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Les chrétiens d'Égypte se lancent dans la construction d'églises alors que la persécution s'intensifie

Les projets ecclésiastiques qui avaient été interrompus en Égypte lorsque ce pays d'Afrique du Nord était dominé par les Frères musulmans reprennent, car les chrétiens du pays commencent à jouir d'une certaine liberté.

Selon la fondation pontificale catholique et caritative Aide à l'Église en détresse (AED) International, les chrétiens d'Égypte jouissent aujourd'hui d'une plus grande liberté de culte qu'il y a quelques années, lorsque le pays était dominé par le groupe islamiste radical qui a gouverné de 2012 jusqu'au début du mois de juillet 2013.

Le patriarche d'Alexandrie, l'archevêque Ibrahim Sidrak, a déclaré à l'AED que même si les chrétiens d'Égypte subissent encore différents types de persécution, les coptes catholiques du pays ont jugé nécessaire de se lancer dans la construction d'églises afin de fournir des soins pastoraux à leurs membres.

L'archevêque Sidrak déclare : "Maintenant que le gouvernement a levé les obstacles à la construction de nouvelles églises, tous les diocèses ont des projets de construction".

"Les églises sont le cœur de nos communautés et sont difficiles d'accès pour de nombreux paroissiens. Ceux qui habitent loin doivent dépenser jusqu'à un quart de leur salaire pour pouvoir emmener leur famille en bus à l'église pour la messe du dimanche", déclare l'archevêque dans le rapport de l'AED du mercredi 19 juin.

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Un exemple de projets ecclésiastiques qui ont repris dans le pays est la cathédrale de Louxor, qui a brûlé en 2016 et qui est en cours de restauration avec le soutien de l'AED.

L'archevêque Sidrak, qui dirige l'Église catholique copte qui compte quelque 300 000 fidèles, aurait déclaré : "L'un des exemples les plus emblématiques de la soif de reconstruction des catholiques coptes est notre cathédrale de Louxor, qui a été incendiée. Elle sera bientôt entièrement restaurée, notamment grâce au soutien de la Fondation ACN."

L'AED rapporte que les 23 et 26 avril, les villages d'Al-Fawakher et d'Al-Koum, tous deux situés dans la province de Minya, ont été attaqués par des foules de musulmans en colère à l'idée de construire des églises chrétiennes dans ces lieux.

Selon l'organisation caritative, cet épisode n'est qu'un cas isolé, car les chrétiens égyptiens jouissent aujourd'hui d'une "plus grande liberté de culte", contrairement à l'époque difficile où les Frères musulmans gouvernaient le pays.

Revenant sur la période difficile de l'arrivée au pouvoir des radicaux islamiques dirigés par Mohamed Morsi, l'archevêque Sidrak a déclaré : "Sous le gouvernement de Mohamed Morsi, les attaques contre les coptes ont grimpé en flèche".

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Le règne de Morsi, raconte l'archevêque, "a été terrible, mais heureusement de courte durée".

"Je pense que les Égyptiens se sont dit en 2012, lorsqu'ils sont allés voter, qu'ils n'avaient jamais donné de chance aux Frères musulmans et qu'ils devaient essayer. Ils ne referont pas la même erreur", a déclaré Mgr Sidrak.

Il a noté qu'en dépit de l'éloignement du pouvoir, l'ombre des radicaux musulmans demeure. Pour l'archevêque, "ce type de mouvement ne meurt jamais, mais le gouvernement actuel prend la menace très au sérieux et ils ne dominent plus la société égyptienne".

"Quand ils détenaient tout le pouvoir, en 2012 et 2013, il était très risqué pour un chrétien de marcher seul dans la rue", a rappelé l'archevêque, avant d'ajouter : "Nos églises étaient menacées et des centaines ont été brûlées ! Aujourd'hui, nous vivons dans une sécurité relative. Il y a des fanatiques et des terroristes, comme partout, mais ils sont sous contrôle".

Selon l'AED, il existe encore des "signes inquiétants" de persécution chrétienne en Égypte. La fondation qui documente les persécutions religieuses dans le monde affirme que les chrétiens d'Égypte sont souvent victimes d'attaques et de crimes, qu'ils sont discriminés par la loi et qu'ils ne jouissent pas des mêmes droits que leurs concitoyens musulmans.

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Mais tout n'est pas négatif, selon Mgr Sidrak. "Oui, nous connaissons des difficultés, notamment le chômage des jeunes.

"Nous avons une démographie impressionnante ! Deux millions d'Égyptiens naissent chaque année ! Et le marché de l'emploi ne suit pas. Beaucoup de jeunes sont touchés par le chômage, ce qui crée des frustrations", explique l'archevêque.

Et d'ajouter : "Nous recevons aussi beaucoup de migrants en provenance de pays en guerre. Nous avons déjà reçu des Syriens et maintenant ce sont les Soudanais qui viennent chercher refuge chez nous."

Face à ces défis, l'Église catholique copte s'est mobilisée non seulement pour accueillir les migrants, mais aussi pour renforcer son rôle social, notamment dans les domaines de l'éducation et de la santé.

Dans le rapport publié le 20 juin, l'archevêque indique qu'aujourd'hui, de nombreux musulmans souhaitent envoyer leurs enfants dans des écoles catholiques. "Cela permet non seulement d'éduquer notre peuple, mais aussi de le garder uni, malgré les différences religieuses", explique Mgr Sidrak.