Le 10 août, les bergers fulanis ont pris d'assaut la communauté de Mgban une troisième fois et ont tué les trois personnes qui avaient terminé leur travail et se reposaient dans leurs maisons. Auparavant, le père Igah avait raconté à ACI Afrique les événements qui ont entouré le meurtre de ces trois civils innocents.
"L'événement du vendredi 11 août est encore plus douloureux", a déclaré le prêtre catholique nigérian dans une note qu'il a envoyée à ACI Afrique le 11 août, le jour où le catéchiste a été tué.
Il raconte : "Aux premières heures de ce jour, les membres des communautés touchées par ces attaques se sont rassemblés le long de l'autoroute pour protester contre les meurtres incessants commis par les bergers. Les représentants du gouvernement sont arrivés et leur ont demandé de se disperser afin que les automobilistes puissent circuler sur l'autoroute, assurant les manifestants que leur sécurité serait assurée. Cependant, alors que les négociations étaient en cours, les bergers Fulani, avec audace et en dépit des assurances du gouvernement et des agences de sécurité, ont pris d'assaut le village d'Ukohol et ont tué M. Hyicinth Kwahembega, un catéchiste bénévole de l'église St Francis Mom".
Le père Igah a déploré les meurtres commis dans les communautés d'Udei, de Mgban, d'Ukohol et d'Urtsese, qui sont desservies par sa paroisse, notant que la confiance des bergers fulanis lorsqu'ils intimident les habitants est désormais alarmante.
Parallèlement, la Fondation pour la justice, le développement et la paix (FJDP) du diocèse catholique de Makurdi a dénoncé les attaques contre les communautés chrétiennes, en particulier dans l'État de Benue, qui, selon l'organisation ecclésiastique, suivent un modèle de "déplacement et d'occupation".
"Depuis 2009, les attaques des djihadistes islamiques se faisant passer pour des bergers contre les communautés agricoles chrétiennes de la vallée de la Bénoué se produisent presque quotidiennement. Et depuis cette date également, les attaques suivent un schéma de déploiement et d'occupation. Des milliers de personnes ont été tuées et beaucoup d'autres ont été forcées de fuir leurs terres", indique le FJDP dans un rapport communiqué à ACI Afrique le 14 août.
À propos des attaques du 8 au 13 août dans les communautés desservies par la paroisse du Sacré-Cœur d'Udei, l'entité de paix déclare : "Bien qu'il s'agisse sans aucun doute d'un incident déchirant, ce n'est pas nouveau pour nous. Tout au long de l'année 2022, le FJDP a enregistré et partagé des incidents d'attaques et de meurtres quotidiens dans les communautés de l'État de Benue."
Ils trouvent cependant choquant que les nouvelles attaques dans l'État de Benue se produisent avec le nouveau gouvernement du président Ahmed Tinubu et du gouverneur Hyacinth Alia en place.
"On aurait pu penser qu'une telle impunité perpétrée sous le régime de (Muhammadu) Buhari, qui a permis aux bergers peuls terroristes de s'en tirer avec un génocide, appartenait désormais au passé. Mais hélas, ce n'est pas le cas", déclare le FJDP.
L'organe de développement du diocèse catholique de Makurdi a appelé à une action immédiate pour mettre fin aux souffrances des communautés chrétiennes desservies par la paroisse du Sacré-Cœur d'Udei, en déclarant : "Alors que la communauté est confrontée à la perte profonde d'individus, nous plaidons ardemment en faveur d'une action rapide et résolue. Les roues de la justice doivent tourner de manière décisive pour empêcher les djihadistes d'exterminer les populations chrétiennes sans défense, non seulement à Benue, mais aussi dans d'autres régions du Nigeria."