Il poursuit : "L’accent est plutôt mis sur l’individu, le groupe, le clan, l’ethnie, le lobby, ce qui sacrifie la majorité de la population, la poussant ainsi de manière inexorable vers sa paupérisation et la misère."
Selon l'archevêque Kleda, "la mal-gouvernance trouble ainsi la vie politique et freine la croissance sociale, économique et même religieuse de notre pays. Elle détruit les acquis, compromet les aspirations légitimes des citoyens, et met en péril la confiance entre le peuple et les gouvernants."
Face à la menace dangereuse que représentent "la mal gouvernance et la corruption pour notre pays", l'archevêque camerounais s'interroge : "Sommes-nous en droit de rester muets ? Notre conscience citoyenne et chrétienne ne nous placera-t-elle pas au tribunal de l’histoire pour avoir été des complices, des partisans directs ou indirects, passifs ou actifs d’une manœuvre qui a contribué à détruire le Cameroun et à hypothéquer l’avenir des millions de personnes, surtout les jeunes, de cette Afrique en miniature?"
"Dans l’aujourd’hui de notre histoire, pouvons-nous nous tenir devant le Créateur et affirmer que nous gérons bien ce pays si riche de tant de ressources qu’Il nous a confié et que nous avons hérité de nos ancêtres ?", pose encore l'archevêque catholique dans sa lettre pastorale du 2 mars.
Il déplore qu'au Cameroun, la corruption ait touché "tous les domaines de la vie sociale, y compris la vie ordinaire : l'administration, l'éducation, les finances, les marchés publics, l'armée, la police, le système judiciaire, la religion, la santé publique, etc.
"La corruption conduit non seulement au pillage et au gaspillage des ressources publiques, mais elle paralyse également le fonctionnement de l'État, crée des injustices et des inégalités au sein de la population et plonge toute la société dans le désespoir face à un avenir incertain et hypothéqué, voire sombre", déclare l'Ordinaire de l'archidiocèse de Douala au Cameroun dans sa lettre pastorale de 13 pages.
Il note que "pour que notre pays retrouve ses lettres de noblesse, il est grand temps que chaque Camerounais redécouvre les valeurs fondamentales sur lesquelles doit se fonder toute société qui se respecte : Le respect de la dignité de toute vie, la vérité, la justice, l'honnêteté, la responsabilité, la liberté, l'amour, l'équité, la loyauté."
"Avant tout, que chacun ait le courage de renoncer au péché qui le rend complice de la dérive de notre pays. Que chacun d'entre nous contribue à la lutte contre les 'structures du péché', qui paralysent et détruisent le Cameroun, son développement, sa croissance et le bien-être de son peuple", déclare Mgr Kleda.
Pour aller de l'avant, l'archevêque camerounais de 63 ans suggère "d'adopter de bonnes valeurs morales, de préserver l'institution du mariage et de la famille, de protéger les personnes, de promouvoir la justice et la paix, de vivre la réconciliation, de lutter contre la pauvreté, de prendre soin des pauvres, de combattre la corruption, de rechercher le bien commun, de réformer le système éducatif et de créer des emplois". "
" Œuvrer à la construction d'un Cameroun bien gouverné et bien géré, sans corruption, n'est pas une utopie. Si, en effet, nous ne supportons pas la corruption et la mauvaise gouvernance et ne fermons pas les yeux sur ces fléaux, nous construirons un pays fort, prospère, stable, un véritable havre de paix où il fait bon vivre en frères", dit-il.