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Les conseils d'un archevêque kenyan sur la façon dont les journalistes peuvent encourager la conversion spirituelle

Les émotions ne sont pas une mauvaise chose dans le journalisme, surtout si elles conduisent à une réflexion spirituelle profonde et à la conversion, a-t-on dit aux journalistes catholiques du Kenya.

S'adressant aux journalistes catholiques du Kenya lors de leur atelier à Nairobi, Mgr Anthony Muheria a exhorté les participants à présenter leur contenu de manière à ce qu'il touche le cœur de leurs audiences respectives.

Mgr Muheria a rappelé aux journalistes catholiques qu'ils travaillent désormais dans un espace qui est passé de la communication de faits à celle d'opinions et d'émotions.

"Les médias sont en train de passer de la diffusion d'informations à la diffusion d'émotions. Le journalisme était autrefois axé sur les faits. Aujourd'hui, les gens ne veulent plus seulement savoir. Ils veulent aussi ressentir", a déclaré l'ordinaire local de l'archidiocèse catholique de Nyeri, récemment élu vice-président de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB).

Soulignant la nécessité pour les journalistes catholiques de faire bon usage des émotions, qu'il a également qualifiées de "pathos", Mgr Muheria a déclaré : "Nous devons entraîner nos voix à transmettre le sentiment et la puissance de ce que nous disons. À la radio, par exemple, les pauses sont un outil très efficace pour communiquer des émotions.

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Ce membre de l'Opus Dei, né au Kenya et ancien président de la Commission des communications sociales de la KCCB, a demandé aux journalistes catholiques de toujours inclure "quelque chose qui émeut la personne" dans leurs reportages.

"Nous devons vendre des sentiments et des valeurs qui conduisent à l'amour et à la réflexion spirituelle sur la manière dont nous nous comportons les uns avec les autres. Les relations sont une question de sentiments intérieurs. Ce que nous communiquons doit être présenté de manière à toucher le cœur", a-t-il déclaré.

Le chef de l'Église catholique a toutefois mis en garde les communicateurs catholiques contre la vente d'"émotions brutes".

"Les sentiments sans base spirituelle sont absolument vides. Nous devons communiquer avec la tête et le cœur, et combiner les deux. Notre foi doit valoir la peine d'être vécue", a-t-il souligné lors de son intervention du 23 avril à l'hôtel Radix de Karen, à Nairobi.

Mgr Muheria a déclaré que les médias laïques n'étaient pas un bon exemple de la manière d'utiliser les émotions dans les reportages, car ils essaient toujours de susciter la colère pour faire vendre leurs articles.

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Il a ajouté que certains médias laïques utilisent des photos macabres qui ne font que choquer leur public. "Dans un article sur les abus, certains médias entrent dans des détails qui incitent le public à haïr l'agresseur. En tant que communicateurs et journalistes catholiques, nous ne cherchons pas à susciter de telles émotions", a-t-il averti.

Selon l'ordinaire local de l'archidiocèse de Nyeri, qui est également administrateur apostolique du diocèse catholique d'Embu au Kenya depuis sa nomination en septembre 2023, les titres des journaux cherchent aujourd'hui à susciter des émotions.

Cela se voit dans la manière dont les médias investissent davantage dans les talk-shows que dans la collecte d'informations concrètes, a-t-il déclaré.

"Il y a trente ans, il n'y avait pas de talk-shows. Aujourd'hui, les talk-shows représentent un pourcentage plus important du contenu de la radio et de la télévision. Il ne s'agit plus de faits. Il s'agit d'opinions qui cherchent à susciter des émotions. Plus le discours est émotionnel, plus l'audience et l'engagement augmentent", a déclaré l'archevêque kenyan, qui fêtera ses 61 ans le 27 mai.

"En tant que journalistes catholiques, nous ne devons pas contribuer à susciter des émotions par la manipulation. Mais vos messages ne doivent pas non plus être plats. L'un des meilleurs moyens de communiquer des sentiments est de raconter des histoires. Les histoires, en particulier celles des personnes, touchent les cœurs", a-t-il ajouté.

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Dans son intervention du 23 avril, l'archevêque Muheria a également rappelé aux journalistes catholiques du Kenya qu'ils devaient s'adapter aux nouveaux changements dans les médias afin de rester pertinents dans un espace médiatique en constante évolution.

"Les choses évoluent si vite que nous devons constamment nous donner les moyens d'agir", a-t-il déclaré, avant d'expliquer : "Nous vivons un moment de transition. La transition est une courbe parabolique qui augmente très rapidement ces derniers temps. Si nous ne parvenons pas à suivre ce rythme rapide, nous serons laissés pour compte dans de nombreux domaines.

"Il est important qu'en tant que journalistes catholiques, nous comprenions dans quel espace nous travaillons. Cela nous permettra de savoir qui est notre public cible. Ceux qui travaillent dans le domaine de la radio sauront qui les écoute et comment changer l'auditoire. Nos radios doivent trouver des moyens d'interagir avec les jeunes", a déclaré Mgr Muheria.

Le chef de l'Église catholique, qui a commencé son ministère épiscopal en janvier 2004 en tant qu'évêque du diocèse d'Embu, a noté qu'une communication efficace pour les journalistes catholiques signifie redécouvrir de nouvelles voies de communication qui "voyagent jusqu'à l'esprit et au cœur du public cible".

L'atelier "Empowering Catholic Journalists in Environmental Advocacy" a été organisé par la Commission pour la communication sociale de la KCCB afin de doter les journalistes catholiques de compétences leur permettant de s'intéresser aux questions environnementales et donc de communiquer efficacement à ce sujet.

Les intervenants de l'atelier abordent un large éventail de sujets, notamment les bases du journalisme environnemental dans le contexte kenyan, les enseignements sociaux catholiques, la protection de notre maison commune (Laudato Si'), les documents de l'Église sur l'environnement et leurs implications pour les journalistes, entre autres.

Agnes Aineah