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Le pape François écrit un essai sur l'humour : « L'ironie est un médicament

Le pape François a écrit mardi un essai pour le New York Times sur l'importance d'encourager le sens de l'humour, d'étouffer le narcissisme par des « doses appropriées d'auto-ironie » et d'éviter de « se complaire dans la mélancolie à tout prix ».

« L'Évangile, qui nous exhorte à devenir comme des petits enfants pour notre propre salut (Matthieu 18, 3), nous rappelle de retrouver leur capacité à sourire », a écrit le pape François dans un essai adapté de son nouveau livre, “Espérance : l'autobiographie”, dont la publication est prévue en janvier.

Le pontife a qualifié les nombreux enfants qu'il rencontre, ainsi que les personnes âgées, d'« exemples de spontanéité, d'humanité ».

« Ils nous rappellent que ceux qui renoncent à leur propre humanité renoncent à tout, et que lorsqu'il devient difficile de pleurer sérieusement ou de rire passionnément, nous sommes vraiment sur la pente descendante. Nous devenons anesthésiés, et les adultes anesthésiés ne font rien de bon pour eux-mêmes, ni pour la société, ni pour l'Église », a-t-il écrit.

« L'ironie est un remède, non seulement pour élever et illuminer les autres, mais aussi pour nous-mêmes, car l'autodérision est un instrument puissant pour vaincre la tentation du narcissisme », a poursuivi le pape.

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« Les narcissiques se regardent continuellement dans le miroir, se peignent, se contemplent, mais le meilleur conseil devant un miroir est de rire de nous-mêmes. Cela nous fait du bien. Cela prouvera la véracité de ce vieux proverbe qui dit qu'il n'y a que deux sortes de personnes parfaites : les morts et ceux qui doivent encore naître. »

Le pape François a parlé de l'humour à plusieurs reprises au cours de son pontificat ; en juin de cette année, il a accueilli et diverti un groupe de plus de 100 humoristes, comédiens de stand-up et humoristes dans le plus grand - et peut-être le seul - rassemblement de comédiens au Vatican depuis que le pape Pie V a supprimé le rôle du bouffon papal dans les années 1500.

Lors d'une récente visite en Corse avec le président français Emmanuel Macron, le pape François a recommandé à ce dernier de lire son exhortation apostolique Gaudete et Exultate, en attirant l'attention sur un passage faisant référence à la prière de saint Thomas More pour le sens de l'humour.

« Seigneur, donnez-moi le sens de l'humour. Accorde-moi la grâce de comprendre une plaisanterie, de découvrir dans la vie un peu de joie et d'être capable de la partager avec les autres », peut-on lire dans cette prière que le pape François a déjà qualifiée de “très belle” et qu'il récite quotidiennement.

Dans son essai, le pape donne des exemples de bonne humeur dont ont fait preuve ses confrères saint Jean XXIII et saint Jean-Paul II.

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Jean XXIII, par exemple, aurait fait preuve d'autodérision en plaisantant sur le fait qu'il se résolvait souvent à parler au pape de problèmes graves avant de se rappeler « que le pape, c'est moi ».

Relatant une anecdote sur la résistance ludique de saint Jean-Paul II aux attentes rigides en matière de conduite cléricale, François a écrit que le saint avait été un jour, alors qu'il était encore cardinal, réprimandé pour avoir pratiqué de nombreuses activités sportives en plein air, ce à quoi Jean-Paul avait répondu que « ce sont des activités pratiquées par au moins 50 % des cardinaux ». À l'époque, il n'y avait que deux cardinaux en Pologne.

« Parfois, nous [les papes] apparaissons malheureusement comme des prêtres amers et tristes, plus autoritaires qu'autoritaires, plus vieux célibataires que mariés à l'Église, plus fonctionnaires que pasteurs, plus hautains que joyeux, et cela aussi n'est certainement pas bon », a écrit le pape.

« Mais en général, nous, les prêtres, nous aimons l'humour et nous avons même un bon stock de blagues et d'histoires amusantes, que nous sommes souvent très bons à raconter, et dont nous sommes aussi l'objet.

Dans son essai, le pape a également raconté une blague le mettant en scène, que nous reproduisons ici dans son intégralité :

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Dès son arrivée à l'aéroport de New York pour son voyage apostolique aux États-Unis, le pape François trouve une énorme limousine qui l'attend. Il est un peu gêné par cette splendeur magnifique, mais il se dit qu'il y a longtemps qu'il n'a pas conduit, et qu'il n'a jamais conduit un véhicule de ce genre, et il se dit : « D'accord, quand est-ce que j'aurai une autre occasion ? D'accord, quand est-ce que j'aurai une autre chance ? Il regarde la limousine et dit au chauffeur : « Vous ne pouviez pas me laisser l'essayer, n'est-ce pas ? ». « Ecoutez, je suis vraiment désolé, Votre Sainteté », répond le chauffeur, “mais je ne peux vraiment pas, vous savez, il y a des règles et des règlements”.

Mais vous savez ce qu'on dit, comment est le pape quand il se met quelque chose dans la tête... bref, il insiste et insiste, jusqu'à ce que le chauffeur cède. Le pape François prend donc le volant, sur l'une de ces énormes autoroutes, et il commence à s'amuser, à appuyer sur l'accélérateur, à rouler à 80, 80, 120 km/h... jusqu'à ce qu'il entende une sirène, et qu'une voiture de police s'arrête à côté de lui et le stoppe. Un jeune policier s'approche de la fenêtre obscure. Le pape baisse nerveusement sa vitre et le policier devient tout blanc. « Excusez-moi un instant », dit-il, et il retourne à son véhicule pour appeler le quartier général. « Patron, je crois que j'ai un problème ».

« Quel problème ? demande le chef.

« Eh bien, j'ai arrêté une voiture pour excès de vitesse, mais il y a un type à l'intérieur qui est vraiment important. » « Important comment ? C'est le maire ? »

« Non, non, chef... plus que le maire. »

« Et plus que le maire, qui est là ? Le gouverneur ? »

« Non, non, plus. ... »

« Mais il ne peut pas être président ? »

« Plus, je pense. ... »

« Et qui peut être plus important que le président ? »

« Ecoutez, patron, je ne sais pas exactement qui il est, tout ce que je peux vous dire c'est que c'est le pape qui le conduit ! »

Jonah McKeown