De même, il est possible de voir dans les migrants de notre époque, comme dans ceux de toutes les époques, une image vivante du peuple de Dieu en route vers la patrie éternelle. Leurs voyages d'espérance nous rappellent que « notre citoyenneté est dans les cieux, et c'est de là que nous attendons un Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ » (Ph 3,20).
Les images de l'exode biblique et des migrants présentent plusieurs similitudes. Comme le peuple d'Israël à l'époque de Moïse, les migrants fuient souvent l'oppression, les abus, l'insécurité, la discrimination et le manque de possibilités de développement. Comme les Juifs dans le désert, les migrants rencontrent de nombreux obstacles sur leur chemin : Ils sont éprouvés par la soif et la faim ; ils sont épuisés par le labeur et la maladie ; ils sont tentés par le désespoir.
Pourtant, la réalité fondamentale de l'Exode, de chaque exode, est que Dieu précède et accompagne son peuple et tous ses enfants en tout temps et en tout lieu. La présence de Dieu au milieu du peuple est une certitude de l'histoire du salut : « Le Seigneur ton Dieu marche avec toi, il ne te laissera pas tomber et ne t'abandonnera pas » (Dt 31, 6). Pour le peuple sorti d'Égypte, cette présence s'est manifestée sous différentes formes : une colonne de nuée et de feu qui montrait et éclairait le chemin (cf. Ex 13, 21), la tente de la rencontre qui protégeait l'arche de l'alliance, rendant tangible la proximité de Dieu (cf. Ex 33, 7), la perche avec le serpent d'airain qui assurait la protection divine (cf. Nm 21, 8-9), la manne et l'eau (cf. Ex 16-17) comme dons de Dieu au peuple affamé et assoiffé. La tente est une forme de présence particulièrement chère au Seigneur. Sous le règne de David, Dieu a choisi d'habiter dans une tente, et non dans un temple, afin de pouvoir marcher avec son peuple, « de tente en tente et de demeure en demeure » (1 Chr 17, 5).
De nombreux migrants font l'expérience de Dieu comme compagnon de voyage, guide et ancre de salut. Ils se confient à lui avant de partir et le recherchent en cas de besoin. En lui, ils trouvent la consolation dans les moments de découragement. Grâce à lui, il y a de bons samaritains sur le chemin. Dans la prière, ils lui confient leurs espoirs. Combien de bibles, d'évangiles, de livres de prières et de chapelets accompagnent les migrants dans leurs voyages à travers les déserts, les fleuves, les mers et les frontières de tous les continents !
Dieu ne marche pas seulement avec son peuple, mais aussi en lui, en ce sens qu'il s'identifie aux hommes et aux femmes qui traversent l'histoire, en particulier aux plus petits, aux pauvres et aux marginaux. Il s'agit là d'un prolongement du mystère de l'Incarnation.
C'est pourquoi la rencontre avec le migrant, comme avec tout frère et sœur dans le besoin, « est aussi une rencontre avec le Christ. Il l'a dit lui-même. C'est lui qui frappe à notre porte, affamé, assoiffé, étranger, nu, malade et emprisonné, demandant à être rencontré et aidé « (Homélie, Messe avec les participants à la rencontre “ Libérés de la peur ”, Sacrofano, 15 février 2019). Le jugement final de Matthieu 25 ne laisse aucun doute : « J'étais un étranger et vous m'avez accueilli » (v. 35) ; et encore « en vérité, je vous le dis, comme vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (v. 40). Chaque rencontre sur le chemin représente une occasion de rencontrer le Seigneur, une occasion chargée de salut, parce que Jésus est présent dans la sœur ou le frère qui a besoin de notre aide. En ce sens, les pauvres nous sauvent, parce qu'ils nous permettent de rencontrer le visage du Seigneur (cf. « Message pour la troisième Journée mondiale des pauvres », 17 novembre 2019).
Chers frères et sœurs, en cette journée dédiée aux migrants et aux réfugiés, unissons-nous dans la prière pour tous ceux qui ont dû quitter leur terre à la recherche de conditions de vie dignes. Faisons route avec eux, soyons « synodaux » ensemble et confions-les, ainsi que la prochaine Assemblée synodale, « à l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, signe d'espérance sûre et de consolation pour le peuple fidèle de Dieu qui poursuit son chemin » ("XVIe Assemblée générale ordinaire - Rapport de synthèse : Poursuivre le voyage").
Prière
Dieu, Père tout-puissant,
nous sommes ton Église pèlerine