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Des dizaines de personnes tuées dans un village du Cameroun, l'évêque déclare "une journée de prière et de deuil".

Mgr George Nkuo, évêque du diocèse de Kumbo au Cameroun. Domaine public Mgr George Nkuo, évêque du diocèse de Kumbo au Cameroun.
Domaine public

Suite à l'invasion militaire d'un village faisant partie d'une paroisse catholique de la nation centrafricaine du Cameroun, qui a fait 24 morts parmi les civils et des centaines de déplacés, l'Ordinaire local de la région a confirmé l'attaque, l'a qualifiée de "désastre" et d'"incident très triste", et a déclaré le vendredi 21 février journée consacrée à "la prière et au deuil" dans tout le diocèse.

"Le vendredi 14 février 2020, les militaires ont envahi Ngarbuh à 4 heures du matin et on nous dit que vingt-quatre (24) personnes ont été tuées parmi lesquelles des femmes enceintes et des enfants en bas âge", a rapporté l'évêque George Nkuo du diocèse de Kumbo au Cameroun, "informé de manière fiable", dans sa lettre du 18 février.

"Certaines des victimes ont été brûlées vives et plusieurs autres blessées. Au total, neuf (9) maisons ont été brûlées", a déclaré l'évêque Nkuo, qui a ajouté : "Des centaines de personnes de Ngarbuh sont actuellement déplacées et cherchent refuge dans les villages voisins dans des conditions humaines déplorables".

Dans la lettre vue par ACI Afrique, l'évêque déclare le vendredi 21 février "une journée de prière et de deuil dans tout le diocèse de Kumbo pour les victimes du désastre de Ngarbuh".

En marquant la journée de prière et de deuil, Mgr Nkuo dit, "nous dirons avec véhémence, Oui à la vie et non à la mort en solidarité avec le récent message de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun", qui a dit qu'il est "nécessaire d'organiser une journée de prière dans tout le pays pour le respect de la vie et la promotion du caractère sacré de la vie humaine".

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L'évêque de près de 67 ans a souligné la participation de tous "en appelant tous les prêtres, religieux, fidèles, hommes et femmes de bonne volonté du diocèse de Kumbo à faire de ce vendredi 21 février 2020 une journée de prière et de deuil, en particulier pour nos frères et sœurs qui ont été brutalement tués, blessés et laissés sans abri à Ngarbuh".

"Une messe de Requiem devrait être célébrée dans toutes nos églises", a demandé le prélat camerounais, qui a ajouté : "Dans la mesure du possible, un service œcuménique devrait être organisé pour implorer Dieu de mettre fin à cette crise sociopolitique qui nous a plongés dans une guerre insensée et douloureuse".

"Je compte sur votre entière collaboration pour le succès de cette Journée de prière", a conclu l'évêque Nkuo.

Le Cameroun, qui compte 80 % de francophones et 20 % d'anglophones, connaît des violences depuis 2016, après que des juges et des enseignants francophones aient été envoyés dans la région anglophone, historiquement marginalisée.

Le récit de l'évêque Nkuo sur l'incident de la semaine dernière dans son diocèse semble cohérent avec celui de l'opposition camerounaise qui a accusé l'armée de leur pays d'avoir mené un massacre sur les villageois de Ngarbuh.

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Le gouvernement, pour sa part, a attribué les décès à un "malheureux accident" dû à une explosion de carburant.

Le porte-parole de l'armée camerounaise, le colonel Cyrille Atonfack Guemo, a nié les allégations de massacre délibéré, les qualifiant de "fausses allégations".

"C'était tout simplement un accident malheureux, le résultat collatéral des opérations de sécurité dans la région", a déclaré le porte-parole de l'armée dans son communiqué de presse du 17 février adressé à ACI Afrique.

Selon le colonel Guemo, "cinq civils - une femme et quatre enfants - sont morts, et sept terroristes ont été neutralisés".

Entre-temps, dans une déclaration publiée lundi par l'ONU, le porte-parole a déclaré que le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, était "profondément préoccupé" par l'incident du 14 février et a appelé le gouvernement camerounais à "mener une enquête et à faire en sorte que les responsables soient tenus de rendre des comptes".

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Par ailleurs, la Campagne mondiale pour la paix et la justice au Cameroun a facilité l'intervention de 16 évêques catholiques hors du Cameroun dans la crise anglophone prolongée. Les évêques du monde entier ont appelé le gouvernement du président Biya à "participer aux pourparlers de paix menés par la Suisse pour mettre fin à la violence dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun".

Dans un message envoyé à ACI Afrique mardi 18 février, la Campagne mondiale pour la paix et la justice au Cameroun appelle la communauté internationale à s'impliquer dans la résolution de la crise anglophone et déclare qu'en ignorant "l'escalade des atrocités du genre de celles qui se produisent au Cameroun, elle finit souvent par payer une facture énorme".

"Tôt ou tard, nous devons financer les camps de réfugiés et les forces de maintien de la paix, accueillir des négociations, héberger des milliers de migrants en quête d'asile, puis aider à reconstruire les nations brisées", a déclaré Rebecca Tinsley de la Campagne mondiale pour la paix et la justice au Cameroun dans le communiqué de presse du 17 février partagé avec ACI Afrique.

"Il est plus logique d'utiliser la diplomatie pour mettre fin à la violence à un stade précoce, en trouvant une solution politique à un problème politique par le biais de négociations de paix inclusives", conclut la déclaration.

Magdalene Kahiu