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Les chrétiens et les musulmans en Algérie « maintiennent des liens » malgré le confinement : Évêque de Constantine

Mgr Nicolas Pierre Jean Lhernould, évêque du diocèse de Constantine en Algérie. Domaine public Mgr Nicolas Pierre Jean Lhernould, évêque du diocèse de Constantine en Algérie.
Domaine public

Les chrétiens et les musulmans du pays de l’Afrique septentrional l’Algérie, ont cherché à maintenir des liens interpersonnels allant au-delà de la religion, malgré les restrictions du COVID-19 et le mois sacré du Ramadan, a déclaré l'évêque de Constantine dans une interview à Vatican News.

« Les chrétiens et les musulmans vivent une relation intense les uns et les autres. Les deux communautés sont habituées à la fragilité, à la simplicité et au petit nombre que l'on rencontre pendant ce confinement », a déclaré Mgr Nicolas Pierre Jean Lhernould, qui a ajouté : « Les liens familiaux et de voisinage sont extrêmement importants dans ce pays, surtout pendant ce mois de jeûne et de festivités du Ramadan ».

« Il est donc très important de maintenir les liens tout d'abord par la prière car la solution n'est pas d'abord Internet, mais de se recentrer sur l'essentiel dans la prière et d'y trouver la source de la communion », a expliqué Mgr Lhernould.

« Il s'agit aussi d'être proches les uns des autres par des moyens numériques et par des relations de voisinage et de solidarité avec nos amis algériens qui sont eux-mêmes proches de ceux qui souffrent «, a-t-il poursuivi.

L'Algérie, un des principaux exportateurs de pétrole et de gaz, a confirmé un total de 4 997 infections au COVID-19, dont 2 067 récupérations et 476 décès, selon Worldometers.

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Les autorités de ce pays d'Afrique du Nord ont également prolongé pour la deuxième fois les restrictions de circulation de 15 jours jusqu'au 14 mai afin de contribuer à limiter la propagation du nouveau coronavirus.

Avec une présence catholique minoritaire dans une région à prédominance musulmane, Mgr Lhernould déclare : « Le dialogue interreligieux est particulièrement à l'œuvre en cette période de souffrance due au COVID-19 ».

« En Afrique du Nord, on dit qu'on ne choisit jamais sa maison, on choisit ses voisins, et c'est ce qui est important. C'est vraiment la relation avec ses voisins, la relation avec nos frères et sœurs musulmans, qui est fondamentale », a déclaré le prélat d'origine française.

« Paradoxalement, le confinement sur certains aspects nous rapproche en ce qu'il conduit à se préoccuper de la qualité de la relation avec l'autre en inventant des moyens qui ne sont pas des moyens ordinaires, ce qui est très touchant et qui, à mon avis, prépare aussi de belles perspectives pour l'après-confinement », a-t-il ajouté.

Comme exemple concret de ce lien entre chrétiens et musulmans durant cette période, le prélat de

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45 ans a raconté qu'il y a « une sœur dans notre communauté qui a dressé une liste d'une douzaine de musulmans, de ses amis, de ses familles et qu'elle rencontre régulièrement. Et elle a pris la décision de les appeler tous les jours à 10 heures ou à midi pour leur donner des nouvelles ».

« C'est quelque chose qui nous permet de maintenir le lien, de nous sentir proches et aussi de briser la solitude, qui est parfois lourde car il y a des gens qui vivent dans des espaces exigus, avec des familles qui peuvent être nombreuses et qui ne sont évidemment pas du tout habituées à ces circonstances, surtout pendant la période du Ramadan », a expliqué l'évêque. 

« Pour nous, maintenir des réunions à trois, quatre ou cinq est quelque chose de relativement habituel », a souligné Mgr Lhernould, reconnaissant que « cette période, qui touche tout le monde de plein fouet, est difficile humainement et socialement parce que nous sommes dans une société de relation à l'autre, ce qui est fondamental ».

Il a déclaré que le confinement est particulièrement douloureux pour les étudiants étrangers « qui sont confinés dans des campus aux mesures relativement strictes ».

Le prélat a invité les chrétiens et les musulmans d'Algérie à suivre l'exemple de saint Augustin, évêque d'Hippone : « Saint Augustin a été témoin de tant de défis à son époque et à la fin de sa vie, il a encouragé les communautés à rester fermes dans l'espérance et à être proactives face au changement afin de faire naître d'autres modes de vie et de fonctionnement ».

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Selon l'évêque de Constantine, « la vraie question que nous devons nous poser n'est pas de savoir combien cela nous coûtera de pouvoir reproduire ce que nous faisions auparavant, mais comment nous pouvons être proactifs en laissant d'autres façons de vivre émerger dans notre monde de ce que cette pandémie a révélé et qui a mis tout le monde devant ses limites, ses faiblesses et ses fragilités ».  

« La réflexion de saint Augustin à l'époque, dans les circonstances qu'il a vécues, est un trésor pour pouvoir inspirer notre propre réflexion aujourd'hui », a-t-il conclu.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.