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Le pape François en Belgique : La « crise de la foi » en Occident exige un retour à l'Évangile

La « crise de la foi » en Occident exige un retour à l'Évangile, a déclaré le pape François aux évêques belges samedi matin à la basilique nationale du Sacré-Cœur à Bruxelles.

S'adressant à plus de 2 500 prêtres, diacres, religieuses, séminaristes, catéchistes et évêques réunis dans la basilique, le pape a souligné l'urgence de l'évangélisation en Europe.

« Les changements de notre époque et la crise de la foi que nous vivons en Occident nous poussent à revenir à l'essentiel, c'est-à-dire à l'Évangile », a déclaré le pape François.

« La bonne nouvelle que Jésus a apportée au monde doit à nouveau être annoncée à tous et mise en valeur dans toute sa beauté », a-t-il ajouté.

Les remarques du pape interviennent à un moment critique pour l'Église catholique en Belgique, qui est confrontée à une baisse significative de la confiance et de la participation du public.

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En 2022, seuls 50 % des Belges s'identifiaient comme catholiques, soit une baisse de 16 % par rapport aux dix années précédentes. La fréquentation de la messe a également chuté de manière significative, avec seulement 8,9 % de la population qui y assiste au moins une fois par mois.

Le pape a noté que la crise actuelle reflète un changement significatif du rôle de l'Église dans la société.

Nous sommes passés d'un christianisme situé dans un cadre social accueillant à un christianisme « minoritaire » ou à un christianisme de témoignage », a-t-il déclaré.

Cette transformation, a-t-il ajouté, requiert des prêtres « qui aiment Jésus-Christ et qui sont attentifs à répondre aux exigences souvent implicites de l'Évangile lorsqu'ils marchent avec le peuple saint de Dieu ».


Le pape François a été accueilli dans la basilique par Mgr Luc Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles, qui a souligné les contributions historiques des missionnaires belges, dont saint Damien de Molokai, qui a été béatifié dans la basilique en 1995.

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Située au sommet de la colline de Koekelberg, la basilique du Sacré-Cœur est la cinquième plus grande église catholique du monde, selon le Vatican. Inspiré par une visite à la basilique du Sacré-Cœur de Paris, le roi de Belgique Léopold II a demandé la construction de la basilique. Le roi lui-même a posé la première pierre en 1905, mais la basilique n'a été achevée qu'en 1970, les travaux ayant été interrompus pendant les deux guerres mondiales.

Lors de sa rencontre avec des catholiques belges, le pape François a évoqué la deuxième assemblée vaticane du synode sur la synodalité, qui doit débuter le 2 octobre.

Interrogé par le Dr Arnaud Join-Lambert, théologien membre de la commission de méthodologie du secrétariat du synode, sur l'avenir de la synodalité dans l'Occident sécularisé, le pape a répondu que « le processus synodal doit impliquer un retour à l'Évangile ».

Le pape François a souligné que la synodalité ne devrait pas consister à « donner la priorité à des réformes “à la mode”, mais à se demander comment apporter l'Évangile à une société qui n'écoute plus ou qui s'est éloignée de la foi ».


Les blessures des abus
En Belgique, la « crise de la foi » est allée de pair avec les révélations d'abus commis par des responsables de l'Église.

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À la basilique, le pape a écouté attentivement les témoignages de divers représentants de l'Église, dont Mia De Schamphelaere, qui travaille avec des victimes d'abus en Flandre.

« Lorsque la première grande crise d'abus a éclaté dans notre Église en 2010, à la suite des aveux d'un évêque, le bouleversement social a été considérable », a-t-elle déclaré.

« Il s'en est suivi un flot de rapports de victimes qui ont témoigné, parfois pour la première fois de leur vie, qu'elles avaient été abusées à un jeune âge par un prêtre ou une personne religieuse. Comme beaucoup de citoyens, nous avons ressenti de l'horreur, de la tristesse et de l'impuissance. Nous avons également été choqués et honteux en tant que croyants ».

Au début de cette année, le pape François a laïcisé l'ancien évêque de Bruges, Roger Vangheluwe, de nombreuses années après que l'ancien prélat a admis avoir abusé sexuellement de ses neveux à plusieurs reprises. Un ancien archevêque de Bruxelles, feu le cardinal Godfried Danneels, aurait appelé une victime des abus de Vangheluwe à garder le silence.

Mgr de Schamphelaere a partagé de manière poignante avec le pape l'impact traumatique de la crise des abus.

« Les victimes d'abus à un jeune âge portent en elles des souffrances qui dureront toute leur vie. Comment l'Église peut-elle voir, reconnaître et apprendre des blessures des survivants ?

En réponse, le pape a souligné la nécessité de la miséricorde et de la compassion. « Il faut beaucoup de miséricorde pour nous empêcher d'endurcir nos cœurs devant la souffrance des victimes », a-t-il déclaré. Il a exhorté l'Église à être « au service de tous sans rabaisser personne », reconnaissant que les racines de la violence proviennent souvent d'un abus de pouvoir.

Le pape François a rencontré personnellement 17 victimes d'abus cléricaux en Belgique pendant plus de deux heures vendredi soir à la nonciature apostolique de Bruxelles, où il a écouté leurs récits et leurs attentes concernant l'engagement de l'Église contre les abus, selon le bureau de presse du Saint-Siège.

Il s'agissait de l'une des nombreuses rencontres en Belgique qui ne figuraient pas dans le programme officiel du pape. Le samedi matin, le pape a également reçu des représentants de l'Union européenne et de l'Organisation mondiale de la santé à la nonciature, avant de faire une halte surprise à l'église Saint-Gilles de Bruxelles pour rendre visite aux sans-abri aidés par la paroisse.

Le pape François a reçu en cadeau une bière brassée par la paroisse, dont les bénéfices sont utilisés pour soutenir l'action en faveur des sans-abri.