Ayant grandi dans un foyer non religieux, Delbrêl a passé son adolescence en tant qu'agnostique, mais frappée "par le témoignage de quelques amis", elle est partie "à la recherche de Dieu, donnant une voix à une soif profonde qu'elle ressentait en elle, et a appris que le "vide qui criait son angoisse en elle" était Dieu qui la cherchait", a déclaré le pape.
Plus tard, elle a déménagé avec sa famille dans la périphérie de Paris. C'est là, dans le contexte du mouvement ouvrier français et d'un parti communiste bien implanté, qu'elle a rencontré les pauvres et développé une conscience sociale.
Au milieu des turbulences sociales qui suivent la fin de la Première Guerre mondiale et de la santé fragile de son père, elle connaît une conversion intense en 1924 et sa vie prend un nouveau sens.
Elle se consacre à une vie de prière. Alors qu'elle souhaitait entrer chez les carmélites, la santé de son père l'en empêcha. Au lieu de cela, elle se consacre à la rencontre des "gens de la rue" et sa mission d'évangélisation est alors centrée sur l'assistance aux pauvres des villes et aux marginaux sociaux, en particulier dans les espaces sécularisés.
Elle a écrit plusieurs livres, dont "Marxist City", "Land Of Mission", "We, the Ordinary People of the Streets" et "The Joy of Believing". En 2018, le pape François a signé un décret déclarant que Mme Delbrêl avait mené une vie de vertu héroïque.
Le pape a cité Delbrêl, qui comparait la foi à une bicyclette : "Tu nous as choisis pour rester dans un équilibre étrange, un équilibre qui ne peut être atteint et maintenu que dans le mouvement, que dans l'élan. Un peu comme une bicyclette, qui ne tient debout que si ses roues tournent. ... Nous ne pouvons rester debout qu'en allant de l'avant, en nous déplaçant, dans un élan de charité".
Le pape a noté que Debrêl est un exemple d'évangélisation en tant que processus réciproque où "en évangélisant on est évangélisé".
"En regardant ce témoignage de l'Évangile, nous apprenons nous aussi que dans chaque situation ou circonstance personnelle ou sociale de notre vie, le Seigneur est présent et nous appelle à habiter notre propre temps, à partager notre vie avec les autres, à nous mêler aux joies et aux peines du monde", a déclaré le pape.
Il s'agit d'un témoignage fort et d'un moment de dialogue où, dans les "milieux sécularisés", le "contact avec les non-croyants incite le croyant à une révision continuelle de sa manière de croire et à redécouvrir la foi dans son essentialité".
Dans ses vœux aux pèlerins français, le Saint-Père a repris cette notion en disant : "Face à notre monde sécularisé, ne nous plaignons pas, mais voyons-y un appel à éprouver notre foi et une invitation à communiquer la joie de l'Évangile."