François a comparé la Méditerranée à la mer de Galilée qui, à l'époque du Christ, concentrait elle aussi "des populations, des croyances et des traditions diverses". C'est dans ce "contexte multiforme et à bien des égards instable" que Jésus a proclamé les Béatitudes et enseigné que Dieu est le Père de tous.
"Voici donc la réponse qui vient de la Méditerranée : cette mer de Galilée pérenne nous exhorte à opposer à la division des conflits la 'coexistence des différences'", a-t-il déclaré.
Cette mer a vocation à être un "laboratoire de paix". Cette vocation est d'autant plus nécessaire que "des nationalismes archaïques et belliqueux veulent faire s'évanouir le rêve de la communauté des nations". Pourtant, rappelons-le, c'est avec les armes que l'on fait la guerre, pas la paix, et c'est avec l'avidité du pouvoir que l'on retourne au passé au lieu de construire l'avenir".
Pour que la paix s'enracine, a déclaré le pape, nous devons commencer par écouter les pauvres, comme Jésus l'a fait sur les rives de la mer de Galilée. "Nous devons repartir de là, du cri souvent silencieux des plus petits d'entre nous, et non des plus fortunés qui n'ont pas besoin d'aide et qui pourtant élèvent la voix.
Entouré d'évêques et d'autres responsables chrétiens, le Saint-Père a centré son discours sur la dignité humaine, au-delà de la question des migrations, en profitant de l'occasion pour condamner l'euthanasie et l'avortement. La France est en train de réfléchir au suicide assisté. Dans son texte, le pape a déploré que les bébés soient "confondus avec les chiots" et a raconté qu'une secrétaire lui avait raconté avoir vu une femme pousser un landau, avant de découvrir qu'il contenait un animal domestique et non un enfant.
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Les pauvres doivent être "embrassés et non comptés", a déclaré le pape François, "car ils sont des visages et non des chiffres".
"En effet, le véritable mal social n'est pas tant l'augmentation des problèmes que la diminution de l'attention", a déclaré le pape.
"Qui, aujourd'hui, se fait le voisin des jeunes livrés à eux-mêmes, qui sont des proies faciles pour le crime et la prostitution ? Qui est proche des personnes asservies par un travail qui devrait les rendre plus libres ? Qui s'occupe des familles effrayées, qui ont peur de l'avenir et de mettre des enfants au monde ? Qui écoute les gémissements de nos frères et sœurs âgés et isolés, qui, au lieu d'être appréciés, sont mis à l'écart, sous le faux prétexte d'une mort soi-disant digne et "douce", plus "salée" que les eaux de la mer ?
"Qui pense aux enfants à naître, rejetés au nom d'un faux droit au progrès, qui n'est au contraire qu'un repli sur les besoins égoïstes de l'individu ? Qui regarde avec compassion au-delà de ses propres côtes pour entendre le cri de douleur qui monte d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient ? Combien de personnes vivent dans la violence et endurent des situations d'injustice et de persécution !
Il a précisé que cette dernière situation concerne les nombreux chrétiens qui sont contraints de quitter leur pays ou qui vivent sans que leurs droits soient reconnus.
Se référant à lui-même, le pape François a toutefois insisté sur le fait que "ce pape venu de l'autre côté du monde n'est pas le premier à en avertir avec urgence et préoccupation".
Au contraire, l'Église lance cet appel depuis 50 ans. Il a cité le pape Paul VI, qui a déclaré "Les nations affamées du monde crient vers les peuples bénis par l'abondance. Et l'Église, interpellée par ce cri, demande à chaque homme d'entendre l'appel de son frère et d'y répondre avec amour". Et le Pape Pie XII, qui a dit : "La Sainte Famille en exil, Jésus, Marie et Joseph émigrant en Egypte... est le modèle, l'exemple et le soutien de tous les émigrants et pèlerins de tous les temps et de tous les pays, et de tous les réfugiés de quelque condition que ce soit qui, contraints par la persécution ou par le besoin, sont obligés de quitter leur terre natale et leurs parents bien-aimés... et de chercher une terre étrangère".
La dignité humaine doit être primordiale
François a cité les "trois devoirs" des nations les plus développées énumérés par Paul VI : "la solidarité mutuelle - l'aide que les nations les plus riches doivent apporter aux nations en développement ; la justice sociale - la rectification des relations commerciales entre les nations fortes et les nations faibles ; la charité universelle - l'effort pour construire une communauté mondiale plus humaine, où tous peuvent donner et recevoir, et où le progrès des uns ne s'achète pas aux dépens des autres".
Le pape argentin a admis qu'il n'était pas facile d'accueillir, de protéger, de promouvoir et d'intégrer les personnes inattendues, mais il a insisté sur le fait que la sauvegarde de la dignité humaine devait être le critère principal, et non la préservation de son propre bien-être.
"Ceux qui trouvent refuge parmi nous ne doivent pas être considérés comme un lourd fardeau à porter", a-t-il déclaré. "Si nous les considérons plutôt comme des frères et des sœurs, ils nous apparaîtront avant tout comme des cadeaux.
Devant son auditoire, il a reconnu que "l'histoire nous met au défi de faire un saut de conscience pour éviter un naufrage de la civilisation", ajoutant que la solution n'est "pas de rejeter mais d'assurer, selon les possibilités de chacun, un nombre suffisant d'entrées légales et régulières".
"Nous avons besoin de fraternité autant que de pain", a insisté le pape. Le mot "frère", dans son étymologie indo-européenne, dérive d'une racine associée à la nutrition et à la subsistance. Nous ne nous soutiendrons nous-mêmes qu'en nourrissant d'espoir les plus vulnérables, en les acceptant comme des frères et des sœurs".
Le pape a fait référence à une autre tradition associée à Marseille : l'évangélisation de la ville par les amis de Jésus à Béthanie, les saints Marthe, Marie et Lazare.
"En tant que chrétiens, qui croient en un Dieu fait homme, en un Homme inimitable qui, sur les rives de la Méditerranée, s'est appelé lui-même le chemin, la vérité et la vie, nous ne pouvons accepter que les chemins de la rencontre soient fermés, que la vérité de Mammon l'emporte sur la dignité humaine, que la vie se transforme en mort", a-t-il déclaré.
"Adorez Dieu et servez les plus vulnérables, qui sont ses trésors. Adorez Dieu et servez votre prochain, c'est cela qui compte : non pas l'importance sociale ou les grands nombres, mais la fidélité au Seigneur et à l'humanité !"
Avant son départ pour Rome samedi soir, le pape offrira une messe au stade Vélodrome.