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Synode sur la synodalité 2023 : Faits, anecdotes et analyses de la première semaine

Le pape François, les tables rondes du Synode sur la synodalité au Vatican, le cardinal Joseph Zen et Paolo Ruffini. | Crédit : EWTN News Le pape François, les tables rondes du Synode sur la synodalité au Vatican, le cardinal Joseph Zen et Paolo Ruffini. | Crédit : EWTN News

Alors que le Synode sur la synodalité débute à Rome avec de nombreuses questions en suspens, une réponse clé a été apportée cette semaine avec la publication des règles d'engagement pour les quelque 450 participants à la réunion de Rome.

Le règlement de la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques a été publié mercredi après-midi, à l'issue de la première journée de travail, par le cardinal Mario Grech, organisateur de la réunion synodale.

Oui à la confidentialité, non au secret pontifical pendant le synode
Le règlement ne contient pas le "secret pontifical" tant redouté. Toutefois, l'appel à la protection de la vie privée et à la confidentialité est sans doute plus strict que n'importe quel secret pontifical. Dans les règles précédentes - connues sous le nom d'"ordines synodi" - le secret pontifical était invoqué pour les discours et les points de vue des autres, mais pas pour les siens. Le règlement actuel souligne que "chacun des participants est tenu à la confidentialité et à la discrétion tant en ce qui concerne ses propres interventions que celles des autres participants". En outre, ce "devoir reste en vigueur après la fin de l'assemblée synodale".

Le règlement a été dévoilé dans la soirée du 4 octobre, en même temps que les discours introductifs du pape François, de M. Grech, secrétaire général du synode, du cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du synode, et de Sa Béatitude Ibrahim Isaac Sidrak, chef de l'Église copte catholique. Alors que les documents de la retraite spirituelle ont été communiqués aux journalistes bien à l'avance, les discours d'ouverture n'ont été distribués qu'après leur diffusion, bien qu'ils aient été retransmis en direct.

Un précédent a été créé avec le pape François, qui s'est exprimé de manière extemporanée, s'adressant directement aux journalistes. Il a souligné que l'écoute de l'Esprit Saint exigeait "un certain jeûne de la parole publique", tentant de dissiper l'idée que les évêques craignaient d'exprimer leurs pensées. Au contraire, le pape François a exhorté les journalistes à reconnaître que "la priorité est l'écoute".

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Cela souligne une inquiétude latente concernant un agenda orchestré par les médias ou, à tout le moins, des influences extérieures, qui masquent souvent une vulnérabilité dans les discussions et les doutes entourant la nouvelle méthodologie du synode.

Le Synode sur la synodalité 2023 aura un rapport de synthèse et non un document final
Contrairement aux conventions précédentes, aucun document final n'est envisagé ; le règlement prévoit un rapport de synthèse, résumant les principaux points de discussion. Les cercles restreints voteront leurs rapports à la majorité absolue, tandis que le rapport de synthèse nécessitera un consensus des deux tiers de l'assemblée plénière. La procédure à suivre si le rapport final ne recueille pas le consensus nécessaire à sa publication reste ambiguë.

Méthodologie innovante du Synode : les tables rondes
Cette méthode synodale innovante, avec des tables rondes de 11 personnes, vise à favoriser le dialogue sous le principe de l'égalité devant Dieu, avec des thèmes prédéterminés et des questionnaires pour orienter les discussions et des experts pour étayer les arguments.

La synodalité en tant que méthode occupe le devant de la scène, bien que les résultats potentiels ne soient pas clairs. L'approche du pape François, qui consiste à laisser toutes les portes ouvertes sans les fermer avec des préjugés, comporte ses propres défis. La méthode pourrait dévoiler des résultats imprévus et imprévisibles.

Cette imprévisibilité est également source d'appréhension pour le processus synodal. Au début du mois de janvier, répondant aux préoccupations des évêques, Grech et Hollerich ont écrit une lettre aux évêques du monde entier, affirmant le rôle central des évêques.

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M. Grech s'est efforcé de tempérer l'ardeur au changement qui s'est manifestée dès le début du synode. Dans cette conjoncture historique, il a expliqué que l'Église est appelée à incarner et à transmettre l'amour de Dieu pour toute l'humanité, en transcendant les dilemmes théologiques ou ecclésiologiques.

Dans une tentative de détourner les anticipations de divers groupes de pression, tant internes qu'externes à l'Église, M. Hollerich a mis l'accent sur la méthodologie, en déclarant : "Nous sommes appelés à apprendre la grammaire de l'Église et à la mettre en pratique : "Nous sommes appelés à apprendre la grammaire de la synodalité. Tout comme la grammaire de nos langues évolue avec le temps, il en va de même pour la grammaire de la synodalité : Elle change avec le temps. C'est pourquoi le discernement des signes de notre temps devrait nous aider à dévoiler une grammaire contemporaine de la synodalité. Et en grammaire, certaines règles fondamentales restent inchangées".

Le synode n'est pas un parlement, mais qu'en est-il des votes ?
Lors de la messe d'ouverture du 4 octobre et à de nombreuses autres occasions, le pape François a répété que le synode n'est pas un parlement ; les décisions ne doivent pas être prises par des votes ; il faut plutôt tenir compte d'un discours divin.

