« Des millions de jeunes sont au chômage, d'innombrables personnes se couchent le ventre vide en raison d'un système alimentaire défaillant qui pousse beaucoup d'entre elles dans la pauvreté, et beaucoup n'ont pas les moyens de se payer des soins de santé. Ces problèmes sont interconnectés », dit-elle dans sa réflexion partagée avec ACI Afrique le 4 novembre.
Elle observe que le défrichage des terres pour la production alimentaire, en particulier par le biais de l'agriculture mécanisée, contribue fortement au changement climatique en Afrique.
En outre, l'utilisation de produits chimiques et d'engrais nocifs pour stimuler la production alimentaire soulève d'importantes préoccupations en matière de sécurité alimentaire et affecte négativement la santé des sols, affirme Mme Esipila, qui ajoute : « L'espace fiscal pour faire face aux changements climatiques, parmi d'autres besoins urgents, est sévèrement limité, ce qui laisse peu de place à la création d'emplois et à la mobilité ascendante. »
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Dans sa réflexion, la responsable de Caritas Afrique souligne la nécessité de réfléchir à l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) à l'approche de l'année jubilaire 2025 de l'Eglise catholique.
Lancée par le FMI et la Banque mondiale en 1996, l'initiative PPTE a été conçue pour veiller à ce que les pays les plus pauvres du monde ne soient pas accablés par des dettes ingérables ou insoutenables.
Selon Mme Esipila, au début des années 2000, l'initiative a permis aux pays africains de réorienter les économies réalisées grâce à l'allégement de la dette vers des initiatives de réduction de la pauvreté.
« Ce programme essentiel a fourni un cadre dans lequel les emprunteurs étaient impatients de s'engager », dit-elle, ajoutant qu'en revanche, le Cadre commun pour le traitement de la dette, approuvé par le G20, “est lent et manque de clarté par rapport à l'initiative PPTE”.
Le Cadre commun pour le traitement de la dette a été lancé en novembre 2020 pour aider les pays à faible revenu à restructurer leur dette.
Cette initiative vise à résoudre les problèmes urgents liés à la viabilité de la dette, tels que l'expiration du soutien lié au COVID, l'accumulation d'arriérés, la réduction des dépenses prioritaires et le resserrement des conditions financières internationales. En outre, elle cherche à coordonner les efforts des différentes institutions et agences gouvernementales.
Soulignant les lacunes du cadre, Mme Esipila déclare : « De nombreuses nations africaines continuent de rembourser leur dette au détriment de dépenses vitales en matière de santé, d'éducation, de développement humain et d'initiatives climatiques. Elles n'évitent pas de demander un allègement de la dette parce qu'elles sont en mesure de la rembourser, mais plutôt parce qu'il n'existe pas de processus fiable pour y parvenir. Cela met en évidence un contraste important avec l'initiative PPTE ».
Elle note que le message de Caritas Africa dans le cadre de la Campagne pour une reprise économique inclusive en Afrique a constamment évolué, guidé par le dialogue avec les partenaires de mise en œuvre et les contributions des organisations membres qui s'engagent auprès des décideurs dans leurs pays.
« Nous insistons sur le fait que les gouvernements africains ont besoin d'un financement concessionnel supplémentaire pour faire face aux défis fiscaux à court terme pendant que les négociations pour un cadre de gestion de la dette plus complet sont en cours, » dit-elle.
Mme Esipila note que l'Association internationale de développement (IDA), la branche de la Banque mondiale consacrée aux pays à revenu faible et moyen inférieur, est l'une des plus importantes sources d'aide au développement pour les nations les plus pauvres du monde.
L'association, poursuit-elle, accorde des subventions et des prêts hautement subventionnés à ses pays clients. Toutefois, les fonds de l'IDA doivent être reconstitués par les donateurs tous les trois ans. « L'augmentation du portefeuille actuel de l'IDA pourrait constituer une autre mesure d'atténuation efficace », déclare-t-elle.
« Nous continuons à plaider en faveur d'une réforme de l'architecture globale de la dette », insiste Mme Esipila, ajoutant que les processus d'allègement de la dette devraient commencer par “une suspension immédiate des paiements de la dette, idéalement en cessant les paiements à la demande du débiteur jusqu'à ce que les mesures d'allègement nécessaires soient clarifiées”.
« En outre, poursuit-elle, ces processus doivent être exhaustifs et garantir que les débiteurs sont protégés contre tous les créanciers, et pas seulement contre quelques uns d'entre eux.
« Nous demandons instamment des changements législatifs à New York et dans d'autres juridictions pour protéger les débiteurs contre les poursuites des créanciers privés. Enfin, un financement adéquat doit être alloué pour répondre aux besoins de nos pays en matière de développement humain et de dépenses climatiques », affirme-t-elle.
La responsable de Caritas Afrique reconnaît toutefois que l'annulation de la dette des pays africains sera inefficace si elle ne s'accompagne pas d'une demande de gouvernance meilleure et plus transparente.
Mme Esipila affirme qu'une remise de dette efficace pour l'Afrique peut être obtenue par des investissements intentionnels qui facilitent la surveillance de la gestion de la dette publique par les citoyens.