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Les évêques togolais nient les allégations d'être partisan, affirment que leurs sources de financement sont légitimes

Les Évêques de la Conférence épiscopale du Togo (CET) Domaine Public Les Évêques de la Conférence épiscopale du Togo (CET)
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Les évêques de la nation togolaise d'Afrique de l'Ouest ont, dans une déclaration collective, nié les allégations de partialité dans la politique du pays à l'approche des élections générales faites par le ministre togolais de l'Administration territoriale.

Dans une lettre rendue publique le 16 janvier, la ministre togolaise de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, Payadowa Boukpessi, a mis en doute la légitimité de la Commission épiscopale Justice et Paix (CEJP) à envoyer des observateurs dans les bureaux de vote et a accusé l'organisme de "collusion avec les partis politiques locaux". 

"Nous, les évêques togolais, rejetons les allégations du ministre de l'Administration territoriale, accusant la Commission épiscopale Justice et Paix de collusion avec les partis politiques locaux et de tirer son financement de sources cachées, convaincus que les vraies raisons sont certainement à chercher ailleurs", peut-on lire en partie dans un communiqué de la Conférence épiscopale togolaise (CET) avisé à l'ACI Afrique.

Dans cette lettre, les évêques ont défendu leur "demande d'observation électorale", que la CEJP a présentée à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en disant que "c'est non seulement un droit reconnu par la Constitution togolaise mais aussi une mission ordinaire de toute la Commission Justice et Paix (CEJP) rappelée par le Pape émérite Benoît XVI dans l'Exhortation apostolique Africae Munus".

Les évêques ont rappelé les conseils qu'ils ont reçus du pape François lors de leur visite ad limina au Vatican le 11 mai 2015. "Je vous encourage à continuer à veiller à ce que l'Église prenne la place qui lui revient dans le processus de réforme institutionnelle en cours. Cependant, il faut encore faire attention à ne pas entrer directement dans le débat et les querelles politiques", a noté le pape.

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La réponse du CET fait suite à la demande du ministre Boukpessi à la CENI de ne pas autoriser le CEJP à observer les élections présidentielles du 22 février.

L'autorité qui a déjà privé la CEJP de ce droit lors des élections locales du 30 juin 2019 dit douter des sources de financement et de la neutralité de l'Eglise catholique du Togo.

Dans leur message, les évêques togolais ont souligné que "l'envoi des volontaires de la CEJP est gratuit et ont dénoncé "les propos irrespectueux" du ministre "qu'ils considèrent comme une insulte à l'Eglise".

"Les sources de financement de l'Église au Togo sont bien connues. Ils sont crédibles et légitimes", ont ajouté les évêques.

La tension monte au Togo à l'approche des élections du 22 février, avec 7 candidats en lice pour le poste de président.

Plus en Afrique

Le candidat sortant Faure Gnassingbe, dont le parti Union pour la République détient les deux tiers des sièges au Parlement, sera confronté à six autres candidats de l'opposition.

Gabriel Agbéyomé Kodjo qui a récemment reçu les bénédictions de l'archevêque émérite de Lomé, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, espère gagner la confiance des Togolais lors de l'élection.

Les évêques togolais ont de nouveau lancé un appel à la paix, à la transparence et à la justice avant, pendant et après les élections, en déclarant : "Nous, les évêques du Togo, avons l'intention de jouer notre rôle d'ambassadeurs de la paix, sans parti pris, pour une élection sans heurts à la lumière des récents événements politiques. ” 

Exprimant leur préoccupation à l'approche de l'élection présidentielle, les prélats togolais, dans leur déclaration du 3 février, appellent également la classe politique et le peuple togolais à œuvrer pour le bon déroulement des élections avant, pendant et après le scrutin.

"Nous souhaitons et espérons vivement que l'élection se déroule dans la paix, la transparence et la justice", ont-ils ajouté.

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Dans leur message, les évêques togolais invitent également "les citoyens, qui prendront la décision de se rendre aux urnes, à faire usage de ce droit dans la paix et le respect, en portant en toute liberté de conscience leur choix sur celui qui, à leurs yeux, semble le plus apte à conduire le destin de notre pays".

Les évêques "exhortent également toutes les institutions impliquées dans ce processus à assumer leur rôle dans la transparence, la justice, la vérité et le respect de la mission qui leur a été confiée, afin qu'elle ne soit pas entachée de fraude ou de violence".

La contribution de tous les fils et filles du Togo étant essentielle pour la consolidation de la paix et de la démocratie dans le pays, les évêques togolais ont appelé les fidèles à rester "guidés par la Parole de Dieu et les valeurs de foi que nous professons".

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.