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Le nouveau nonce apostolique au Mali affirme que le pays ne pourra atteindre la paix véritable "que par le dialogue"

Mgr Mambé Jean-Sylvain Emien, le nouveau Nonce apostolique auprès de la nation ouest-africaine du Mali. Crédit : Vatican Media Mgr Mambé Jean-Sylvain Emien, le nouveau Nonce apostolique auprès de la nation ouest-africaine du Mali. Crédit : Vatican Media

Le Mali, nation d'Afrique de l'Ouest, ne peut "atteindre une paix véritable" et le développement que si les dirigeants et les citoyens adoptent le dialogue, a déclaré le nouveau Nonce apostolique dans le pays.

"Ce n'est que par le dialogue que le Mali peut atteindre une paix et un développement véritables", a déclaré Mgr Mambé Jean-Sylvain Emien, dans une interview accordée à Vatican News le jeudi 10 février.

Le natif de la Côte d'Ivoire, qui a été nommé pour représenter le Saint-Père au Mali le 2 février, ajoute : "Le Vatican a toujours prôné le dialogue pour la résolution de toutes les crises. Et moi, en tant que représentant du pape auprès de ces populations, je partagerai avec elles les propositions du Saint-Père qui pourraient contribuer à la recherche de la paix au Mali."

Le Mali, un pays de 19,66 millions d'habitants, aurait connu depuis 2012 une recrudescence des violences impliquant à la fois des civils et des militaires. Depuis lors, les enlèvements sont devenus plus persistants dans la nation ouest-africaine, les militants cherchant soit à obtenir des rançons, soit à exercer une pression politique.

Les attaques orchestrées par des milices indépendantes et des djihadistes liés à Al-Qaïda et à l'État islamique, ainsi que les violences intercommunautaires, ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés parmi les Maliens.

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La violence s'est étendue aux pays voisins, le Burkina Faso et le Niger.

La nation ouest-africaine est actuellement dirigée par le colonel Assimi Goita, qui a mené deux coups d'État en l'espace de neuf mois, en évinçant d'abord le président élu du pays en août 2020, puis, le 24 mai 2021, les dirigeants intérimaires qui devaient diriger le gouvernement de transition du pays.

À la suite du coup d'État du 24 mai, la Cour constitutionnelle du Mali a nommé le colonel Goita président de transition, jusqu'à ce que le pays d'Afrique de l'Ouest organise des élections pour remplacer le président élu, Ibrahim Boubacar Keita, qui a été évincé en août 2020.

Cette décision a suscité critiques et condamnation, les dirigeants de l'Église catholique du pays qualifiant les événements du 24 mai de "prise de pouvoir en dehors du processus légal".

Dans leur déclaration collective datée du 25 mai 2021, les membres de la Conférence épiscopale du Mali (CEM) ont déclaré suivre "avec beaucoup d'inquiétude et de tristesse les événements qui se sont déroulés dans le pays suite à la mise en place d'un nouveau gouvernement le 24 mai 2021, après la démission du président et du Premier ministre intérimaires."

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"Les évêques du Mali, conscients de la nécessité d'un exécutif fort et d'une armée réconciliée et renforcée condamnent fermement la prise de pouvoir en dehors du processus légal", ont indiqué les évêques catholiques du Mali dans leur message partagé avec ACI Afrique.

Le 9 janvier, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a annoncé qu'elle fermerait ses frontières avec le Mali et imposerait des sanctions économiques à la suite de la tentative du gouvernement de prolonger de cinq ans la période de transition, malgré son engagement à organiser des élections en février de cette année, rapporte BBC News.

Au milieu des sanctions de la CEDEAO, les évêques catholiques du Mali ont lancé un appel au dialogue pour trouver des solutions acceptables pour tous les citoyens de la nation ouest-africaine.

"Le Mali vit un moment critique de son existence, mais avec la foi en Dieu et la confiance dans les hommes et les femmes maliens, ainsi que dans les personnes et les institutions qui nous aident, nous réaffirmons notre foi dans la vertu du dialogue entre frères", ont déclaré les membres de la CEM dans leur déclaration partagée avec ACI Afrique le 27 janvier.

Dans l'interview de Mgr Emien par Vatican News, rapportée le 10 février, le Nonce Apostolique au Mali exhorte les Maliens à s'unir et à poursuivre le dialogue.

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Il invite la communauté internationale "à prendre en compte les aspirations profondes du peuple malien car nous ne pouvons pas aider le Mali sans les Maliens".

Le nouveau représentant du Saint-Père au Mali exprime sa reconnaissance aux dirigeants du Vatican en disant : "Je remercie Dieu pour la confiance que le Pape et mes supérieurs ont placée en moi pour ce service."

"Ma nomination en tant que nonce apostolique au Mali est un signe de l'attention et de la proximité du pape François envers les évêques, les chrétiens et tout le peuple malien qui, depuis des années, subit des attaques terroristes", ajoute Mgr Emien.

Le Pape François, dit-il, "veut être proche des Maliens et les soutenir dans leur martyre, car le Mali est un peuple blessé par toutes ces attaques terroristes."

La présence d'un nonce apostolique au Mali, estime le diplomate ivoirien, "est un atout pour renforcer le dialogue interreligieux dans un pays qui est à 94% musulman."

"Cela n'empêche pas une bonne cohabitation entre musulmans, chrétiens et animistes", précise Mgr Emien dans l'entretien accordé à Vatican News.

Il explique en référence à la situation sociale du Mali : "Dans la même famille, il y a des musulmans, des catholiques et des animistes. Tous vivent ensemble en parfaite harmonie. Le fondamentalisme religieux est le fait d'une minorité. Il y a même des imams qui ont un de leurs enfants comme prêtre. Le dialogue interreligieux est quotidien dans les familles maliennes."

"J'ai confiance en un Mali réconcilié, un Mali de paix où tous se retrouveront comme des frères et sœurs et main dans la main, ils avanceront vers de grands progrès", déclare Mgr Emien, et poursuit : "L'Église du Mali a un rôle très important à jouer dans ce sens, comme modèle d'unité et de fraternité."