Les laïcs catholiques du Sénégal "indignés" par les remarques du Premier ministre sur le foulard islamique

Les membres de la CNL déplorent que les "allusions faites dans les déclarations du Premier ministre tendent dangereusement à faire croire qu'être catholique, c'est avoir la culture occidentale, pour laquelle d'ailleurs l'Église n'a pas de préjugés".

"Les écoles privées catholiques dépendent entièrement de la Province ecclésiastique de Dakar qui regroupe les sept diocèses du pays et respecte les lois et règlements qui régissent notre Nation", ajoutent-ils.

Les membres de la CNL soulignent que "le Sénégal est un pays où les diverses cultures ont longtemps coexisté en harmonie. Cette coexistence pacifique d'une pluralité de cultures et de croyances peut être considérée comme la manifestation d'un désir commun de vivre ensemble".

"Il est donc du devoir des pouvoirs publics de préserver et de faire respecter ces équilibres, en favorisant l'expression de cette diversité, adossée à la construction d'un espace d'égalité et de réciprocité", affirment les membres de la CNL.

L'enseignement catholique, poursuivent-ils, "nourri du message d'hospitalité et d'accueil de l'Evangile, s'aligne sur les garanties d'éducation et d'alphabétisation de tous les citoyens prévues par la Constitution sénégalaise".

Selon les membres du CNL, depuis plus de deux siècles, l'Église catholique assure l'éducation du peuple de Dieu dans le pays "sans distinction de race, de religion, de sexe ou d'ethnie".

Ils ajoutent : "Actuellement, les écoles catholiques éduquent 119 868 élèves, dont seulement 28,08 % sont catholiques. Cela reflète l'engagement de l'Église envers les principes d'égalité, de liberté et de respect mutuel".

Les membres du Conseil des laïcs du Sénégal notent que "les règlements intérieurs des écoles catholiques sont conçus pour maintenir l'ordre et soutenir les missions des écoles sans porter atteinte à la liberté de conscience des élèves".

"Les établissements privés catholiques ne peuvent tolérer des comportements qui contredisent leurs principes et perturbent le bon fonctionnement des écoles", affirment-ils.

Le Conseil exprime son soutien aux institutions catholiques qui "appliquent leurs règlements et encouragent l'adhésion aux principes du respect mutuel et du vivre ensemble".

Il considère le débat sur le hijab comme une question de respect des règles générales qui promeuvent la dignité et la diversité.

"La question du port du voile à l'école n'est pas nouvelle ; elle a déjà été débattue en 2019", rappellent les membres de la CNL, en référence à l'expulsion de plus de 20 lycéennes musulmanes qui portaient le hijab à l'école Sainte-Jeanne d'Arc, un établissement catholique situé à Dakar, la capitale du Sénégal.

À l'époque, les membres de la CNL ont déclaré avoir "plaidé avec succès en faveur d'une approche équilibrée".

Ils se disent également ouverts au "dialogue qui favorise l'unité et la stabilité", exhortant tous les Sénégalais, en particulier les autorités publiques, à soutenir la tradition de coexistence pacifique et de développement inclusif de la nation.