Freetown, 21 août, 2023 / 11:20 (ACI Africa).
"J'ai prié pour les jeunes de mon pays, la Sierra Leone, qui gâchent leur vie en consommant des drogues telles que le kush et le tramadol, ceux qui ne s'engagent dans aucune activité significative parce qu'ils ont perdu tout espoir dans la vie", explique Emmanuel Kangayo à ACI Afrique, en racontant comment il a passé ses journées lors des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) qui viennent de s'achever au Portugal.
"Lorsque je suis arrivé à Lisbonne, j'ai emporté avec moi les souffrances de ces jeunes drogués. Ils prennent du kush tôt le matin et les effets horribles de la drogue ne se font sentir que 30 minutes plus tard. Ensuite, ils passent toute la journée à dormir", explique Emmanuel.
Tous les Sierra-Léonais ne se sont pas relevés des ravages de la guerre civile qui a duré 11 ans et qui a fait plus de 50 000 morts et des milliers de mutilés à la suite d'amputations forcées. Ceux qui étaient enfants lorsque la guerre a éclaté n'ont pas pu poursuivre leurs études et se sont retrouvés dans la rue, où ils se sont réfugiés dans la drogue. D'autres, qui ont combattu en tant qu'enfants soldats, continuent d'être rejetés par la population locale, même après avoir été réhabilités et avoir reçu des motos pour gagner légitimement leur vie. D'autres encore, qui n'ont pas pu s'intégrer dans la société, sont utilisés par les politiciens à chaque saison de campagne pour intimider leurs adversaires.
Emmanuel fait partie des quelques jeunes qui ont su renaître des cendres de la guerre civile en Sierra Leone. Il a vu son père fuir la ville de Bo, au sud-est de la Sierra Leone, abandonner son poste d'enseignant et s'installer dans le village où sa famille a sombré dans la pauvreté. À un moment donné, Emmanuel a vécu dans un foyer de plus de 50 personnes où ils avaient à peine de quoi manger. Âgé de cinq ans seulement lorsque la guerre a éclaté, Emmanuel n'a pas pu aller au jardin d'enfants ni à l'école. Sa grand-mère évitait les balles en se rendant au marché pour acheter du sel qui, selon Emmanuel, est un ingrédient nécessaire pour les repas en Sierra Leone.
Aujourd'hui, Emmanuel travaille avec l'équipe média de Caritas Freetown, en contact avec les communautés vulnérables que l'Eglise soutient dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.