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Les chefs d'église en Zambie dénoncent le "harcèlement des médias" et réclament la liberté de la presse

Les représentants du Groupe de surveillance des églises chrétiennes (CCMG) en Zambie. CCMG Les représentants du Groupe de surveillance des églises chrétiennes (CCMG) en Zambie.
CCMG

Les dirigeants représentant les différents groupes d'églises en Zambie ont, dans une déclaration collective, "fermement condamné" la violation de la liberté de la presse dans leur pays, suite à de multiples incidents au cours desquels les dirigeants du principal parti d'opposition ont été empêchés de participer à des émissions de radio programmées ou leurs programmes ont été interrompus à mi-chemin.

Dans leur déclaration du 19 mai 2020, les dirigeants des Églises, sous l'égide de leur organisme de tutelle, le Groupe de surveillance des Églises chrétiennes (CCMG), font particulièrement référence à trois incidents survenus ces derniers jours.

Entre le 13 et le 18 mai 2020, le président du principal parti d'opposition zambien, le Parti uni pour le développement national (UPND), Hakainde Hichilema, s'est vu interdire de passer sur différentes radios situées à Mpika et Chinsali, au nord de ce pays d'Afrique australe.

"Le CCGM condamne avec la plus grande fermeté les actions du commissaire du district de Mpika qui a ordonné à Mpika FM de ne pas diffuser une émission payante mettant en vedette le président du Parti uni pour le développement national (UPND), le 13 mai 2020", ont déclaré les représentants du CCGM. 

Le deuxième et troisième incident, soulignent les dirigeants de CCMG, concernent "l'entrée non autorisée de cadres présumés de l'IP dans les studios de Muchinga Radio à Chinsali le 15 mai 2020 pour perturber une autre émission payée par téléphone mettant en scène le président de l'UPND ; et l'attaque d'Isoka FM le 18 mai lors d'une interview du président de l'UPND".

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"Le Groupe de surveillance des églises chrétiennes (CCMG) est très préoccupé par l'intimidation et le harcèlement continus des médias", ont déclaré les dirigeants des églises dans leur message collectif. Avant de poursuivre : "les récents événements (sont) destinés à limiter la liberté de la presse, à censurer et à intimider les médias".

Cependant, les dirigeants ont déclaré dans leur message signé par le président du Comité directeur du CCGM le père cleophas Lungu, secrétaire général de la conférence des évêques catholiques de Zambie (ZCCB), basée à Lusaka :"Ces actes d'intimidation représentent une restriction de la liberté de la presse, qui est une composante fondamentale de notre démocratie". Avant d'ajouter :"Dans le monde entier, une presse libre joue un rôle important dans une société démocratique, en permettant la diffusion de l'information et en offrant un espace d'échange d'opinions et d'idées".

Toutefois, en réponse aux incidents soulignés par les dirigeants de l'église, la ministre zambienne de l'information et des services de radiodiffusion, Dora Siliya, aurait déclaré : "Le gouvernement est profondément troublé par les rapports faisant état d'interférences dans la programmation de certaines stations de radio dans les districts de Mpika et de Chinsali, où certains programmes auraient été interrompus et des directives illégales ordonnées".

Dans sa déclaration, elle a cité la loi sur l'autorité indépendante de radiodiffusion du pays, qui interdit à toute personne "d'inciter d'autres personnes à prendre d'assaut une station de radio et à perturber un programme de diffusion ou à ordonner à une station de diffusion de diffuser d'une certaine manière".

Si les dirigeants de l'Eglise reconnaissent la déclaration du ministre de l'information et des services de radiodiffusion dans leur message collectif, ils appellent toutefois l'Autorité indépendante de radiodiffusion à "jouer son rôle en assurant la protection des médias par le biais des lois existantes afin de garantir que les maisons de médias fonctionnent de manière indépendante".

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Ils demandent aux forces de l'ordre "d'enquêter sur les incidents de Chinsali et d'Isoka et de veiller à ce que les individus impliqués soient traduits en justice".

Ils ont demandé "aux fonctionnaires de s'abstenir d'utiliser leur bureau pour intimider les médias, et que ceux qui le font soient sanctionnés selon les procédures appropriées".

"En ces temps difficiles de la pandémie du COVID-19, les gouvernements ont le devoir de maintenir et de protéger la liberté de la presse afin que le libre partage de l'information soit garanti", ont déclarés les représentants du CCGM.

Ils poursuivent : "Les défis de COVID-19 ne devraient pas être utilisés pour limiter la liberté de la presse, ou l'échange d'idées et d'opinions".

Les dirigeants citent également le Secrétaire général des Nations Unies qui, lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse, a déclaré : "Relever les défis de la pandémie COVID-19 dépend de la liberté des médias et de l'indépendance des reportages".

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Fondé en 2015 comme une alliance de quatre organisations chrétiennes, le CCG est un observateur électoral indépendant et non partisan dans le pays comprenant quatre forums chrétiens : ZCCB, le Conseil des Églises de Zambie (CCZ), l'Alliance évangélique de Zambie (EFZ) et le Centre jésuite de réflexion théologique (JCTR).

Au regard de ce qui précède, dans leur déclaration du 19 mai, les dirigeants envisagent l'année prochaine en disant : "Alors que nous nous préparons aux élections de 2021, les médias doivent rester libres dans le cadre d'un processus électoral démocratique, transparent et crédible".