Advertisement

Manque de patriotisme, distribution inégale des ressources, parmi les manifestations de "cécité" en RCA : Les évêques

La République centrafricaine (RCA) souffre de multiples conditions qui ont laissé le pays en proie à des déficiences potentiellement mortelles, ont déploré les évêques catholiques du pays.

Dans une déclaration publiée dimanche 23 juin, les membres de la Conférence épiscopale centrafricaine (CECA) font référence au sort de Bartimée dans l'Évangile de Marc et qualifient les maux du pays de "cécité".

Les membres de la CECA trouvent regrettable que "notre pays et certains de ses citoyens semblent souffrir de cécité".

Cette cécité, déplorent-ils, se caractérise par "la volonté de prendre les armes pour résoudre nos différends, le partage inégal des richesses nationales, le népotisme et la discrimination ethnocentrique et régionaliste, l'absence de conscience historique et de culture de la mémoire".

"La perte du sens du patriotisme et du bien commun, l'absence d'un véritable dialogue politique guidé et animé par les seuls intérêts souverains de la nation, sont autant de signes évidents de cécité", déplorent encore les dirigeants de l'Église catholique en RCA dans la déclaration qu'ils ont publiée à l'issue de leur assemblée plénière du 18 au 24 juin dans l'archidiocèse catholique de Bangui.

Advertisement

Dans la déclaration publiée sous le titre "Prends courage, lève-toi, il t'appelle", qui rappelle l'appel de Jésus à Bartimée, l'aveugle, rapporté dans Marc 10:49, les évêques catholiques comparent les maux de la RCA à des "structures de péché" qui empêchent le pays de progresser.

"Tous ces comportements s'apparentent à des structures de péché qui entravent le redressement de notre pays et nous condamnent à rester des Bartimée assis sur le bord de la route de l'histoire", affirment les membres de la CECA.

Ils ajoutent : "L'histoire récente de notre pays nous a conduits au fond de l'abîme. Certains pensent que la République centrafricaine ne peut plus s'élever pour devenir le sujet et le protagoniste de sa propre histoire".

"Une fois de plus, la foi et la résilience de l'aveugle Bartimée viennent au secours de notre abattement", disent les évêques catholiques en RCA, et expliquent : "Bartimée refuse de rester dans sa situation. Il refuse toute fatalité. Il crie vers Jésus parce qu'il le croit capable de le sortir de l'abîme dans lequel il se trouve. Son cri de détresse résonne en Jésus qui, contrairement à la foule, s'arrête et ordonne d'appeler le mendiant."

"Il y a encore beaucoup de personnes dans notre pays aujourd'hui, dont la dignité est bafouée et piétinée", disent-ils en rappelant la situation de Bartimée avant que Jésus ne l'appelle.

Plus en Afrique

"C'est le cas, par exemple, des personnes vivant avec un handicap, des sourds-muets, des minorités (pygmées), des femmes et des enfants victimes de violences et d'abus, des veuves et des orphelins dépossédés et maltraités, des personnes âgées livrées à elles-mêmes, des personnes accusées de sorcellerie victimes de la vindicte populaire, des personnes exploitées dans les sites miniers, notamment les enfants, etc", poursuivent les membres de la CECA.

Ils déplorent qu'en RCA, "de nombreuses et intéressantes recommandations des forums et dialogues nationaux, politiques et républicains visant à ouvrir la voie au redressement, à la justice, à la réconciliation et à la paix sont restées lettre morte et constituent un catalogue de bonnes intentions sans lendemain".

"Bartimée a le courage, la volonté et la détermination de sortir de sa situation. Son cri de détresse est, selon le pape François, le paradigme idéal de la belle obstination de ceux qui cherchent la grâce et qui frappent à la porte du cœur de Dieu", soulignent-ils.

Les membres de la CECA affirment que "la Parole de Dieu est créatrice et a le pouvoir de transformer l'homme et tout l'homme, de le renouveler et de le remettre debout".

Ils reconnaissent avec appréciation la résilience du peuple de Dieu en RCA au milieu des défis, en disant : "Malgré les hauts et les bas des crises militaires et politiques répétées de notre pays, malgré les traumatismes, les souffrances profondes et les cicatrices indélébiles qui marquent notre histoire, notre peuple a toujours fait preuve de résilience."

Advertisement

"L'Église-Famille de Dieu en Centrafrique, pour sa part, a toujours été l'un des leviers de cette résilience de la nation centrafricaine, par son engagement en faveur de la dignité de la personne humaine", affirment les membres de la CECA dans leur déclaration du 23 juin.