Mais prenons un peu de recul et essayons de comprendre d'où venait ce frère. Quelles étaient ses origines ? Quel genre d'enfant était-il ? Comment est-il devenu un religieux franciscain ?
Pour répondre à ces questions, ACI Stampa a interrogé un témoin exceptionnel : Le père Raffaele Di Muro, doyen de la faculté de théologie San Bonaventura-Seraphicum de Rome et directeur de la chaire Kolbe. Le père Di Muro est également l'auteur d'innombrables essais sur Kolbe.
Père Raffaele, commençons dès les premières années de la vie de Maximilien, ou plutôt de Raymond - son nom avant de prononcer ses vœux. D'où vient cette riche spiritualité ?
Raymond Kolbe est né à Zduńska Wola, un petit village situé non loin de la capitale polonaise, Varsovie. C'était le 8 janvier 1894. Raymond a grandi dans une famille à la religiosité très riche.
Ses parents, Julius Kolbe et Maria Dąbrowska, travaillaient comme tisserands. La maison où vivait le petit Raymond était très modeste - en bois, selon la tradition polonaise. C'était une maison à deux étages et il est encore possible de la voir aujourd'hui. Au premier étage se trouve l'atelier textile avec les métiers à tisser et tous les outils de travail, et au deuxième étage se trouve une chambre individuelle.
Ses parents étaient des tertiaires franciscains et l'on dit que tous deux, dès leur plus jeune âge, avaient envisagé de s'engager dans la vie religieuse. Cependant, les deux familles d'origine respectives ont décidé de les marier. Ce désir [de vie religieuse], après tout, nous pourrions dire qu'il sera presque un héritage spirituel pour leurs trois enfants (trois, du moins ce sont ceux qui survivront). François, le premier ; le second, Raymond, et puis Joseph. Tous trois deviendront frères. François et Raymond entreront ensemble dans la vie religieuse. Puis ils seront suivis par Joseph. Tout cela nous donne une idée de la sainteté de cette famille.
Dans les premières années de Raymond, nous trouvons un épisode biographique que nous pourrions définir comme "une graine" de ce qui sera plus tard sa sainteté. En effet, à l'âge de 10 ans, Kolbe a eu une vision de l'Immaculée Conception : pouvez-vous nous raconter comment s'est déroulé cet épisode de la vie du saint polonais ?
L'histoire vient de sa mère, Maria Dąbrowska, dans son témoignage lors du procès de canonisation. Saint Maximilien Kolbe n'a rien laissé d'écrit à ce sujet. Lorsque l'incident s'est produit, Kolbe avait environ 10 ans. Sa famille avait alors déménagé dans une autre petite ville de Pologne, Pabianice. Il y avait là une petite église dédiée à saint Matthieu. La maison de Kolbe se trouvait non loin de la petite église. Dans cette paroisse, il y a un bel autel dédié à l'Immaculée : un beau tableau est placé au-dessus de l'autel. Il faut commencer par un fait : de leurs trois enfants, le petit Raymond était le plus vif, le plus agité. Il était si vif qu'un jour sa mère, presque exaspérée par son comportement, lui dit : "Que vas-tu devenir, petit Raymond ?"
Face à cette question, le petit garçon est un peu contrarié. Il l'a évidemment pris comme une dure réprimande et il est allé pleurer dans la petite église près de chez lui.
Et c'est précisément là qu'eut lieu la vision de l'Immaculée portant deux couronnes : elle, la Vierge, lui offrit le choix entre les deux couronnes qu'elle tenait. L'une rouge, pour le martyre, l'autre blanche, pour la pureté et la chasteté. Kolbe accepte les deux. Manifestement, il ne savait pas ce qu'il faisait, ce qu'il avait choisi. À travers cet épisode, la mère comprend ce que sera la vie de son fils. "Elle a gardé toutes ces choses dans son cœur", comme la Vierge avec le Christ. Ce n'est qu'au moment du procès de canonisation qu'elle dira tout.