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Un responsable des cadres catholiques souligne les "stratégies" de la génération Z lors des manifestations au Kenya

Le président du Mouvement kényan des cadres catholiques (KMCP) a mis en évidence certaines des "stratégies" utilisées par la jeunesse kényane lors des manifestations contre le projet de loi de finances 2024 controversé, qu'elle a menées avec succès en juin.

Dans son rapport de situation partagé avec ACI Afrique mardi 2 juillet, Samuel Mukundi analyse les manifestations organisées par la génération Z qui ont commencé le 18 juin, le jour où le projet de loi a été présenté au Parlement pour être débattu. Des centaines de jeunes et quelques militants des droits de l'homme sont descendus dans les rues de Nairobi pour exhorter les législateurs à ne pas voter en faveur du projet de loi lors de sa deuxième lecture, prévue le 20 juin.

Le 26 juin, le président William Samoei Ruto a annoncé qu'il n'approuverait pas le projet de loi, cédant ainsi à la pression croissante de l'opinion publique après que les manifestations, auparavant pacifiques, ont dégénéré en violences, entraînant des pertes en vies humaines et des destructions de biens.

"Sans leader

"La manifestation n'a pas de direction officielle. Il y a des leaders d'opinion, mais ils n'ont pas de titres ou de postes officiels et n'ont pas défini de système de contrôle sur le caucus virtuel", explique M. Mukundi.

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Le président du KMCP, membre de la Commission pour la pastorale et l'apostolat des laïcs de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB), ajoute que le fonctionnement des manifestations "est basé sur des communications en temps réel sur les mouvements et les stratégies du caucus".

Une "nouvelle marque" de manifestants

Les véritables manifestants étaient des jeunes kenyans, qui "se sont regroupés pour tenir ensemble et ont posé pour des photos sur des camarades tombés au combat, défiant la police de les abattre à leur tour", note M. Mukundi.

Il ajoute que "des jeunes femmes ont pris des selfies avec les policiers, les défiant de prendre n'importe quelle mesure et les postant dans leur monde virtuel, tout en donnant des conseils de sagesse à qui voulait bien les écouter".

Dans sa déclaration de cinq pages communiquée à ACI Afrique le 2 juillet, le président des professionnels catholiques du Kenya a noté que "l'image habituelle des voyous était absente des premières manifestations".

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Il est regrettable qu'au fil des jours, des gangs criminels se soient infiltrés et se soient livrés à des pillages, à des incendies de maisons et de bureaux de dirigeants et à d'autres activités illégales", déplore-t-il.

Volontaires

Les jeunes qui participent activement aux manifestations "ont partagé les ressources en fonction des moyens de chacun", explique M. Mukundi, ajoutant que "les affiches ont été conçues et publiées par des volontaires".

Les vrais manifestants ont réalisé ce que le président de la KMCP décrit comme "un véritable mouvement citoyen".

Les services bénévoles des médecins dans les grandes villes, y compris ceux de la basilique de la Sainte Famille de l'archidiocèse catholique de Nairobi (ADN), étaient uniques, explique M. Mukundi, consultant en stratégie et développement communautaire.

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"Des ambulances ont été données pour transporter les blessés vers les hôpitaux afin qu'ils y reçoivent des soins plus poussés. À l'hôpital national Kenyatta, un théâtre de fortune a été ouvert dans les couloirs de l'hôpital pour prodiguer des soins d'urgence aux blessés graves", se souvient-il, avant d'ajouter : "Cette action a permis de sauver un grand nombre de personnes qui, autrement, se seraient vidées de leur sang à la suite de multiples coups de feu".

M. Mukundi reconnaît également la présence d'avocats dirigés par la Law Society of Kenya (LSK), qui ont offert des services juridiques gratuits, notamment en s'élevant contre les enlèvements et les arrestations arbitraires.

Le forum X

Dans son rapport de situation intitulé "The Political Eruption in Kenya, The GenZ Protests", M. Mukundi indique que "des réunions sur l'espace X ont été organisées sans limite de temps, accueillant plus de 60 000 participants au cours d'une session prolongée".

Il reconnaît également les "sanctions imposées aux églises pour qu'elles n'acceptent pas le patronage politique et qu'elles ne bénéficient pas des produits de la corruption".

"Plusieurs collectes de fonds dans les églises prévues avec des politiciens ont été annulées ces derniers jours", indique M. Mukundi dans son rapport de situation communiqué à ACI Afrique le 2 juillet.

 

Silas Isenjia