"Il (projet de loi) parle de santé et de droits sexuels et reproductifs, alors qu'en fait il souhaite simplement introduire au Kenya des pratiques malsaines", disent-ils et précisent leur contestation, "Au cours des dernières décennies, ces mots ont été redéfinis par diverses agences des Nations unies pour englober les droits controversés en matière de sexualité et d'avortement, y compris pour les jeunes enfants".
Les évêques contestent également la signification donnée par le projet de loi à la "grossesse" comme étant "la présence d'un fœtus dans l'utérus", une définition qu'ils affirment lorsqu'elle est lue en même temps que les dispositions de la proposition de loi sur l'interruption de grossesse "vont à l'encontre" de l'article 26(1) et (2) de la Constitution du pays, qui garantit à toute personne le droit à la vie et considèrent que la vie d'une personne commence dès la conception.
Les dispositions du projet de loi amplifient l'ambiguïté de l'article 26(4) de la Constitution kenyane, qui n'autorise l'avortement qu'en cas d'urgence médicale, une clause qui a été fortement contestée lors de la phase pré-référendaire de la Constitution en 2010, rappellent les dirigeants de l'Eglise catholique.
La demande du projet de loi pour que le ministère de l'éducation "intègre dans le programme d'enseignement des informations sur la santé reproductive adaptées à l'âge" est également contestée.
Selon les évêques, le terme "approprié à l'âge" n'est plus le "modificateur autrefois efficace qui servait à protéger les enfants contre l'exposition à une éducation sexuelle néfaste et explicite".
L'expression "adapté à l'âge" est devenue la stratégie la plus efficace utilisée par les militants des droits sexuels pour faire adopter une sexualité complète dans les politiques et la législation, soulignent-ils.
"Ce sont ces militants des droits sexuels qui mettent en œuvre des programmes de sexualité pour les enfants qui détermineront la définition de "l'âge approprié ", et non les décideurs politiques qui croient que l'utilisation de ce terme protégera les enfants", mettent en garde les évêques dans leur lettre du 23 juin aux députés catholiques du Kenya.
Ils considèrent le projet de loi comme un moyen de favoriser un programme étranger, qui insiste sur le fait que la prévention des grossesses non désirées et des avortements à risque exige que les États adoptent des mesures politiques permettant, entre autres, l'accès aux contraceptifs, aux services d'avortement et à une éducation sexuelle complète.
En ce qui concerne la disposition du projet de loi visant à ce que les femmes mettent fin à des "grossesses non désirées", les prélats du Kenya proposent une approche proactive qui se concentre sur la manière d'empêcher les grossesses de se produire par "des moyens positifs tels que des programmes de mentorat et de changement de comportement, des programmes de compétences de vie et de sexualité humaine".
Les programmes, selon les évêques, incluront une attention accrue aux problèmes sociaux qui conduisent à la pauvreté, à la maladie, à la fornication, à la pression des pairs et au malaise des gens en vue de les résoudre.