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Pourquoi l’épiscopat Kenyan conteste le projet de loi sur la santé reproductive au Parlement

Des militants protestent contre l'avortement dans la capitale du Kenya, Nairobi. Domaine public Des militants protestent contre l'avortement dans la capitale du Kenya, Nairobi.
Domaine public

Les évêques du Kenya ont, dans une lettre collective adressée aux "députés catholiques et à tous les législateurs de bonne volonté", expliqué pourquoi ils sont opposés au projet de loi 2019 sur les soins de santé reproductive.

"Nous, les évêques catholiques du Kenya sommes conscients qu'une proposition visant à légaliser l'avortement a été présentée au Parlement", commencent leur lettre du 23 juin dans laquelle les membres de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB) font des trous dans le contenu du projet de loi en se basant sur "notre foi et notre contexte culturel africain".

Les évêques contestent le projet de loi parce qu'il "va à l'encontre de l'enseignement de l'Evangile". C'est un projet de loi contre la Constitution, contre le droit à la vie et contre la protection des enfants et de la famille".

"En tant qu'évêques, nous répondons à notre conviction qui considère l'avortement comme le meurtre intentionnel d'une vie humaine", disent-ils dans leur lettre collective de deux pages signée par le président du KCCB, Mgr Philip Anyolo, 

Ils expriment également leurs préoccupations quant à la formulation du projet de loi qui, selon eux, est "délibérément ambiguë".

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"Il (projet de loi) parle de santé et de droits sexuels et reproductifs, alors qu'en fait il souhaite simplement introduire au Kenya des pratiques malsaines", disent-ils et précisent leur contestation, "Au cours des dernières décennies, ces mots ont été redéfinis par diverses agences des Nations unies pour englober les droits controversés en matière de sexualité et d'avortement, y compris pour les jeunes enfants".

Les évêques contestent également la signification donnée par le projet de loi à la "grossesse" comme étant "la présence d'un fœtus dans l'utérus", une définition qu'ils affirment lorsqu'elle est lue en même temps que les dispositions de la proposition de loi sur l'interruption de grossesse "vont à l'encontre" de l'article 26(1) et (2) de la Constitution du pays, qui garantit à toute personne le droit à la vie et considèrent que la vie d'une personne commence dès la conception.

Les dispositions du projet de loi amplifient l'ambiguïté de l'article 26(4) de la Constitution kenyane, qui n'autorise l'avortement qu'en cas d'urgence médicale, une clause qui a été fortement contestée lors de la phase pré-référendaire de la Constitution en 2010, rappellent les dirigeants de l'Eglise catholique.

La demande du projet de loi pour que le ministère de l'éducation "intègre dans le programme d'enseignement des informations sur la santé reproductive adaptées à l'âge" est également contestée. 

Selon les évêques, le terme "approprié à l'âge" n'est plus le "modificateur autrefois efficace qui servait à protéger les enfants contre l'exposition à une éducation sexuelle néfaste et explicite".

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L'expression "adapté à l'âge" est devenue la stratégie la plus efficace utilisée par les militants des droits sexuels pour faire adopter une sexualité complète dans les politiques et la législation, soulignent-ils.

"Ce sont ces militants des droits sexuels qui mettent en œuvre des programmes de sexualité pour les enfants qui détermineront la définition de "l'âge approprié ", et non les décideurs politiques qui croient que l'utilisation de ce terme protégera les enfants", mettent en garde les évêques dans leur lettre du 23 juin aux députés catholiques du Kenya.

Ils considèrent le projet de loi comme un moyen de favoriser un programme étranger, qui insiste sur le fait que la prévention des grossesses non désirées et des avortements à risque exige que les États adoptent des mesures politiques permettant, entre autres, l'accès aux contraceptifs, aux services d'avortement et à une éducation sexuelle complète.

En ce qui concerne la disposition du projet de loi visant à ce que les femmes mettent fin à des "grossesses non désirées", les prélats du Kenya proposent une approche proactive qui se concentre sur la manière d'empêcher les grossesses de se produire par "des moyens positifs tels que des programmes de mentorat et de changement de comportement, des programmes de compétences de vie et de sexualité humaine".

Les programmes, selon les évêques, incluront une attention accrue aux problèmes sociaux qui conduisent à la pauvreté, à la maladie, à la fornication, à la pression des pairs et au malaise des gens en vue de les résoudre. 

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"Nous pouvons identifier les moyens d'éduquer nos jeunes sur la vie et les choix fondamentaux concernant la vie familiale. Nous pouvons soutenir les structures qui offrent déjà un abri et une protection aux mineurs et aux femmes vulnérables", promettent les évêques.

Les évêques expriment l'espoir que les députés kenyans interpréteront la volonté des citoyens de la nation est-africaine qui "veulent promouvoir la vie et non la mort ; l'institution du mariage et non les unions du même sexe". 

Ils rappellent aux législateurs catholiques que "l'enseignement de l'Eglise sur cette question (l'avortement) n'a jamais faibli ; l'enfant à naître est une vie humaine et son interruption est un homicide" et les implorent "de réfléchir aux conséquences que ce projet de loi aura sur le tissu moral de la Nation. ”

"Nous sommes certains que vous prendrez en considération notre point de vue, ainsi que celui de millions de Kenyans, et que vous ferez le bon choix", déclarent les évêques aux députés kenyans.

Ce projet de loi est une légère variante du projet de loi sur les soins de santé reproductive de 2014, auquel les parties prenantes du secteur de l'éducation, dont le secrétaire du cabinet de l'éducation de l'époque, Jacob Kaimenyi, et les syndicats d'enseignants du Kenya, se sont fortement opposés.

En réponse à la lettre des évêques, les députés catholiques du Kenya ont présenté une pétition contre le projet de loi au président du Sénat du pays, Kenneth Lusaka, le jeudi 25 juin.

Dans une interview accordée à ACI Afrique le 25 juin, le président des députés catholiques, Chris Wamalwa, a noté que le projet de loi avait été "erronément" adopté au Sénat sans la participation publique des parties prenantes, comme l'exige l'article 118 de la constitution du pays.

"Le projet de loi doit être présenté à l'Assemblée nationale ; nous l'y tuerons", a ajouté le président des députés catholiques du Kenya.