Le membre de la Congrégation du Saint-Esprit (Spiritains) ajoute : "C'est dans cet esprit que le pape François a convoqué toute l'Église à un synode d'octobre 2021 à octobre 2023. Il ne nous invite pas à discuter du thème de la synodalité mais à vivre une expérience concrète de marche ensemble dans l'Église pour discerner les étapes que chaque diocèse, chaque paroisse, chaque communauté religieuse, chaque mouvement/service peut franchir pour avancer sur ce chemin de conversion pour une refondation de la vie ecclésiale."
"La fécondité de ce voyage dépend en grande partie du choix que nous faisons d'entreprendre ou de participer à des processus d'écoute, de dialogue et de discernement communautaire auxquels chacun d'entre nous peut contribuer", affirme le cardinal Piat.
Il poursuit en soulignant les effets du cléricalisme dans l'Eglise : "Si l'Eglise a un rôle à jouer en temps de crise, c'est de participer à la recherche d'un vivre ensemble démocratique plus sain dans notre pays. Pour jouer ce rôle, l'Église elle-même doit se remettre en question et reconnaître qu'elle a aussi ses faiblesses."
"Nous ne pouvons pas oublier les souffrances vécues par les mineurs et les adultes vulnérables à cause des abus sexuels, des abus de pouvoir et des abus de conscience commis par un nombre important de prêtres et de personnes consacrées", souligne le cardinal mauricien de 80 ans.
Il ajoute : "Face à la douleur de nos frères et sœurs blessés dans leur chair comme dans leur esprit, pendant trop longtemps, l'Église n'a pas su écouter suffisamment le cri des victimes, ni les protéger comme elle aurait dû le faire."
Ces blessures profondes, précise le cardinal Piat, sont "difficiles à guérir, et pour lesquelles on ne demandera jamais assez de pardon."
Faisant référence à la lettre pastorale d'août 2018 du pape François aux fidèles, le cardinal Piat affirme que le Saint-Père nous invite "à reconnaître qu'à la source de ces abus et du manque de considération pour les victimes se trouve le poids d'une culture imprégnée de cléricalisme, où trop de pouvoir est concentré sur les seuls prêtres, où les décisions sont préparées et prises dans des cercles trop restreints, où la peur de la réputation de l'Église a conduit à négliger une écoute et un respect élémentaires pour les personnes blessées par des abus."
"Cette culture, héritée du passé et insuffisamment remise en question, a donné lieu à des formes d'autorité tordues sur lesquelles se sont greffés divers types d'abus (abus de pouvoir, abus économiques, abus sexuels)", ajoute-t-il.
Au cœur de toutes les souffrances endurées par les victimes, et de toute la honte ressentie par le peuple de Dieu, le cardinal Piat affirme : "Il y a le désir de trouver dans la crise l'appel et le déclencheur pour refonder le chemin de la vie chrétienne et ecclésiale."