Cette rencontre a été rendue publique par Vatican Media et perçue comme une approbation de l'approche de New Ways Ministry par le Pape François. Elle s'est déroulée en dépit d'une controverse sur le site web du synode, qui a été contraint de supprimer une vidéo de New Ways Ministry invitant les personnes LGBT à participer à l'assemblée.
Ordination des femmes et autres sujets clés
Outre les questions LGBTQ+, le synode a également engagé des discussions sur le diaconat féminin et a même envisagé la possibilité que des femmes prononcent des homélies, ce qui est déjà le cas en Suisse alémanique, où le prêtre est presque traité comme un simple fonctionnaire chargé de la consécration. Le sujet du "sacerdoce féminin" a même été abordé, soulevant des questions fondamentales sur le rôle des femmes dans l'Église, bien que les organisateurs du synode aient assuré que les changements de doctrine n'étaient pas à l'ordre du jour. Une intervention lors d'une session du matin aurait joué un rôle important dans cette discussion. Répondant aux appels à l'ordination des femmes non seulement au diaconat mais aussi, dans certains cas, à la prêtrise, une participante laïque a fait valoir que l'accent mis sur l'ordination des femmes détournait l'attention de ce dont les femmes de l'Église ont besoin et constituait une tentative de cléricalisation des laïcs. Cette intervention a été vivement applaudie.
La semaine a également été marquée par des délibérations sur le rôle des paroisses, des prêtres et des évêques. Mgr Ruffini a souligné que le synode n'était pas une simple "table ronde ou un talk-show", mais une "conversation de l'Esprit". Il reste cependant à voir quels seront les fruits de ces conversations de l'Esprit, dont la méthodologie est expliquée en détail dans le processus synodal, mais dont les résultats pratiques restent à comprendre.
Les débats théologiques
On parle beaucoup de la nécessité d'éviter l'agenda des médias pour le synode, et c'est une préoccupation légitime. Mais y a-t-il un agenda théologique pour le synode ? Le sujet est vivement débattu, car les interventions sont tellement proscrites qu'elles empêchent tout véritable débat et discussion théologique.
En dehors du synode, le 14 octobre, trois théologiens ont organisé une conférence intitulée : "Église et synode sont synonymes : styles et formes d'une Église synodale". Parmi les intervenants de cette réunion figurait l'archevêque Roberto Repole, un innovateur qui a récemment confié la gestion des paroisses à des laïcs dans son diocèse de Turin.
Mgr Repole a fait valoir que le concile Vatican II n'avait pas pleinement pris en compte les réalités des églises locales. Il a plaidé pour que la synodalité infuse l'Évangile dans la culture dans laquelle les Églises locales opèrent, en mettant l'accent sur la culture démocratique des Églises locales.
Pour Monseigneur Giacomo Canobbio, professeur émérite de la Faculté de théologie du Sud et autre intervenant, le synode est "une mise en œuvre d'une idée de l'Église qui vient de loin" et "une réponse aux signes des temps". Mais il s'agit surtout, selon lui, d'un antidote au cléricalisme, un thème que le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du synode, a également mis en exergue lors de la discussion du module B3.
Enfin, Simona Segoloni Ruta, professeur à l'Institut pontifical Jean-Paul II, a estimé que "parler des évêques sans parler du peuple de Dieu est impossible". Le synode est donc nécessaire car "il ne serait pas possible de réunir seulement les évêques si l'Église veut se sentir ensemble".
Au synode lui-même, les travaux ont commencé mercredi sur le module B3 de l'Instrumentum Laboris, le document de travail du synode, avec un accent sur "la question de l'autorité, sa signification et le style de son exercice au sein d'une Église synodale". Dans un discours prononcé devant l'assemblée synodale de la Congrégation générale, le père Dario Vitali, théologien italien, s'est concentré sur l'autorité et les changements concrets à apporter à l'Église institutionnelle. Le théologien a proposé la nécessité de "réimaginer l'Église dans une clé synodale, de sorte que l'Église tout entière et tout ce qu'elle contient - vie, processus, institutions - soient réinterprétés en termes de synodalité".
Ces discussions introduisent un éventail de perspectives, mais tous les participants ne partagent pas ces points de vue. Des rumeurs d'absences planifiées pour éviter les débats litigieux ou pour exprimer leur opposition à certaines positions ont circulé, remettant en cause la vision du synode comme un rassemblement harmonieux.