"Nous avons devant nous un gouvernement totalement inconscient des valeurs chères au caractère sacré de la vie", dit-il encore, et il poursuit : "Les récits et les promesses concernant les sauvetages prévus se sont depuis transformés en simples chuchotements."
L'Ordinaire de Sokoto note en outre que le silence du gouvernement ne faisait qu'alimenter "la bête immonde de la complicité avec les actes des personnes malveillantes qui ont suspendu l'avenir de générations entières d'enfants nigérians."
"Chaque jour, nous entendons parler de l'échec des services de renseignement, et pourtant, les experts qui fournissent des renseignements affirment qu'ils ont toujours fait leur devoir avec diligence et efficacité", déclare Mgr Kukah dans son message de Noël, et pose la question suivante : "Le président de la République fédérale du Nigeria ne croit-il pas qu'il doit aux parents et aux citoyens des réponses sur l'endroit où se trouvent nos enfants et sur la date de leur retour à la maison ?"
Il demande en outre : "Le président du Nigeria ne nous doit-il pas une explication et des réponses quant à la date à laquelle les enlèvements, les séquestrations, la brutalité, les massacres insensés et sans fin de nos citoyens prendront fin ? Quand nos réfugiés du Cameroun, du Tchad ou du Niger rentreront-ils chez eux ?"
"Nous avons besoin de réponses urgentes à ces questions", déclare l'évêque catholique nigérian qui a été nommé membre du Dicastère du Vatican pour la promotion du développement humain intégral en janvier.
Il exhorte la présidence et les personnes à la tête des États "à élaborer une stratégie plus honnête, plus ouverte et plus solide pour mettre fin à l'humiliation de notre peuple et rétablir l'ordre social au sein de notre population. Nous avons supporté suffisamment d'humiliations en tant que communautés et en tant que pays".
L'an dernier, à la même époque, l'évêque catholique qui s'est élevé contre la mauvaise gouvernance au Nigeria se souvient d'avoir tiré la sonnette d'alarme sur l'état périlleux de la situation dans le nord du pays, une prise de position qui a donné lieu à "toutes sortes d'accusations... en particulier de la part des frères du nord".
Le message de Noël 2020 de l'évêque du diocèse nigérian de Sokoto a suscité des controverses dans le pays d'Afrique de l'Ouest, certains accusant l'évêque de "crimes très graves comme la trahison et l'incitation au coup d'État".
Il rappelle également que lorsque les évêques catholiques ont protesté ouvertement contre les meurtres en mars 2020, ils ont été accusés "d'agir contre le gouvernement, des motifs religieux étant imputés à leurs nobles intentions."
"Aujourd'hui, nous sommes pleinement sous l'emprise du mal. Aujourd'hui, un sentiment de vengeance ne fait que m'attrister alors que j'ai vu le Nord se déchaîner dans une cacophonie de querelles et d'accusations sur notre situation tragique", déplore Mgr Kukah.