Cité du Vatican, 06 janvier, 2023 / 3:38 (ACI Africa).
Voici le texte intégral de l'homélie du pape François pour la solennité de l'Épiphanie du Seigneur célébrée dans la basilique Saint-Pierre le 6 janvier 2023.
Comme une étoile qui se lève (cf. Nb 24, 17), Jésus vient éclairer tous les peuples et illuminer les nuits de l’humanité. Avec les Mages, levant les yeux au ciel, nous nous demandons nous aussi aujourd’hui : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » (Mt 2, 2). Où se trouve donc le lieu où nous pouvons trouver et rencontrer notre Seigneur ?
À partir de l’expérience des Mages, nous comprenons que le premier “lieu” où Il aime être cherché est l’inquiétude du questionnement. L’aventure fascinante de ces sages venus d’Orient nous enseigne que la foi ne naît pas de nos mérites ni de raisonnements théoriques, mais elle est un don de Dieu. Sa grâce nous aide à nous réveiller de l’apathie et à faire place aux questions importantes de la vie, des questions qui nous font sortir de la présomption d’être comme il faut et qui nous ouvrent à ce qui nous dépasse. Chez les Mages, au début, il y a ceci : l’inquiétude de celui qui s’interroge. Habités par une nostalgie poignante d’infini, ils scrutent le ciel et se laissent émerveiller par l’éclat d’une étoile qui représente la tension vers le transcendant qui anime le voyage des civilisations et la recherche incessante de notre cœur. Cette étoile, en effet, laisse dans leur cœur précisément une question : Où est celui qui qui vient de naître ?
Frères et sœurs, le chemin de la foi commence lorsque, avec la grâce de Dieu, nous faisons place à l’inquiétude qui nous tient éveillés ; lorsque nous nous laissons interroger, lorsque nous ne nous contentons pas de la tranquillité de nos habitudes, mais que nous nous mettons en cause dans les défis de chaque jour ; lorsque nous cessons de rester dans un espace neutre et décidons d’habiter les espaces inconfortables de la vie, faits de relations avec les autres, de surprises, d’imprévus, de projets à accomplir, de rêves à réaliser, de peurs à affronter, de souffrances qui creusent notre chair. Dans ces moments, montent de nos cœurs ces questions irrépressibles qui nous ouvrent à la recherche de Dieu : où est le bonheur pour moi ? Où est la pleine vie à laquelle j’aspire ? Où est cet amour qui ne passe pas, qui ne faiblit pas, qui ne se brise pas, même devant la fragilité, les échecs et les trahisons ? Quelles sont les opportunités qui se cachent dans mes crises et mes souffrances ?
Mais il arrive que chaque jour, le climat que nous respirons nous offre des “tranquillisants de l’âme”, des substituts pour calmer, pour calmer nos inquiétudes et éteindre ces questions ; des produits de consommation aux séductions du plaisir, des débats spectaculaires à l’idolâtrie du bien-être ; tout semble nous dire : ne pense pas trop, laisse faire, profite de la vie ! Nous essayons souvent de mettre notre cœur dans le coffre-fort du confort – mettre notre cœur dans le coffre-fort du confort –, mais si les Mages avaient fait ainsi, ils n’auraient jamais rencontré le Seigneur. Calmer le cœur, calmer l’âme afin qu’il n’y ait plus d’inquiétude : c’est le danger. Dieu, en revanche, habite nos questions inquiètes ; en elles, nous « le cherchons comme la nuit cherche l’aurore… Il est dans le silence qui nous trouble devant la mort et la fin de toute grandeur humaine ; il est dans la soif de justice et d’amour que nous portons en nous ; il est le saint Mystère qui vient à la rencontre de la nostalgie du Tout Autre, nostalgie de la justice parfaite et consommée, de réconciliation et de paix » (C.M. Martini, Incontro al Signore Risorto. Il cuore dello spirito cristiano, Cinisello Balsamo 2012, 66). Voici donc le premier lieu : l’inquiétude du questionnement. N’aie pas peur d’entrer dans cette inquiétude des questions : ce sont précisément les chemins qui nous conduisent à Jésus.