En substance, le pape craint que l'opinion publique n'éclipse le processus synodal, les informations diffusées pouvant influencer les interventions des pères synodaux et compromettre ainsi le processus de discernement synodal.

Les sujets brûlants et l'ordre du jour du Synode
Le pontife romain a rappelé le Synode sur la famille, où l'opinion publique, façonnée par des préoccupations mondaines, réclamait à cor et à cri la communion pour les divorcés. Il a souligné que le Synode des Amazones avait dû faire face à des pressions similaires concernant l'ordination d'hommes mariés, "viri probati". Aujourd'hui, alors que les spéculations vont bon train sur "ce qu'ils vont faire", "peut-être le sacerdoce pour les femmes", les conjectures émanant de cercles extérieurs décrivent les évêques comme hésitants à partager les événements en cours.

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La retraite spirituelle des participants au synode, qui s'est tenue du 1er au 4 octobre, a débuté par une méditation du père Timothy Radcliffe, qui a fait part de ses réflexions : "Au cours de notre voyage synodal, nous pouvons nous inquiéter de nos réalisations tangibles. Les médias pourraient considérer qu'il s'agit d'un effort futile, de simples mots. Ils jugeront si des décisions audacieuses sont prises sur quatre ou cinq sujets brûlants".

Ces craintes font écho à celles qui prévalaient pendant et après le Concile Vatican II. Le pape Benoît XVI, lors d'une conversation avec des évêques suisses le 9 novembre 2007, s'est souvenu : "Lorsque j'ai visité l'Allemagne dans les années 1980 et 1990, j'ai été sollicité pour des interviews, et les questions portaient, comme on pouvait s'y attendre, sur l'ordination des femmes, la contraception, l'avortement et d'autres sujets récurrents".

Le défunt pontife a ajouté : "S'engager dans ces discussions dépeint l'Église comme une simple entité moraliste aux convictions désuètes, obscurcissant la véritable magnificence de la foi."

Aujourd'hui, les organisateurs du synode s'efforcent de trouver un équilibre entre les différents ordres du jour qui se croisent lors du rassemblement. Hollerich, envisageant l'avenir, indique une "feuille de route" pour l'année à venir, délimitant les domaines faisant l'objet d'un consensus et ceux nécessitant une réflexion plus approfondie, afin de répondre à l'appel de l'Esprit Saint. Cependant, la feuille de route reconnaît également la nécessité de poursuivre la contemplation tout au long de ce voyage de réflexion.

Dubia sur le synode et ce à quoi on peut s'attendre
Dans ce contexte, le pape François a réaffirmé que "le synode n'est pas un parlement : "Le synode n'est pas un parlement". Néanmoins, ce rassemblement synodal sera idéalement lié aux réponses aux dubia de cinq cardinaux par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF), approuvées par le pape. Face aux questions concernant d'éventuelles modifications doctrinales, réinterprétations et discipline sacramentelle pour les divorcés-remariés, le dicastère s'est abstenu de répondre par un simple "oui" ou "non". Il s'est plutôt efforcé d'apporter des réponses raisonnées et complètes à des analyses de situations spécifiques.

Le débat public et le cadrage médiatique peuvent susciter des inquiétudes, mais celles-ci renvoient également à d'autres objectifs. Le préfet du DDF, le cardinal Victor Manuel Fernández, a souligné que "si la réinterprétation implique une meilleure compréhension, alors c'est la vocation de l'Église".

Cependant, la question de savoir comment déterminer une "meilleure" interprétation reste controversée et va au-delà de la simple modification des règles grammaticales décrites par Hollerich.

Pour l'instant, il se pourrait bien que ce ne soit pas la doctrine de l'Église qui soit examinée, mais avant tout sa perception.

L'inquiétude du cardinal Zen concernant les tactiques et l'ordre du jour du synode
Ce sentiment est largement partagé, à tel point que le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, a envoyé une longue lettre exprimant ses inquiétudes et alléguant que les organisateurs étaient habiles dans "l'art de la manipulation".

M. Zen critique la méthodologie du synode, soulignant que le fait de commencer par des cercles plus restreints pose des problèmes, car c'est à l'assemblée générale que les controverses cruciales émergent et doivent être résolues. Le Synode sur la synodalité ne devrait pas éviter les discussions honnêtes et animées, écrit Zen, car un dialogue ouvert et robuste - comme pendant Vatican II - est nécessaire pour que l'Esprit Saint puisse réellement travailler lors du rassemblement.

En fin de compte, les derniers dubia et la lettre de M. Zen font partie de la vie même du synode. Sous le pape François, le rassemblement est passé d'un événement ponctuel à un processus continu. Le défi consiste maintenant pour les évêques à décider s'ils doivent discuter ouvertement de leurs idées dans la salle de réunion. Certains le feront librement, donnant un aperçu de la lumière dans un processus sombre. D'autres préféreront maintenir une confidentialité absolue, rendant impossible la compréhension de l'état d'esprit de l'assemblée synodale.

En effet, la communication joue un rôle particulier dans le synode. Bien qu'il y ait une règle de confidentialité, celle-ci pourrait se retourner contre le Secrétariat général du synode. Le synode, ce sont des discussions privées, pas des discussions secrètes, c'est un rassemblement pour tous, au cours duquel le pape François précisera ce qu'il veut voir faire.