Le nouveau calendrier
Les organisateurs du synode ont introduit un tout nouveau calendrier pour les travaux. En particulier, le projet de rapport de synthèse, qualifié par M. Ruffini de "court et transitoire", sera désormais présenté aux délégués sous la forme d'un document unique et non plus en deux parties. Cet ajustement vise à permettre un examen plus approfondi de la "feuille de route" pour la prochaine phase du processus synodal menant à la session de clôture qui se tiendra en octobre 2024.
En outre, une lettre au peuple de Dieu sera publiée à la fin de cette session synodale, marquant un changement par rapport à la pratique précédente qui consistait à ne la publier qu'à la fin de l'ensemble du processus synodal.
En conséquence, le synode interrompra ses activités l'après-midi du 23 octobre et tout au long du 24 octobre pour délibérer sur la lettre de l'assemblée au peuple de Dieu, discutée d'abord dans des cercles plus restreints, puis parmi la congrégation générale élargie.
Des questions sur la méthodologie du synode se posent
Ce nouveau calendrier démontre la capacité d'adaptation et de réaction des pères synodaux et que la synodalité, en tant que méthode, implique également une écoute constante. Mais il soulève aussi des inquiétudes quant à la possibilité que l'assemblée synodale se transforme en un débat permanent où rien ne peut être considéré comme définitif dans la pratique et où tout reste en discussion.
De nombreux participants ont exprimé des doutes sur la méthode, même si c'est de manière anonyme, par crainte de rompre la demande de confidentialité.
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Ces doutes portent sur la pratique consistant à assigner de nouvelles tables et de nouveaux sous-thèmes aux participants au début de chaque nouveau module, ainsi que sur le fait que, dans cette approche novatrice, chacun discute de thèmes particuliers à sa table, mais que peu d'entre eux sont censés avoir une vision globale du synode.
En outre, la courte durée de chaque interaction - limitée à quatre minutes - rend difficile l'articulation de pensées complexes et favorise donc les appels émotionnels. Au moins une intervention dans la congrégation générale aurait fait sourciller les participants, qui s'inquiètent de voir les faits manipulés à des fins émotionnelles.
Certains pères synodaux se sont également plaints que l'approche semble trop "occidentalo-centrée", du moins en ce qui concerne les questions liées à la sexualité et au genre. Toutefois, il reste à voir si le texte de synthèse englobera vraiment toutes les perspectives, puisque le texte final est voté, ce qui pourrait laisser de côté des nuances importantes et des points de vue divergents.
Il en résulte une démocratisation inévitable du processus. Cette démocratisation s'accompagne d'une subjectivation, sous-produit d'un processus d'écoute qui privilégie l'émotion à la raison. Chaque thème doit se retrouver dans le texte final, ce qui signifie qu'il n'y aura pas de conclusions formelles, pas de points de vue plus vrais que d'autres.
Jusqu'à présent, cette méthode semble maintenir les participants au synode dans une relative harmonie. Le cardinal Cristobal Lopez Romero, archevêque de Rabat, a souligné que dans les discussions, il y a "des divergences, mais jamais d'affrontements". Cependant, l'archevêque Zbigņev Stankevičs de Riga, en Lettonie, a été l'un des rares à faire publiquement des vagues. Lors de la conférence de presse quotidienne, il a défendu la prise en charge pastorale des homosexuels par l'Église, mais a tracé une ligne claire dans le sable en affirmant que les unions homosexuelles ne pouvaient pas être bénies parce qu'elles sont un péché.
Enfin, Mgr Gintaras Grušas, archevêque de Vilnius et président des évêques européens, a profité d'une homélie prononcée lors d'une des messes destinées aux participants pour mettre en garde contre le fait que la synodalité devienne une fin en soi et pour souligner le rôle de la synodalité au service de la mission d'évangélisation de l'Église.