"Mais pour écouter, il faut donner et susciter la parole de manière authentique. Nous pourrions copier la méthode de la circularité de la parole dans certaines cultures, dont la mienne, organisée sur la base de groupes d'âge", a déclaré le natif du diocèse catholique de Yopougon, en Côte d'Ivoire, lors de l'événement virtuel du 21 juin.
Il a expliqué : "Dans cette culture, quel que soit le sujet à l'ordre du jour, le modérateur lance le débat et la parole circule selon un ordre connu à l'avance. Les plus jeunes sont écoutés en premier, car ils sont censés exécuter les ordres avant les aînés et les décideurs. Le leader ne prend la parole qu'à la fin du débat, lorsque tous les membres des strates générationnelles se sont exprimés librement".
"Lorsque le leader prend enfin la parole, il est assez sage pour aller vers un consensus", a déclaré l'ancien président de la Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire (CECCI), qui est à la tête de l'archidiocèse de Korhogo depuis février 2021.
Mon expérience pastorale en tant qu'évêque a été modelée sur cette manière culturelle de faire les choses", a-t-il poursuivi. En effet, avant toute directive pastorale, je réunis les agents pastoraux autour du thème proposé. Plusieurs agents pastoraux traitent des différents aspects du thème sous l'œil attentif du modérateur.
"Les discussions s'ensuivent sans censure. Un comité de recommandation recueille les résultats de ces débats et les propose à l'évêque, qui rédige les lignes directrices", précise encore le responsable de l'Église catholique, qui est l'un des trois papes africains nommés pour le Synode sur la synodalité.
"Cette expérience m'a permis de donner des directives pastorales et même économiques sans que les agents pastoraux n'aient à dire quoi que ce soit, reconnaissant ensemble que l'Esprit a parlé à travers tout le monde", a déclaré Mgr Dogbo.
Réfléchissant à la deuxième approche, l'implication des femmes dans le déroulement des processus, l'archevêque de 62 ans a déploré : "L'Église est féminine en Afrique, en particulier dans mon diocèse. Pourtant, les femmes sont exclues de l'exercice du pouvoir".
Le rôle des femmes, a ajouté le chef de l'Église catholique, "doit être reconnu et revalorisé dans ce processus providentiel en cours dans notre Église". Il n'est pas facile de rénover, mais si la volonté de l'homme rencontre celle de l'Esprit Saint, alors l'impossible devient possible".
Il a raconté l'expérience d'une religieuse de l'archidiocèse catholique de Korhogo, qui a dirigé une commission diocésaine où les femmes étaient reléguées à l'arrière-plan.
"Elle a mené le processus avec dextérité, malgré les obstacles culturels", a rappelé Mgr Dogbo, avant d'ajouter : "Nous espérons avoir ainsi aidé les hommes à accorder une égale dignité aux femmes et à surmonter les préjugés qui nous empêchent d'aller de l'avant avec l'extraordinaire intelligence des femmes".