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Un archevêque catholique en Côte d'Ivoire propose trois "approches les plus efficaces pour la synodalité"

Mgr Ignace Bessi Dogbo, récemment nommé Ordinaire local de l'archidiocèse catholique d'Abidjan en Côte d'Ivoire, propose trois approches qu'il juge "efficaces" pour faciliter un processus synodal participatif en Afrique.

Dans sa présentation lors d'une conversation en ligne qui vise à approfondir la compréhension du rapport de synthèse du synode en cours sur la synodalité avant la session du 2 au 29 octobre 2024 à Rome, Mgr Dogbo a déclaré que le synode "nous aide à regarder vers l'intérieur, à mieux vivre l'Église du Christ comme une communauté de disciples, où le maître a lavé les pieds des disciples. Dans cette communauté, les structures de gouvernement deviennent des structures de communion, où nous marchons ensemble, en tenant compte de chacun".

Dans cette marche commune, l'archevêque catholique a mis l'accent sur trois approches qu'il considère comme "plus efficaces pour une synodalité participative en Afrique".

Il a proposé l'adoption d'une circularité du discours, des exécutants aux décideurs ; l'implication des femmes dans le déroulement des processus ; et l'intégration de la communion telle qu'elle est vécue concrètement.

Réfléchissant à l'adoption de la circularité du discours, des exécutants aux décideurs, l'archevêque ivoirien a déclaré : "Le mot d'ordre de la synodalité est l'écoute au-delà des méthodes et des thèmes".

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"Mais pour écouter, il faut donner et susciter la parole de manière authentique. Nous pourrions copier la méthode de la circularité de la parole dans certaines cultures, dont la mienne, organisée sur la base de groupes d'âge", a déclaré le natif du diocèse catholique de Yopougon, en Côte d'Ivoire, lors de l'événement virtuel du 21 juin.

Il a expliqué : "Dans cette culture, quel que soit le sujet à l'ordre du jour, le modérateur lance le débat et la parole circule selon un ordre connu à l'avance. Les plus jeunes sont écoutés en premier, car ils sont censés exécuter les ordres avant les aînés et les décideurs. Le leader ne prend la parole qu'à la fin du débat, lorsque tous les membres des strates générationnelles se sont exprimés librement".

"Lorsque le leader prend enfin la parole, il est assez sage pour aller vers un consensus", a déclaré l'ancien président de la Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire (CECCI), qui est à la tête de l'archidiocèse de Korhogo depuis février 2021.

Mon expérience pastorale en tant qu'évêque a été modelée sur cette manière culturelle de faire les choses", a-t-il poursuivi. En effet, avant toute directive pastorale, je réunis les agents pastoraux autour du thème proposé. Plusieurs agents pastoraux traitent des différents aspects du thème sous l'œil attentif du modérateur.

"Les discussions s'ensuivent sans censure. Un comité de recommandation recueille les résultats de ces débats et les propose à l'évêque, qui rédige les lignes directrices", précise encore le responsable de l'Église catholique, qui est l'un des trois papes africains nommés pour le Synode sur la synodalité.

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"Cette expérience m'a permis de donner des directives pastorales et même économiques sans que les agents pastoraux n'aient à dire quoi que ce soit, reconnaissant ensemble que l'Esprit a parlé à travers tout le monde", a déclaré Mgr Dogbo.

Réfléchissant à la deuxième approche, l'implication des femmes dans le déroulement des processus, l'archevêque de 62 ans a déploré : "L'Église est féminine en Afrique, en particulier dans mon diocèse. Pourtant, les femmes sont exclues de l'exercice du pouvoir".

Le rôle des femmes, a ajouté le chef de l'Église catholique, "doit être reconnu et revalorisé dans ce processus providentiel en cours dans notre Église". Il n'est pas facile de rénover, mais si la volonté de l'homme rencontre celle de l'Esprit Saint, alors l'impossible devient possible".

Il a raconté l'expérience d'une religieuse de l'archidiocèse catholique de Korhogo, qui a dirigé une commission diocésaine où les femmes étaient reléguées à l'arrière-plan.

"Elle a mené le processus avec dextérité, malgré les obstacles culturels", a rappelé Mgr Dogbo, avant d'ajouter : "Nous espérons avoir ainsi aidé les hommes à accorder une égale dignité aux femmes et à surmonter les préjugés qui nous empêchent d'aller de l'avant avec l'extraordinaire intelligence des femmes".

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En ce qui concerne la troisième approche, l'intégration de la communion telle qu'elle est vécue concrètement, l'archevêque a déclaré : "L'Église synodale est une Église dans laquelle nous marchons ensemble dans la communion, la participation et la mission".

"Peut-être cette marche ensemble se limite-t-elle à l'aspect spirituel, ce qui serait en totale contradiction avec l'esprit de la Pentecôte. C'est certainement là que l'Église d'Afrique, avec ses moyens limités, devrait donner l'exemple d'une Église capable de vivre une communion organisée au service de tous ses membres", a déclaré Mgr Dogbo.

Il a ajouté que l'Église en Côte d'Ivoire a essayé de "s'organiser pour réduire, voire éradiquer, la pauvreté qui sévit dans nos sociétés africaines".

"Une option claire devrait être prise pour mettre cette approche au centre et non à la périphérie de ce processus, car c'est cette approche qui permet de jauger l'ensemble de la marche en synodalité", a déclaré l'archevêque catholique ivoirien.

Les participants à la conversation virtuelle du 21 juin organisée par le Réseau panafricain de théologie et de pastorale catholiques (PACTPAN) en collaboration avec la Conférence des Supérieurs Majeurs d'Afrique et de Madagascar (COMSAM) ont exploré le thème "Méthodes, processus et approches synodales africaines".

Dans sa présentation du 21 juin, Mgr Dogbo a souligné quelques leçons tirées du processus synodal, en déclarant : "Le processus synodal nous aide à avoir une conversation dans l'Esprit Saint qui est une véritable conversation de foi, dans laquelle nous admettons que l'Esprit parle dans l'autre, quel qu'il soit".

Il a ajouté : "Le processus synodal me fait comprendre que je ne suis pas le propriétaire de l'Église, mais le serviteur de l'Église. La synodalité fait de moi un membre d'une Église unie, d'une multitude de frères et de sœurs."