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Notre Dame de Paris mérite mieux que son nouveau mobilier

Après l'incendie tragique de 2019 qui a causé des dommages catastrophiques à la cathédrale Notre-Dame de Paris, un débat intense a eu lieu pour savoir s'il fallait reconstruire la grande église telle qu'elle était ou de manière contemporaine.

Le consensus mondial et celui du gouvernement français ont été de reconstruire ce joyau de Paris tel qu'il était. Toutefois, les mobiliers liturgiques ont été traités différemment, l'Archidiocèse de Paris optant pour de nouveaux mobiliers plutôt que de les reconstruire comme auparavant.

Les mobiliers résultants, comprenant l'autel, le baptistère, le tabernacle, l'ambon et la cathèdre (chaise de l'évêque), ont suscité la controverse. Malgré cela, l'artiste Guillaume Bardet a affirmé que les mobiliers sont humbles et "centrés sur l'éternel", suivant la directive de l'archevêque de Paris selon laquelle ces mobiliers devaient présenter une "noble simplicité" et respecter "l'esprit de la liturgie catholique, selon les significations et normes établies après le Concile Vatican II".

Cependant, en examinant les écrits du Concile Vatican II et les documents ultérieurs de l'Église, une vision différente de l'espace sacré est décrite, contrastant avec celle créée à Notre-Dame.

Bardet affirme que "la grandeur de la [cathédrale] invite à l'humilité", un sentiment clairement reflété dans ses mobiliers qui utilisent l'abstraction, une simplicité extrême des formes et une finition en bronze simple, censée s'effacer devant la pierre environnante. Bardet a raison de dire que la cathédrale invite à l'humilité : chaque église dans le monde le fait en invitant à se présenter devant la présence de Dieu.

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La question n'est donc pas de savoir s'il doit y avoir de l'humilité, mais plutôt qui ou quoi doit être humble. En examinant les documents de l'Église, il est clair que les mobiliers, notamment l'autel, doivent être exaltés, car ils participent à la réalité de la présence du Christ dans l'Eucharistie, la Parole et ses ministres.

L'Église enseigne que "avant tout, l'autel principal doit être placé et construit de manière à toujours être vu comme le signe du Christ Lui-même [...] auquel la plus grande révérence est due" et que "l'auteur de la sainteté est Lui-même présent" (Eucharisticum Mysterium).

En revanche, c'est le cœur humain qui doit faire preuve d'humilité. Lorsqu'on entre dans une église comme Notre-Dame, avec sa taille immense, sa hauteur vertigineuse et ses vitraux inspirants, chacun peut ressentir une humilité inconsciente du cœur. Les mobiliers liturgiques doivent contribuer à accroître ce sentiment d'humilité pieuse pour tous ceux qui entrent dans l'église, et encore plus pour les fidèles participant à la liturgie "avec des dispositions appropriées", comme le déclare Sacrosanctum Concilium.

En lieu et place de conceptions simples et abstraites, la constitution du Concile sur la liturgie sacrée appelle tous les espaces sacrés et leurs conceptions à "s'efforcer d'atteindre une beauté noble". Le concept de "beauté noble" par rapport à la "simplicité noble" est l'une des notions les plus mal comprises de Sacrosanctum Concilium. Le terme "simplicité noble" est souvent utilisé comme preuve que Vatican II a mandaté des églises et mobiliers abstraits et épurés. Ce même terme a été utilisé par l'Archidiocèse de Paris pour expliquer les nouveaux mobiliers.

Cependant, dans son contexte, ce terme ne se réfère pas du tout à l'art et au design. Il se réfère plutôt aux rites de l'Église, appelant à des révisions pour les rendre plus clairs et compréhensibles pour les fidèles, tout en rappelant leur but dans le culte de Dieu.

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Lorsque les Pères du Concile abordent le design sacré quatre chapitres plus loin, le terme "simplicité noble" est absent ; c'est plutôt le terme "beauté noble" qui est utilisé. Dans les deux contextes, "noble" signifie une beauté qui est grandiose, impressionnante et excelle dans toutes ses qualités. Cela est à l'opposé de la tendance moderne vers l'abstraction et le minimalisme, comme le montrent les nouveaux mobiliers.

Les "lignes épurées" et un design humble ne sont pas ce que l'Église prescrit, mais sont en réalité l'opposé. Comme l'écrit Saint Jean-Paul II dans Ecclesia de Eucharistia, "comme la femme qui a oint Jésus à Béthanie, l'Église n'a craint aucune 'extravagance', consacrant le meilleur de ses ressources pour exprimer sa merveille et son adoration devant le don insurpassable de l'Eucharistie". Pour une cathédrale historique, resplendissante de vitraux et de voûtes en pierre, associée à une rénovation de 760 millions de dollars, il est difficile de concilier les nouveaux mobiliers avec une semblance de "beauté noble".

Enfin, Bardet a raison de dire que les mobiliers liturgiques doivent être "centrés sur l'éternel". L'art et le design sacrés sont censés être transcendants, pour tirer les gens hors d'eux-mêmes et les amener dans le domaine de Dieu. Cette "altérité" est avant tout accomplie si "toutes les choses mises à part pour l'usage dans le culte divin [sont] vraiment dignes, appropriées et belles, signes et symboles du monde surnaturel", selon Sacrosanctum Concilium.

L'Église catholique possède une vision liturgico-sacramentelle puissante en ce qui concerne les espaces sacrés. Cette vision est souvent diluée par ce que les gens "pensent" que le Concile Vatican II a dit au lieu de ses textes réels ou des documents magistériels qui ont suivi. Une lecture attentive de ces documents montre une vision de splendeur centrée sur le Christ et la liturgie, remplie de beauté noble et de transcendance. Cette vision peut et doit être réalisée par les paroisses, les artistes et les architectes du monde entier.

Comme le décrit le Rite de Dédicace d'une Église et d'un Autel de l'ICEL, une église est un "signe de l'Église pèlerine", un "symbole des réalités célestes" et un "temple de Dieu". Le bâtiment de l'église et ses mobiliers doivent pointer vers leur fin ultime à travers chaque fibre de leur création : la glorification de Dieu et la sanctification de l'homme.

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Michael Bursch