Une fois le crucifix placé dans un endroit central au bord du sanctuaire, contre un autel nu, les fidèles sont invités à s'agenouiller devant lui et à l'embrasser, ce qui constitue un puissant souvenir de la passion du Christ, mais aussi une reconnaissance de la croix comme instrument de salut.
Pendant l'adoration de la croix, les reproches du Vendredi saint sont chantés en alternance par un chantre et un chœur. Il s'ouvre ainsi "Popule meus, quid feci tibi ? Aut in quo contristavi te ? Responde mihi" ("Mon peuple, que t'ai-je fait ? Comment t'ai-je offensé ? Réponds-moi").
Ce texte d'une tristesse et d'une beauté envoûtantes est suivi du premier reproche : "Quia eduxi te de terra Aegypti : parasti Crucem Salvatori tuo" ("Parce que je t'ai fait sortir du pays d'Égypte : tu as préparé une croix pour ton Sauveur"), illustrant le rejet fatal du Christ par le monde, en dépit de son amour et de ses actes salvateurs.
Voici le texte intégral des reproches :
Popule meus, quid feci tibi ?
Aut in quo contristavi te ?
Responde mihi.
(O mon peuple, que t'ai-je fait ?
Ou comment t'ai-je offensé ?
Réponds-moi).
Quia eduxi te de terra Aegypti :
parasti Crucem Salvatori tuo.
(Parce que je t'ai fait sortir du pays d'Égypte :
tu as préparé une croix pour ton Sauveur).
Hagios o Theos.
Sanctus Deus.
Hagios Ischyros.
Sanctus fortis.
Hagios Athanatos, eleison himas.
Sanctus immortalis, miserere nobis.
(O Dieu saint !
Ô Dieu saint !
Ô saint et fort !
Ô saint et fort !
Ô saint et immortel, ayez pitié de nous.
Ô saint et immortel, ayez pitié de nous).
Quia eduxi te per desertum quadraginta annis :
et manna cibavi te, et introduxi te in terram satis bonam :
parasti Crucem Salvatori tuo.
Hagios . . .
(Parce que je t'ai fait traverser le désert pendant quarante ans :
je t'ai nourri de la manne, et je t'ai conduit dans un pays extrêmement bon :
tu as préparé une croix pour ton Sauveur.
Ô Dieu saint ! . . .)
Quid ultra debui facere tibi, et non feci ?
Ego quidem plantavi te vineam meam speciosissimam :
et tu facta es mihi nimis amara :
aceto namque sitim meam potasti :
et lancea perforasti latus Salvatori tuo.
Hagios . . .
(Qu'aurais-je dû faire de plus pour toi que ce que je n'ai pas fait ?
Je t'ai planté, en effet, ma plus belle vigne :
et tu m'es devenue très amère :
car tu m'as donné du vinaigre à boire quand j'avais soif :
et tu as transpercé d'une lance le côté de ton Sauveur.
Ô Dieu saint ! . . .)
Ego propter te flagellavi Aegyptum cum primogenitis suis :
et tu me flagellatum tradidisti.
Popule meus . . .
(C'est à cause de toi que j'ai flagellé les premiers-nés d'Égypte :
Tu m'as livré à la flagellation.
O mon peuple . . .)