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"L'Église ne peut rester silencieuse": Le Président du SCEAM dénonce l'exploitation des ressources minérales en Afrique

Le président du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM) a exhorté l'Église à prendre fermement position contre l'exploitation illégale des ressources minérales de l'Afrique.

S'exprimant lors d'une conférence organisée à Rome à l'occasion du 60e anniversaire de la canonisation des martyrs de l'Ouganda, le cardinal Fridolin Ambongo a décrit le tragique bilan humain des richesses minières du continent, qualifiant de « martyrs modernes » ceux qui souffrent et meurent de l'exploitation de ces ressources.

L'Église ne peut rester silencieuse face à cette exploitation illégale des ressources minérales qui génère des guerres et des violences qui déchirent le tissu social de nos pays et compromettent leur avenir », a déclaré le cardinal Ambongo lors de la conférence du 12 octobre sur le thème “Martyrs modernes, victimes de l'exploitation des ressources minérales en Afrique” : Réalités et perspectives de l'Eglise sortante ».

Il a ajouté : « Depuis plus d'une décennie, nos pays sont devenus le théâtre de conflits et de guerres qui sèment la destruction, le désarroi, les larmes, la souffrance et la mort. Face à cette violence dévastatrice et meurtrière, comment pouvons-nous célébrer dans la joie et l'allégresse un si grand anniversaire des 60 ans des martyrs de l'Ouganda, sans réfléchir ensemble à cette tragédie ? »

« Comment penser à l'avenir de nos Églises sans regarder en face ces nombreuses personnes vieillies prématurément à cause de conditions de vie infrahumaines, sans voir ces visages de personnes déplacées défigurées par la faim, sans écouter les cris stridents de ces femmes violées, sans entendre la clameur de ces enfants travaillant dans les mines et de ces jeunes massacrés gratuitement par des seigneurs de guerre soutenus par des lobbies internationaux en quête de richesses », a déploré l'Ordinaire local de l'archidiocèse catholique de Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC).

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Et de poursuivre : « Combien de temps nos Eglises, nos missions chrétiennes, laisseront-elles sans réponse en termes de solutions les graves questions que pose la logique meurtrière qui décime les populations civiles ? On comprend ici l'appel prophétique et pathétique du Pape François lors de sa visite en RD Congo : Ne touchez pas à la RD Congo ! Le Congo n'est pas qu'une mine à exploiter ! »

Le cardinal Ambongo a déploré que les minéraux, qui sont essentiels pour alimenter les technologies modernes telles que les véhicules électriques, les smartphones et les ordinateurs, aient un « prix mortel » pour de nombreuses communautés africaines.

« L'extraction et le transport de ces minerais dépossèdent et déplacent les familles de leurs terres. Il y a souvent une démolition violente des maisons, une contamination de l'eau, une pollution de l'air par des métaux lourds, la libération de cyanure dans la nature, avec de graves dommages aux rendements agricoles, au bétail ou à la pêche », a-t-il déclaré.

Le cardinal Ambongo a ajouté : « L'éventuelle croissance macroéconomique que cette exploitation apporte n'améliore pas, dans la plupart des cas, le niveau de vie des communautés concernées. Le revenu par habitant diminue considérablement, tandis que seul un petit groupe de personnes s'enrichit ».

Il a ajouté que le nombre de victimes de l'exploitation de ce qu'il a qualifié de « minerais de sang » est très élevé en Afrique.

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Le cardinal a noté que l'exploitation de minéraux critiques tels que l'étain, le tantale, l'or, le tungstène, ainsi que les minéraux de la transition énergétique tels que le lithium, le nickel, le cobalt, donne lieu à des conflits armés dans plusieurs régions d'Afrique.

« Ces minerais sont présents dans les batteries des véhicules électriques, des smartphones, des ordinateurs portables, etc. En effet, sous l'impulsion des multinationales, des groupes armés enfermés dans un cercle vicieux de logique financière, s'affrontent dans plusieurs régions d'Afrique. La guerre permet le contrôle des différentes mines, en même temps que la vente des minerais sert à financer la guerre », a-t-il déclaré.

En se concentrant particulièrement sur son pays d'origine, la RDC, où plus de 8 millions de personnes sont mortes dans des conflits liés aux ressources au cours des 30 dernières années, le cardinal Ambongo a souligné les dangers auxquels sont confrontées les personnes vivant dans des régions riches en gisements de minerais.

« Il y a actuellement plus de 100 groupes armés qui sèment la terreur. Par conséquent, vivre dans des régions riches en ressources minérales comporte de grands dangers : conflits, expropriations, maladies respiratoires, analphabétisme », a-t-il déploré.

Le Congolais, membre de l'Ordre des Frères Mineurs Capucins (OFM Cap), a déclaré : « L'Église doit courageusement dénoncer ces injustices, soutenir les faibles et proposer une véritable réconciliation ».

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« Il nous appartient, en tant qu'Église sortante, malgré toutes ces tragédies, de continuer à transmettre constamment le message d'espérance en Jésus ressuscité », a déclaré le cardinal Ambongo.

Il a déclaré : « L'espérance chrétienne est habitée par la simple conviction que l'avenir a un visage et un visage désirable, même si nous n'en connaissons pas les traits. Elle tient donc aussi à ce que la forme sous laquelle le présent est donné n'est pas unique ni fermée sur elle-même. »

« Quelque chose d'autre est possible, qui doit nous mobiliser pour affronter le temps présent et ses difficultés. Forte de cette espérance chrétienne, l'Église joue son rôle dans la transformation de nos sociétés », a déclaré le cardinal Ambongo.