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La réconciliation est une priorité absolue pour des élections pacifiques en Côte d'Ivoire, selon les évêques

Conférence des Evêques Catholiques de Cote d'Ivoire Conférence des Evêques Catholiques de Cote d'Ivoire

Alors que les électeurs de la Côte d'Ivoire, pays d'Afrique de l'Ouest, se préparent à se rendre aux urnes en octobre, les évêques catholiques du pays ont, à la fin de leur assemblée plénière, mis en évidence quatre questions qui doivent être abordées pour éviter une éventuelle crise post-électorale, en tête de liste, la réconciliation. Parmi les autres questions figurent le dialogue, l'indépendance de la commission électorale et le respect de la constitution du pays.

"La première condition qui doit être observée dans la préparation de ces élections doit être la réconciliation", peut-on lire en partie dans un message de la Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire (CECCI) publié dans l'archidiocèse de Korhogo, lieu de l'assemblée plénière des évêques le dimanche 19 janvier.

Dans leur déclaration collective, les évêques ont expliqué que "la réconciliation présuppose, voire exige, le retour des exilés avec des garanties de sécurité et de réinsertion, la libération de tous les prisonniers politiques et de conscience, sans exception, et le dégel des avoirs".

Bien que les prélats applaudissent les efforts des dirigeants de leur nation pour encourager les citoyens à se réconcilier, ils appellent les dirigeants à s'efforcer de parvenir à une réconciliation collective.

"Tous les dirigeants politiques doivent s'inscrire dans cette dynamique, sans recourir à la violence comme solution aux problèmes", ont souligné les prélats ivoiriens dans leur déclaration.

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La montée des tensions ces dernières semaines entre le président Alassane Ouattara et ses rivaux politiques a suscité l'inquiétude quant à d'éventuelles violences liées aux élections dans la plus grande économie francophone d'Afrique de l'Ouest, où le scrutin contesté de 2010 a déclenché une guerre civile qui a fait 3.0000 morts, une situation que les évêques ont rappelée lors de leur réunion du 14 au 19 janvier.

"Au lendemain de la crise post-électorale de 2010, les autorités de l'État ont fait de la réconciliation une priorité et se sont engagées à reconstruire le tissu social déchiré", ont rappelé les évêques.

Ils ont ajouté, en référence aux efforts de réconciliation suite aux élections contestées de 2010, "Cette entreprise majeure a suscité un immense espoir avec la mise en place successive de deux institutions : La Commission pour le dialogue, la vérité et la réconciliation (CDVR) et la Commission nationale pour la réconciliation et l'indemnisation des victimes (CONARIV)".

"Malheureusement, les résultats de leur travail n'ont pas été mis en œuvre", se sont plaints les évêques, ajoutant : "Il n'est pas surprenant que le ressentiment ait refait surface, entre autres, à travers des mutineries, des conflits intercommunautaires qui ont entraîné la perte de vies humaines".

Selon les prélats ivoiriens, "ces conflits ont montré que les cœurs ne sont pas encore apaisés et que tout peut exploser à tout moment, surtout avec les armes utilisées lors de ces affrontements, qui révèlent que le processus de désarmement tant attendu à la fin de la crise post-électorale n'est pas terminé".

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"A cette fracture sociale s'est ajoutée celle des partis politiques divisés en plusieurs entités", ont constaté les prélats qui ont ajouté : "Les alliés d'hier sont devenus des opposants et même des ennemis aujourd'hui".

Dans leur nation, les évêques ont déploré que "les relations soient teintées de ressentiment, de vengeance ou de vengeance, où les gens cherchent maintenant à se mesurer ou à s'écraser les uns les autres". Un climat de peur et de terreur s'installe progressivement dans notre pays, et nous avons un sentiment généralisé de la menace et du déploiement de la force".

Face à l'atmosphère sociopolitique apparemment tendue, les prélats ivoiriens ont proposé le dialogue obtenu par "consultation et consensus" comme deuxième condition avant le scrutin d'octobre "afin de prendre en compte les demandes et aspirations légitimes de tous les acteurs sociopolitiques et les opinions éclairées de la communauté internationale".

"Si le dialogue entre la société civile est mené de manière transparente et dans le respect des différences, le pays gagnera une énergie renouvelée et une fraternité constructive", ont expliqué les évêques.

Selon les dirigeants de l'Eglise, le dialogue est nécessaire pour aborder les questions relatives à "la circonscription électorale, la question des documents d'identité, la liste électorale, le code électoral", entre autres.

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En outre, les Ordinaires locaux ivoiriens ont exigé que "l'indépendance totale des personnes et des institutions, en particulier de la Commission électorale indépendante (CEI)" soit garantie.

"Comme toute compétition, les élections ont besoin d'un arbitre. Le bon déroulement de la compétition dépend de la position de l'arbitre", ont déclaré les évêques dans leur déclaration collective et ont expliqué : "Si l'arbitre est à la fois joueur et arbitre, la fin de la compétition est déjà connue. En revanche, si l'arbitre n'est qu'un arbitre, avec une indépendance qui ne souffre d'aucun doute, la compétition se termine paisiblement".

"C'est pourquoi le rôle d'arbitre de la CEI exige une indépendance totale", ont-ils souligné.

Enfin, les évêques ont déclaré : "La quatrième condition, qui est une conséquence logique de l'indépendance de la CEI, est celle d'une élection présidentielle ouverte qui garantit l'égalité des chances à tous les candidats qui souhaitent se présenter. La lutte contre l'exclusion aurait ici un sens".

Selon les évêques, le respect de l'État de droit est important "afin que personne n'ait l'intention ou la volonté de manipuler les personnes, les textes ou les institutions qui seront impliqués dans le processus électoral".

"Nous implorons la miséricorde divine sur notre pays et tous ses habitants, par l'intercession de Notre-Dame de la Paix, afin que nos efforts de conversion soient soutenus, que nos désirs de vérité, de justice, de réconciliation et de paix soient renforcés et que notre nation puisse poursuivre son chemin dans la sérénité et la paix", ont conclu les évêques.

Magdalene Kahiu