Impliquer davantage de femmes dans la formation des séminaires, exhorte un cardinal du Vatican

"Dans ce domaine, nous avons besoin de l'opinion des femmes, de leur intuition, de leur capacité à saisir le côté humain des candidats, de leur degré de maturité émotionnelle ou psychologique", a-t-il déclaré.

M. Ouellet a également déclaré qu'il pensait que les femmes avaient beaucoup à apporter dans la formation humaine des séminaires, un aspect qui, selon lui, est souvent sous-développé.

"Il faut évaluer le degré de liberté des candidats, leur capacité à être cohérents, à établir leur projet de vie, mais aussi leur identité psychosociale et psychosexuelle", a-t-il dit.

Le cardinal a ajouté que les femmes pouvaient également être utiles dans l'accompagnement spirituel, mais a déclaré qu'il pensait qu'il était préférable que seuls les prêtres soient les directeurs spirituels des séminaristes.

"Il ne s'agit pas seulement de promouvoir les femmes, mais de les considérer comme une partie intégrante de toute formation", a-t-il déclaré.

A la question de savoir pourquoi il y a parfois un "malaise" mutuel dans les relations entre les prêtres et les femmes, le cardinal a répondu que le problème allait probablement plus loin qu'un manque de formation dans la façon dont "la femme est traitée dans les familles".

Le malaise, a-t-il suggéré, est basé sur la peur, qui, selon lui, est plus souvent présente chez les hommes envers les femmes.

"Pour un prêtre, pour un séminariste, la femme représente un danger ! Alors qu'en réalité, le vrai danger est celui des hommes qui n'ont pas une relation équilibrée avec les femmes", a-t-il dit, arguant que "c'est ce que nous devons changer radicalement".

"C'est pourquoi, pendant la formation, il est important qu'il y ait des contacts, des comparaisons, des échanges" avec les femmes, selon Mme Ouellet. "Cela aide le candidat à interagir avec les femmes, de façon naturelle, et aussi à faire face au défi que représente la présence des femmes, l'attraction vers les femmes".

"Cela doit être enseigné et appris dès le début, en n'isolant pas les futurs prêtres qui se retrouvent alors brutalement dans la réalité ; et alors ils peuvent perdre le contrôle", a-t-il dit.

Lorsqu'on lui a demandé s'il était vrai qu'un plus grand nombre de femmes en formation au séminaire aurait pu contribuer à prévenir certains des incidents d'abus dans l'Église, le cardinal Ouellet a répondu : "Il y a certainement une part de vérité dans tout cela".

Il a noté que lorsque l'interaction entre hommes et femmes est absente, "il y a un risque de développer des compensations..." qui peuvent s'exprimer dans une mauvaise relation avec la nourriture, "dans l'exercice du pouvoir, ou dans des relations fermées, une fermeture qui devient manipulation, contrôle ... et qui peut conduire à des abus de conscience et des abus sexuels".

Donne Chiesa Mondo (Women Church World) est un magazine mensuel publié par le journal du Vatican L'Osservatore Romano. L'entretien avec Ouellet fait partie de l'édition de mai, qui sera publiée le 26 avril. L'interview a également été diffusée en italien et en français sur Vatican News le 24 avril.