Avantages de l'écoute
"L'une des caractéristiques de la méthode [de discernement communautaire] est l'accent mis sur l'écoute", explique M. Lusvardi.
Comme chacun a la possibilité de s'exprimer et d'être entendu - ce qui peut être inhabituel dans un monde très bruyant - l'effet peut être "presque thérapeutique", a déclaré le prêtre.
"Comme les gens partagent le fruit de leur prière, la conversation est souvent plus patiente, plus ouverte et plus respectueuse", a-t-il ajouté. "Vous apprenez à connaître les autres personnes et leur vie de foi d'une manière plus profonde que lors de la plupart des réunions. L'accent est mis sur la compréhension avant l'évaluation".
Selon lui, cette méthode peut s'avérer très utile pour donner un bon ton aux participants d'une réunion. Dans une paroisse ou un diocèse, consacrer du temps à la prière sur une question avant de partager les fruits de cette prière - "avant de plonger dans les détails" - peut également s'avérer utile, selon lui.
Les limites de la méthode
Le jésuite a expliqué qu'il voyait également certains inconvénients à la méthode. Si elle est excellente pour aider les gens à mieux se comprendre, "elle n'est pas adaptée à un raisonnement théologique ou pratique minutieux ou complexe".
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"Pour cela, il faut une pensée critique, qui pèse le pour et le contre de ce que disent les gens. Cela exige également un degré d'objectivité que cette méthode n'est pas en mesure de fournir", a-t-il ajouté. "Une théologie saine doit toujours poser la question suivante : "C'est peut-être une bonne chose, mais est-ce vrai ?
La méthode du discernement communautaire met l'accent sur la compréhension mutuelle, de sorte qu'il peut être plus difficile de se demander si ce que dit quelqu'un est vrai, a fait valoir M. Lusvardi.
"Parfois, les gens ont des idées néfastes ; s'il peut être utile de les écouter, à un moment donné, il est irresponsable et peu charitable de ne pas corriger le mal. J'ai constaté que le processus n'est pas toujours bien adapté à cela dans la pratique".
Et la méthode ne peut se substituer aux preuves empiriques, à la révélation ou à l'enseignement de l'Église, a-t-il ajouté, rappelant que saint Ignace était "très clair sur le fait que toutes les choses ne sont pas l'objet d'un discernement".
"Si quelque chose est un péché, vous ne discernez pas si vous devez le faire ou non", a expliqué M. Lusvardi. "Si vous avez pris un engagement, vous ne discernez pas si vous devez y être fidèle ou non. Vous ne discernez que les choses qui sont bonnes".
"Si ce qui vous vient à l'esprit dans la prière contredit ce qui a été révélé par Jésus-Christ, alors ce n'est pas l'œuvre de l'Esprit Saint", a-t-il ajouté.
Le jésuite a expliqué qu'Ignace savait également que l'esprit malin peut se faire passer pour un ange de lumière et que les règles du saint pour le discernement des esprits "sont destinées à nous aider à éviter d'être trompés".
Il a mis en garde contre le fait que "parce que la méthode produit une expérience positive de partage de la foi, elle peut parfois conduire à des décisions naïves. Ce n'est pas parce que quelque chose nous vient à l'esprit dans la prière que c'est la volonté de Dieu. Elle doit être testée par la vérité objective et le raisonnement, et nous devons parfois faire notre autocritique".
Saint Ignace, a ajouté le prêtre, "n'avait pas non plus prévu que le discernement communautaire soit une caractéristique de la gouvernance de l'ordre des jésuites, qui est structuré de manière hiérarchique".
"Cette méthode peut donc être utilisée pour aider un supérieur à comprendre les hommes qu'il dirige et pour faire ressortir certains des sentiments et des préoccupations qui entourent les questions débattues, mais c'est toujours le supérieur qui prend la décision", a-t-il ajouté.