Le 13 juillet 2023, ce département a reçu une demande de Son Éminence le Cardinal Dominik Duka, OP, archevêque émérite de Prague, au nom de la Conférence épiscopale tchèque, qui pose une série de questions concernant l'administration de l'Eucharistie aux personnes divorcées vivant dans une nouvelle union.
Bien que certaines questions ne soient pas rédigées de manière suffisamment claire et qu'elles puissent donc laisser présager certaines imprécisions, ce dicastère entend y répondre afin de contribuer à lever les doutes qu'elles soulèvent.
Est-il possible qu'un diocèse faisant partie d'une union de la conférence épiscopale prenne des décisions de manière totalement autonome, en se référant aux faits cités dans les questions 2 et 3 ?
L'exhortation apostolique Amoris Laetitia, document du magistère pontifical ordinaire, à l'égard duquel tous sont appelés à offrir l'hommage de l'intelligence et de la volonté, affirme que "les prêtres ont le devoir d'accompagner [les divorcés-remariés] en les aidant à comprendre leur situation selon l'enseignement de l'Église et les orientations de l'évêque". En ce sens, il est possible, et même souhaitable, que l'ordinaire d'un diocèse établisse certains critères qui, en accord avec l'enseignement de l'Église, peuvent aider les prêtres dans l'accompagnement et le discernement des personnes divorcées vivant une nouvelle union.
La réponse du pape François à la question de la section pastorale du diocèse de Buenos Aires, étant donné que le texte a été publié dans les Acta Apostolicae Sedis, peut-elle être considérée comme une affirmation du magistère ordinaire de l'Église ?
Comme l'indique le rescrit accompagnant les deux documents sur les Acta Apostolicae Sedis, ceux-ci sont publiés "velut magisterium authenticum", c'est-à-dire en tant que magistère authentique (enseignement).
S'agit-il d'une décision du magistère ordinaire de l'Église basée sur le document Amoris Laetitiae ?
Comme le rappelle le Saint-Père dans ses lettres au délégué de la région pastorale de Buenos Aires, Amoris Laetitia est le fruit du travail et de la prière de toute l'Église, avec la médiation de deux synodes et du pape. Ce document s'appuie sur le magistère des papes précédents, qui reconnaissaient déjà la possibilité pour les divorcés de nouvelles unions d'accéder à l'Eucharistie, à condition qu'ils assument "le devoir de vivre dans la continence complète, c'est-à-dire par l'abstinence des actes propres aux couples mariés", comme le proposait Jean-Paul II, ou de "s'engager à vivre leur relation (...) comme des amis", comme le proposait Benoît XVI. François maintient la proposition de continence complète pour les personnes divorcées et remariées dans une nouvelle union, mais admet qu'il peut y avoir des difficultés à la pratiquer et permet donc dans certains cas, après un discernement adéquat, l'administration du sacrement de réconciliation même s'il n'est pas possible d'être fidèle à la continence proposée par l'Église.
L'intention d'Amoris Laetitiae est-elle d'institutionnaliser cette solution par le biais d'un permis ou d'une décision officielle pour les couples individuels ?
Le point 1 du document "Critères de base pour l'application du chapitre VIII d'Amoris Laetitia" stipule expressément : Il n'est pas opportun de parler de "permissions" pour accéder aux sacrements, mais plutôt d'un processus de discernement accompagné par un pasteur. Il s'agit d'un discernement 'personnel et pastoral'" (AL, 300). Il s'agit donc d'un accompagnement pastoral comme exercice de la "via caritatis", qui n'est rien d'autre qu'une invitation à suivre le chemin "de Jésus : de la miséricorde et de la réintégration". Amoris Laetitia ouvre la possibilité d'accéder aux sacrements de la réconciliation et de l'Eucharistie lorsque, dans un cas particulier, il existe des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité. D'autre part, ce processus d'accompagnement ne s'arrête pas nécessairement aux sacrements, mais peut être orienté vers d'autres formes d'intégration à la vie de l'Église : une plus grande présence dans la communauté, la participation à des groupes de prière ou de réflexion, ou l'implication dans divers services ecclésiaux.