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La paix exige de la persévérance, dit le pape François aux autorités mozambicaines

Le pape François accueille Filipe Nyusi, président du Mozambique, à Maputo, en septembre 5, 2019. Crédit: Vatican Media. Le pape François accueille Filipe Nyusi, président du Mozambique, à Maputo, en septembre 5, 2019. Crédit: Vatican Media.

Dans son discours d'ouverture au Mozambique jeudi, le pape François a encouragé les autorités du pays à travailler avec diligence pour la paix. "La paix n'est pas seulement l'absence de guerre, mais un engagement inlassable - en particulier de la part de ceux d'entre nous qui ont une plus grande responsabilité - pour reconnaître, protéger et restaurer concrètement la dignité, si souvent oubliée ou ignorée, de nos frères et sœurs, afin qu'ils puissent se considérer comme les principaux protagonistes du destin de leur nation " a-t-il déclaré le 5 septembre au Palácio da Ponta Vermelha à Maputo devant les autorités, la société civile et le corps diplomatique.

Le pape a exprimé sa propre gratitude "et celle de la communauté internationale dans son ensemble, pour les efforts déployés ces dernières décennies pour que la paix redevienne la norme et la réconciliation la meilleure voie pour affronter les difficultés et les défis auxquels vous êtes confrontés en tant que nation".

Le Mozambique a connu une guerre civile de 1977 à 1992 entre Frelimo, un parti socialiste qui dirige le pays depuis son indépendance en 1975, et Renamo, une organisation anticommuniste.

Renamo a commencé une nouvelle insurrection en 2013 ; ce conflit s'est terminé il y a seulement un mois, avec la signature d'un accord de paix à Serra da Gorongosa.

Le Pape François a salué ce nouvel accord comme "un jalon que nous saluons avec l'espoir qu'il s'avérera décisif et une nouvelle étape courageuse sur le chemin de la paix qui a commencé avec l'Accord général de paix de 1992 à Rome".

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Le pape a dit que les accords de paix de 1992 ont "progressivement commencé à porter leurs fruits", soutenant "l'espoir et la détermination à faire de votre avenir non pas un avenir de conflit, mais la reconnaissance que vous êtes tous frères et sœurs, fils et filles d'une même terre, gardiens d'un destin commun. Le courage apporte la paix ! Véritable courage : non pas le courage de la force brute et de la violence, mais celui qui s'exprime concrètement dans la poursuite inlassable du bien commun."

Il a dit que les Mozambicains "ont connu la souffrance, la tristesse et l'affliction, mais que vous avez refusé que les relations humaines soient régies par la vengeance ou la répression, ou que la haine et la violence aient le dernier mot".

François a dit : "Vous avez pris conscience que la recherche d'une paix durable - une mission qui incombe à tous - exige des efforts intenses, constants et inlassables... elle exige que nous continuions, avec détermination mais sans fanatisme, avec courage mais sans exaltation, avec ténacité mais de manière intelligente, à promouvoir la paix et la réconciliation, pas la violence qui ne mène que la destruction".

Il a dit que la paix au Mozambique a permis des "progrès prometteurs" dans l'éducation et les soins de santé, il a ajouté : "Je vous encourage à poursuivre vos efforts pour mettre en place les structures et les institutions nécessaires pour que personne ne se sente abandonné, surtout les jeunes."

Les jeunes "ont le potentiel de planter les graines pour la croissance de cette harmonie sociale désirée par tous", a dit le pape.

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François exhorte à une "culture de la rencontre", en disant : "il est essentiel de chérir la mémoire comme un chemin qui s'ouvre vers l'avenir, comme un cheminement menant à l'atteinte d'objectifs communs, de valeurs et d'idées communes qui peuvent aider à surmonter des intérêts corporatifs ou partisans étroits. Ainsi, la vraie richesse de votre nation se trouve dans le service des autres, en particulier des pauvres."

Il a encouragé la poursuite des travaux dans les domaines de l'éducation, de l'offre de logements, de l'emploi et de la répartition des terres à cultiver.

"Ce sont les fondements d'un avenir d'espérance, car ce sera un avenir de dignité ! Ce sont les armes de la paix ", a dit le pape.

François a également souligné l'importance de l'entretien de la terre, qu'il a qualifié de " protection de la vie ", ce qui exige une attention particulière chaque fois que l'on constate une tendance au pillage et à l'exfoliation motivée par une avidité généralement non cultivée, même par les habitants de ces terres, ni par le bien commun de votre peuple. Une culture de la paix implique un développement productif, durable et inclusif, où tous les Mozambicains peuvent sentir que cette terre leur appartient."

Le pape est arrivé au Mozambique le 4 septembre ; il y restera avant d'aller à Madagascar l'après-midi du 6 septembre, et à Maurice le 9 septembre. Il retourne à Rome le 10 septembre.

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Lors de son discours aux autorités, il a remercié le pays pour son accueil chaleureux et a exprimé sa sympathie pour les personnes souffrant des cyclones Idai et Kenneth, qui ont frappé le pays en mars et avril.

"Malheureusement, je ne pourrai pas me rendre personnellement chez vous, mais je veux que vous sachiez que j'ai moi-même participé à votre angoisse et à vos souffrances, et que la communauté catholique s'est engagée à répondre à cette situation très difficile ", a-t-il dit.

"Au milieu de la catastrophe et de la désolation, je prie pour que, dans la providence de Dieu, tous les groupes civils et sociaux qui font de l'homme leur priorité se sentent constamment concernés et sont en mesure de promouvoir la reconstruction nécessaire."

Le pape François a conclu son adresse en rappelant aux autorités qu'elles sont " destinées à aider à créer une œuvre d'art magnifique : l'aube de la paix et de la réconciliation qui peut sauvegarder le droit de vos fils et filles à l'avenir. C'est ma prière qui, en ce temps que je passerai avec vous, moi aussi, en communion avec mes frères évêques et l'Église catholique de ce pays, peut aider à faire régner définitivement parmi vous la paix, la réconciliation et l'espérance".

 

Hannah Brockhaus