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Augmentation des féminicides au Kenya : l'Archidiocèse de Nairobi appelle à une action urgente

L'augmentation des cas signalés de fémicide au Kenya, la forme la plus extrême de violence à l'égard des femmes et des jeunes filles qui implique leur assassinat lors d'attaques ciblées, doit être traitée de toute urgence, a déclaré la direction de l'archidiocèse catholique de Nairobi (ADN).

Dans une déclaration publiée le jeudi 21 novembre par Mgr Simon Peter Kamomoe, l'un des deux évêques auxiliaires de l'ADN, l'archidiocèse kenyan appelle le peuple de Dieu de la nation est-africaine à faire tout son possible pour protéger les femmes et les jeunes filles en étant « le gardien de notre sœur ».

« Ces derniers mois, le Kenya a été témoin d'un phénomène troublant de femmes qui ont perdu la vie dans des meurtres horribles et dans des circonstances peu claires. De tels actes constituent non seulement une grave violation des droits de l'homme, mais aussi une tendance profondément préoccupante qui mérite une attention urgente », déplore Mgr Kamomoe.

Le mercredi 20 novembre, le président William Samoei Ruto s'est engagé à verser 100 millions de KES (778 000 USD) pour soutenir la campagne « Safe Home, Safe Space », d'une durée de 16 jours, qui vise à mettre fin à la violence fondée sur le genre et à enquêter sur les cas de féminicide dans tout le pays.

Le lendemain, dans son discours sur l'état de la nation, le président kenyan s'est exprimé sur diverses questions, notamment la santé, l'éducation, les enlèvements et les féminicides.

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Dans la déclaration que l'ADN a publiée le 21 novembre, Mgr Kamomoe reconnaît les efforts du gouvernement kenyan pour garantir la sécurité des femmes et des jeunes filles.

L'évêque catholique kenyan déclare : « Tout en soutenant le gouvernement dans ses efforts pour lutter contre cette menace, nous, l'archidiocèse de Nairobi, en collaboration avec le département d'État pour le genre et l'action positive, appelons tous les chrétiens et toutes les personnes de bonne volonté à agir en tant que gardiens de nos sœurs ».

« Notre société est jugée sur la façon dont elle traite ses membres les plus vulnérables. Nos sœurs et nos mères, qui sont parmi les plus vulnérables, ont besoin de notre protection et méritent de se sentir en sécurité plutôt que de vivre dans la crainte pour leur vie », déclare-t-il.

Pour l'ADN, l'évêque Kamomoe déclare : « Prendre la responsabilité personnelle d'être “le gardien de ma sœur” est une étape essentielle pour garantir que les femmes qui nous entourent - qu'il s'agisse d'épouses, de collègues, de membres de la famille ou d'amies - se sentent en sécurité ».

Il exhorte les familles et les communautés à prendre l'initiative de protéger les femmes et les jeunes filles et de faciliter la création d'environnements qui reflètent les valeurs chrétiennes d'amour et de respect.

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L'évêque catholique kenyan, qui a commencé son ministère épiscopal le 6 avril, appelle les parents et les tuteurs à donner la priorité à la sécurité de leurs enfants, en particulier pendant les vacances de Noël, où ils risquent de passer plus de temps sans surveillance à la maison.

Dans cette déclaration d'une page adressée au clergé, aux religieux et religieuses et aux personnes de bonne volonté de l'ADN, Mgr Kamomoe appelle à la vigilance et à la responsabilité en signalant toute activité suspecte aux forces de l'ordre.

« Ensemble, nous pouvons œuvrer pour mettre fin à la violence fondée sur le genre et au fémicide dans notre société », déclare-t-il.

L'archidiocèse de Nairobi a exprimé son soutien aux efforts déployés par le gouvernement pour lutter contre la violence sexiste et s'est engagé à collaborer avec le département d'État chargé de l'égalité des sexes et de l'action positive pour protéger les femmes.

Des rapports récents au Kenya ont fait état d'une augmentation inquiétante du nombre de fémicides, avec 97 cas documentés sur une période de trois mois. Le service de la police nationale (NPS) a souligné ces chiffres dans le cadre de l'intensification de la réponse de l'agence à l'augmentation de la violence fondée sur le genre dans le pays.

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L'inspecteur général adjoint de la police a déclaré qu'environ 90 % de ces cas ont donné lieu à des arrestations et que les suspects attendent maintenant d'être traduits en justice. Cette recrudescence de la violence a suscité un tollé général et des appels à l'action du gouvernement et à la vigilance de la société pour faire face et prévenir de nouvelles tragédies

Dans son discours du 21 novembre sur l'état de la nation, le président Ruto a souligné l'engagement du gouvernement à lutter contre ce problème par de multiples mesures, exhortant les pères, les chefs d'église et les institutions à élever les garçons pour qu'ils deviennent des hommes moralement intègres.

« Il est temps pour chacun d'entre nous, dirigeants politiques, fonctionnaires, chefs religieux, de faire notre part pour élever les garçons en hommes moralement intègres qui n'auront jamais besoin d'affirmer leur masculinité aux dépens des femmes. Au contraire, ils contribueront à rendre notre société juste, sûre, égale et inclusive », a-t-il déclaré.

Son discours intervient quelques semaines après que des organisations publiques l'ont exhorté à déclarer le fémicide comme une catastrophe nationale au Kenya.

Lors de divers engagements publics, le président kenyan a reconnu la gravité du problème, qui comprend l'assassinat de femmes et de jeunes filles, souvent par des personnes qui leur sont proches. Il a décrit le fémicide comme une crise à la fois criminelle et morale nécessitant une attention urgente de la part de tous les secteurs de la société.

Dans le discours qu'il a prononcé à l'issue de sa rencontre avec des femmes leaders à la State House le mercredi 20 novembre, le président Ruto s'est engagé à verser 100 millions de shillings kenyans à la campagne « Safe Homes, Safe Spaces », une initiative nationale visant à fournir un soutien psychosocial et à créer des environnements sûrs pour les femmes et les jeunes filles.

Silas Isenjia