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La procession mariale en Tunisie réunit catholiques et musulmans

Chaque année, au cœur de l'Afrique du Nord, le pays de Tunisie offre un spectacle unique : une procession annuelle en l'honneur de la Vierge Marie, connue localement sous le nom de « Khorja el Madonna » - la « procession de la Madone » - qui témoigne de la tolérance religieuse et de la coexistence dans une région où les chrétiens passent souvent inaperçus en raison de leur petit nombre et de leur présence publique limitée.

Le clergé mène la
Le clergé conduit la « Khorja el Madonna » - la « procession de la Vierge » - à Tunis, en Tunisie, pour honorer la Vierge Marie, le 15 août 2024. Crédit : Paroisse Saints Augustin et Fidelis à La Goulette, Tunis
Malgré la montée des mouvements islamistes extrémistes au début des années 2010, la tradition séculaire persiste chaque année au mois d'août dans les rues de Tunisie. Fait rare en Afrique du Nord, des centaines de chrétiens marchent sans entrave dans La Goulette, au nord de Tunis, en portant une statue de la Vierge Marie ornée de fleurs pour célébrer la fête de l'Assomption, le 15 août.

La participation des musulmans amplifie l'importance de la procession. La « Khorja el Madonna » symbolise l'harmonie dans un pays où les chrétiens constituent une petite minorité d'environ 25 000 à 30 000 fidèles, principalement catholiques.

Chrétiens et musulmans unis
La tradition a débuté à la fin du XIXe siècle, lorsque des migrants siciliens de Trapani ont apporté une statue de la Vierge Marie en Tunisie. Aujourd'hui, les Tunisiens sont fiers d'appeler la « Vierge de Trapani » la « Vierge de Tunis ».

Pour la procession, des centaines de fidèles se rassemblent à l'église des Saints Augustin et Fidelis à La Goulette pour porter la statue de la Vierge Marie. Ils entament une brève procession avant de ramener la statue à son lieu d'origine.

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Catholiques et musulmans se retrouvent chaque année pour la
Catholiques et musulmans se rassemblent chaque année pour la « Khorja el Madonna » - la « procession de la Vierge » - à Tunis, en Tunisie. Crédit : Paroisse des Saints Augustin et Fidelis à La Goulette, Tunis
Les participants se livrent à des prières et à des messes pendant la durée de l'événement. La procession se déroule chaque année dans la paix et la tranquillité, sans entrave de la part de l'État ou d'autres groupes religieux. Au contraire, les habitants non chrétiens attendent avec impatience et soutiennent la célébration. De nombreuses diasporas chrétiennes non catholiques, en particulier des migrants africains, se joignent à la procession.

Origine des chrétiens en Tunisie
Malgré leur statut de minorité, les Tunisiens chrétiens restent attachés à leur patrie. L'Église catholique suit de près leur situation et s'efforce de les protéger en entretenant des relations étroites avec les autorités locales.

En 2007, le gouvernement tunisien a indiqué au Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination raciale que la plupart des Tunisiens chrétiens ont des racines en Afrique subsaharienne et sont majoritairement catholiques, avec un nombre plus restreint de protestants et d'orthodoxes.

Historiquement, le christianisme a été la principale minorité religieuse en Tunisie. Aujourd'hui, cette minorité se compose de trois groupes distincts : Les chrétiens tunisiens d'origine européenne et les chrétiens européens résidant de manière permanente en Tunisie ; les migrants chrétiens d'Afrique subsaharienne ; et les Tunisiens convertis de l'islam au christianisme.

La procession de « Notre Dame de Trapani » à La Goulette, Tunis, Tunisie, le 15 août 2024. Crédit : Paroisse des Saints Augustin et Fidelis à La Goulette, Tunis
La procession de « Notre-Dame de Trapani » à La Goulette, Tunis, Tunisie, le 15 août 2024. Crédit : Paroisse des Saints Augustin et Fidelis à La Goulette, Tunis
Comme d'autres pays d'Afrique du Nord, la Tunisie connaît un mouvement croissant de conversions de l'islam au christianisme, comme le confirment les organisations de la société civile locale. Bien que la Tunisie ne criminalise pas les conversions religieuses, les tabous sociaux exercent une pression immense sur les convertis tunisiens, les obligeant à pratiquer leur foi derrière des portes closes par peur de la stigmatisation, du rejet familial et même de la violence.

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Cet article a d'abord été publié par ACI Mena, le partenaire d'information en langue arabe de CNA, et a été traduit et adapté par CNA.