"Combien est trop et combien est trop petit ? Des gouvernements successifs et insensibles ont créé les conditions dans lesquelles les Nigérians suffoquent aujourd'hui", déplore le chef de l'Église catholique.
La plupart des Nigérians choisissent de quitter le pays non pas parce qu'il est plus sûr, mais parce que les dirigeants de leur pays natal ont créé une situation incertaine pour la population, dit-il.
L'évêque nigérian, qui a été nommé membre du Dicastère du Vatican pour la promotion du développement humain intégral en janvier 2021, note que le manque de leadership est responsable de la désunion qui règne dans ce pays d'Afrique de l'Ouest et que la plupart des Nigérians cherchent de nouvelles identités en raison de leur "frustration".
"Ce à quoi nous assistons par le biais d'une poussée de formes de conscience ethnique, religieuse, culturelle, de classe, sociale, est la manifestation du symptôme de cette frustration", dit Mgr Kukah, et poursuit : "C'est dans ce contexte que nous devons situer les cris stridents de marginalisation, d'oppression, d'injustice, et ainsi de suite."
Dans son message du 23 février, l'évêque de 69 ans affirme que les attaques lancées contre lui par ses "ennemis" sont dues à sa position sur les questions d'État.
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"J'ai souvent été accusé par mes ennemis d'être politique", dit-il, et il ajoute en référence à ceux qui l'ont accusé : "Ils disent que je suis un politicien en soutane. En fait, j'aime bien quand ils disent cela parce qu'au moins, cela signifie que je n'ai jamais pris la partie facile de prétendre être neutre."
L'évêque Kukah affirme en outre que la rébellion des citoyens envers l'État montre que le peuple a été déçu par le gouvernement.
"La montée de la rébellion contre l'État est le résultat de l'abandon des citoyens par ses dirigeants", dit-il.
Parlant des dangers de l'échec des institutions publiques, l'évêque catholique dit que de telles situations brisent toujours la règle d'engagement, qu'il appelle "bandit mantra", ou "chacun pour soi et Dieu pour nous tous".
Mgr Kukah affirme que les institutions publiques se dégradent et commencent à perdre leur objectif dès lors que les biens publics ne sont pas distribués de manière égale.
"Lorsque les biens publics ne sont pas partagés de manière égale, certains groupes commencent à développer un sens biaisé du droit tandis que d'autres se tortillent ou se révoltent contre le système, l'institution, la communauté ou même la nation", dit-il.
Il ajoute en référence au partage inéquitable des biens publics : "Cela facilite le déclin des institutions publiques qui deviennent un repaire de voleurs où la gouvernance devient un acte de pure entreprise criminelle, les ressources publiques allant à un cercle restreint basé sur les liens familiaux, les identités religieuses ou de classe."
Réfléchissant sur les prochaines élections générales, Mgr Kukah a mis au défi les Nigérians de présenter un leader politique dans le pays qui non seulement mérite le respect du peuple mais qui commande aussi l'obéissance du peuple.
Il ajoute : "Toute personne aspirant à gouverner le Nigeria doit présenter des preuves qu'elle comprend ce que c'est que de souder des gens disparates, qu'elle a l'imagination nécessaire pour gérer la diversité."
"Nous ne voulons aucune revendication d'intégrité fabriquée, aucune prétention morale sur la lutte contre la corruption ou la promesse d'infrastructures", déclare l'évêque catholique nigérian.
Pour aller de l'avant, Mgr Kukah propose plusieurs mesures qui peuvent être adoptées par les personnes au pouvoir et tout le peuple de Dieu au Nigéria dans un effort pour contrer les défis auxquels le pays est confronté.
Selon Mgr Kukah, le Nigeria a besoin d'une approche intelligente qui implique "une nouvelle pensée, de nouvelles stratégies pour renverser ces institutions qui ne nous servent plus."
Réfléchissant aux prochaines élections, il propose un examen sérieux des candidats à la présidence qui ont le devoir d'expliquer leurs plans sur la manière dont ils comptent sauver le pays de ses problèmes actuels.
"Au cœur de nos élections de l'année prochaine doit se trouver la question de savoir si nous restons un pays ou si nous faisons face à notre pire cauchemar d'éclatement de la nation. Les craintes sont réelles et il serait dommage de prétendre que ce n'est pas une possibilité", dit-il.
Faisant référence aux prochains scrutins, Mgr Kukah déclare : "Nos prochains candidats à la présidence doivent nous dire quelle est leur position dans les domaines de la restructuration de ce pays ou, si le mot semble irritant, nous dire comment nous allons abattre ces murs de tromperie qui ont fracturé notre pays tout entier."
Il exhorte le peuple de Dieu dans le pays le plus peuplé d'Afrique à ne pas se laisser influencer par les noms de ceux qui se disputent les sièges politiques, mais plutôt à regarder une image plus large d'avoir un pays libre et sûr.
"Il y a peut-être un meilleur nom pour eux, mais pour ce qui nous importe, nous voulons un pays où nous sommes vraiment et réellement libres, où nous nous sentons en sécurité et où la gouvernance n'est pas un fief étendu pour quelques personnes sélectionnées qui continuent à abuser du pouvoir", a déclaré Mgr Kukah dans son message du 23 février.