Un archevêque nigérian évoque les relations entre l'Église catholique et l'État nicaraguayen avant la persécution

Les participants au palaver ont exploré le thème, "Le rôle des représentants pontificaux dans une Église-Famille de Dieu missionnaire et synodale en Afrique".

Mgr Nwachukwu a dirigé les discussions sur la question de savoir si les Nonces apostoliques avec une mission permanente dans de nombreux pays du monde sont encore pertinents pour maintenir la communion entre Rome et les Églises locales, et dans le choix des évêques catholiques.

Dans sa présentation, l'Archevêque nigérian basé au Vatican a souligné l'importance des représentants du Saint-Père, en particulier dans les pays connaissant une instabilité politique.

Il a expliqué que le travail des Nonces apostoliques dans ces pays inclut la promotion de la paix entre les parties en conflit.

"Le travail d'un Nonce est de construire des ponts, et il doit être clair qu'un pont doit être construit même lorsque d'un côté de la route se trouve une bonne terre, et de l'autre un marécage. C'est pourquoi le Nonce est là. Il n'est pas là pour son plaisir personnel. Il doit parfois sacrifier son propre plaisir pour être là. C'est pourquoi les Nonces ne fuient pas, même dans les situations de guerre," a déclaré Mgr Nwachukwu.

Il a ajouté que le travail d'un représentant pontifical est "de serrer la main à tout le monde et de créer l'environnement nécessaire pour l'Église."

L'Archevêque catholique nigérian a affirmé qu'une bonne relation entre un pays et la Nonciature donne à l'Église "son droit et sa liberté d'exister."

L'Église catholique au Nicaragua a été victime de persécutions de la part du gouvernement dictatorial du président Daniel Ortega et de son épouse, la vice-présidente Rosario Murillo.

L'Agence de Presse Catholique (CNA) a rapporté que de 2018 à août 2023, "il y a eu 193 attaques contre des évêques, prêtres, diacres, séminaristes et responsables religieux féminins."

Les attaques, selon CNA, incluent "une surveillance constante, des menaces, des tentatives de meurtre, des passages à tabac, des poursuites judiciaires et des exils."

"La dictature d'Ortega n'a pas hésité à emprisonner et expulser des dirigeants de l'Église, expulser des religieuses, fermer des médias catholiques et des organisations caritatives, et saisir les fonds soutenant les œuvres de l'Église," rapporte CNA.

Le statut juridique de 1 500 organisations à but non lucratif — également connues sous le nom d'organisations non gouvernementales (ONG) —, y compris Caritas de Grenade et un grand nombre d'associations catholiques et évangéliques, a été annulé, en plus de l'exil de deux autres prêtres catholiques à Rome, a rapporté ACI Prensa, le partenaire d'ACI Africa pour les nouvelles en espagnol, le 20 août.

Persecution.org rapporte qu'avant 2018, lorsque les manifestations pro-démocratiques ont éclaté au Nicaragua, le gouvernement reconnaissait la liberté de conscience des membres du clergé et leur rôle en tant qu'autorités religieuses respectées par la plupart des Nicaraguayens.

"En fait, pendant les manifestations, le président Ortega a fait appel à l'Église pour servir de médiateur entre son gouvernement et ceux qui cherchaient à le destituer. Mais, lorsque l'Église est devenue un refuge pour ceux qui s'engageaient dans des actions non violentes et que certains membres du clergé ont critiqué les actions de plus en plus dictatoriales du gouvernement, Ortega en est venu à considérer l'Église comme un ennemi," explique Persecution.org.

Dans sa présentation lors du palabre PACTPAN du 16 août, Mgr Nwachukwu a décrit le Nonce apostolique comme "l'arbitre" et "la main étendue du Pape sans laquelle tout le monde ferait ce qu'il veut."

"Nous avons eu des expériences dans des endroits où il n'y avait pas de Nonces apostoliques, et je peux vous dire à quel point les choses ont mal tourné là-bas," a-t-il déclaré, avant d'ajouter : "J'ai été Nonce apostolique au Nicaragua. Regardez ce qu'est devenu le pays depuis que le Nonce est parti."

Soulignant davantage l'importance des représentants du Saint-Père, l'Archevêque catholique a déclaré : "Imaginez simplement ce que cela donnerait dans les Églises locales si chaque prêtre et évêque faisait ce qu'il voulait. Les Congrégations religieuses seraient alors traitées n'importe comment ; les associations seraient traitées n'importe comment sans que personne ne soit là pour les défendre."

"Le Nonce apostolique n'est pas là en tant que super évêque, mais seulement pour informer le Pape de la situation et pour apporter le soutien du Pape aux Églises locales," a-t-il ajouté.

Selon Mgr Nwachukwu, l'une des responsabilités les plus délicates d'un Nonce apostolique est d'aider le Saint-Père dans la nomination de nouveaux évêques. "Je peux vous dire que j'ai été impliqué dans cela, et c'est l'une des fonctions les plus difficiles et les plus délicates d'un Nonce apostolique," a déclaré l'Archevêque catholique basé au Vatican.

Il a ajouté que le processus de sélection implique de fouiller dans la vie privée d'un candidat. "Il y a des choses qui, une fois révélées sur le candidat, vous empêchent de poursuivre le processus de sélection," a encore dit le Secrétaire du Dicastère pour l'Évangélisation du Vatican, qui a également servi à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et en tant que représentant du Saint-Siège à l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).