-il, "17 enfants ont encore besoin de l'aide de la police ou du département du développement social pour les aider."

Le bureau de Caritas, affirme l'évêque, est devenu "la voix des sans-voix" et a offert au fil des ans des conseils, une aide et un soutien aux enfants vulnérables.

"Notre bureau a fait la lumière sur cette crise douloureuse qui est une réalité dans nos communautés", déclare Mgr Kizito, et ajoute : "Nous avons pu offrir et servir ces enfants avec respect et leur donner la dignité humaine qui leur est due."

L'évêque note que la dignité humaine est l'une des valeurs humaines les plus importantes, ajoutant : "Nous avons tous besoin de vivre en tant qu'êtres humains avec de la valeur. C'est ce que notre bureau a fait en accueillant les enfants vulnérables dans nos bureaux avec amour et sans aucune forme de jugement."

"Nous leur offrons nos services avec dignité. Ces enfants et leurs parents sont acceptés comme des amis dans notre bureau et c'est ce que nous encourageons les autres communautés à faire également. Nous les comprenons, ainsi que leur situation et leurs besoins. Ils ne sont pas considérés comme des concurrents pour les quelques ressources dont nous disposons. Nous leur faisons sentir qu'elles font partie de la grande famille d'Aliwal North. Nous leur inculquons le sentiment d'appartenance", déclare l'évêque.

 

L'Ordinaire d'Aliwal admet qu'il n'a pas été facile pour les acteurs impliqués dans la situation des enfants d'obtenir les pièces justificatives nécessaires pour donner aux enfants un sentiment d'appartenance.

Il affirme que pour que le projet soit durable, les Sud-Africains doivent être mieux sensibilisés à la situation des apatrides et des migrants.

Le chef de l'Eglise catholique ajoute que Caritas Aliwal et d'autres organisations qui se sont fortement mobilisées pour défendre les besoins des apatrides ont également besoin de plus de ressources pour leur travail.

Dans l'un des récents programmes de sensibilisation, Caritas Aliwal, en compagnie de l'Ordinaire local du diocèse sud-africain, a distribué des colis alimentaires aux enfants apatrides.

"Le bureau de Caritas s'est engagé à faire en sorte que ces enfants, depuis cinq ans, puissent recevoir des colis alimentaires et des uniformes scolaires, afin de renforcer leur estime de soi. Tous les dons de différentes personnes ont été bien accueillis et ils ont apporté un énorme changement et un impact positif sur ces enfants", déclare Mgr Kizito.

Il ajoute qu'en raison du manque de nourriture, les anciens enfants apatrides manquent toujours l'école.

Malgré tous ces progrès, le bureau Caritas du diocèse sud-africain est confronté à une myriade de défis, dont le principal est le manque de collaboration avec les différents départements qui travaillent ensemble pour les groupes vulnérables.

En outre, Mgr Kizito affirme qu'un certain nombre de familles étrangères en situation irrégulière préfèrent rester en Afrique du Sud plutôt que de retourner dans leur pays.

Selon lui, la facilité de circulation depuis le Royaume du Lesotho fait que les immigrants inondent les villes frontalières de l'Afrique du Sud, mettant ainsi à mal ses ressources.

"Nous savons tous que ces immigrants illégaux se trouvent principalement dans les villes qui entourent le Royaume du Lesotho. Les personnes originaires du Lesotho peuvent facilement passer de l'autre côté de la frontière du Royaume en Afrique du Sud", dit-il, et il ajoute : "Il y a un impact négatif sur nos petites ressources, comme les secteurs de la santé et de l'éducation."

La situation, selon le natif de l'Ouganda, a suscité le ressentiment des Sud-Africains qui, selon lui, souffrent également en raison de ressources limitées.

Les immigrés clandestins ont également augmenté le nombre de chômeurs à Sterkspruit et à Aliwal, dit l'évêque Kizito, et il ajoute : "Il y a des gens qui ont simplement détourné les yeux de ces personnes et qui ont regardé de l'autre côté, comme le prêtre qui allait sur le chemin de Jérusalem à Jéricho et qui n'a pas pris soin de l'homme qui a été victime d'un voleur".

En outre, les personnes soutenues par le bureau sud-africain de Caritas sont constamment en mouvement, se déplaçant d'une ville à l'autre, changeant de lieu et sont parfois injoignables sur leur téléphone. De cette façon, dit Mgr Kizito, on doit continuer à les suivre de temps en temps.

Il y a beaucoup d'ignorance sur les droits de l'homme et la dignité des enfants apatrides, dit Mgr Kizito, et explique que les enfants qui sont souvent abusés et exploités sont parfois obligés de payer des pots-de-vin aux postes frontières pour être autorisés à entrer en Afrique du Sud.

Commentant la question de l'implication des enfants dans les pots-de-vin et les postes frontières, Mgr Kizito déclare : "Notre objectif dans ce projet a toujours été de faire en sorte que ces enfants soient intégrés dans notre communauté de manière légale, sans raccourcis."

Dans le cadre du processus d'intégration, le bureau Caritas du diocèse d'Aliwal veille à ce que tous les réfugiés et les migrants soient enregistrés.

Mgr Kizito dit que sa joie est de donner aux anciens enfants apatrides un sentiment d'appartenance.

"Ces enfants peuvent désormais aller à l'école et, surtout, avoir un sentiment d'appartenance. Ils font partie de nous et nous remercions tous les acteurs qui ont rendu possible l'appartenance de certains de ces enfants", déclare l'évêque.

Il ajoute : "Nous avons tous besoin d'une vie meilleure. Nous avons tous besoin d'une place. Personne n'a besoin de grandir sans papiers ou de grandir dans un monde souterrain. Nous ne devrions pas séparer les gens les uns des autres."