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« Traiter les mineurs coincés en Afrique du Sud avec dignité » : un évêque catholique

Les centaines de mineurs illégaux bloqués dans une mine désaffectée à Silfontein, dans la province du Nord-Ouest de l'Afrique du Sud, sont des êtres humains dont la dignité doit être respectée, a déclaré Mgr Sithembele Sipuka.

Dans une déclaration publiée le 3 janvier, l'ordinaire du lieu du diocèse sud-africain de Mthatha, qui est également président de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC), s'exprime sur la situation des mineurs illégaux piégés dans la mine depuis novembre dernier par crainte d'être arrêtés.

« La saga de l'exploitation minière illégale de Silfontein est trop complexe », déclare Mgr Sipuka en faisant allusion aux informations selon lesquelles les forces de l'ordre ont bloqué l'approvisionnement en eau et en nourriture des mineurs afin de les forcer à refaire surface et à les arrêter pour avoir illégalement cherché de l'or dans la mine abandonnée.

L'identité de la « plupart des mineurs illégaux », qui sont des étrangers, fait partie de la complexité de la situation, note-t-il.

Le défi que pose la situation de l'exploitation minière illégale, déclare Mgr Sipuka, « comprend la question de la légalité et du droit lorsqu'il s'agit de personnes entrant illégalement dans le pays, puisqu'il est allégué que la plupart des mineurs illégaux sont des ressortissants étrangers ».

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« Ensuite, il y a la question des syndicats qui utiliseraient des pauvres pour faire d'énormes profits », poursuit-il, avant d'ajouter : »Ensuite, il y a la question des mineurs illégaux piégés qui refusent de sortir des mines ou qui sont forcés de rester sous terre. Il s'agit donc d'un problème complexe qui nécessite des recherches pour en déterminer la responsabilité.

Dans sa déclaration datée du 2 janvier, l'évêque catholique sud-africain  affirme que « malgré la complexité, la question morale immédiate est de savoir comment traiter des êtres humains créés à l'image de Dieu d'une manière qui respecte leur dignité ».

« Il n'y a pas de solution à sens unique ; nous devons nous interroger sur toutes les frustrations qui en découlent, mais trouver un moyen humain de les traiter », souligne-t-il.

Plus de 1 000 mineurs illégaux ont refait surface, a rapporté Reuters le 18 novembre 2024, citant la police et ajoutant que « des centaines pourraient encore être sous terre ».

L'agence Reuters a cité le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, qui a déclaré : « La mine de Stilfontein est une scène de crime où le délit d'exploitation minière illégale est commis. La police a pour habitude de sécuriser les lieux du crime et de bloquer les voies d'évacuation qui permettent aux criminels d'échapper à l'arrestation ».

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Les habitants et les groupes de défense des droits de l'homme auraient critiqué les autorités sud-africaines pour avoir bloqué l'approvisionnement en eau et en nourriture des mineurs illégaux.

Dans sa déclaration du 2 janvier, Mgr Sipuka affirme que le défi de l'exploitation minière illégale en Afrique du Sud « implique le système économique qui permet aux grandes sociétés minières de s'en tirer à bon compte en réalisant un maximum de profits ».

En agissant en toute impunité, les grandes entreprises détruisent l'environnement et n'améliorent pas « la vie des habitants de la région minière, tout en s'attaquant aux pauvres gens qui tentent de gagner leur vie », déplore-t-il.

Le fait que les grandes entreprises ne réhabilitent pas les mines ajoute au défi de l'exploitation minière en Afrique du Sud, selon Mgr Sipuka.

Pour aller de l'avant, l'évêque catholique sud-africain, depuis sa consécration épiscopale en mai 2008, exhorte les autorités compétentes d'Afrique du Sud à « ne pas céder aux frustrations liées à ce problème et à ne pas tenir compte de la dignité des personnes, comme l'expriment certaines déclarations et actions malheureuses du gouvernement et de la police ».

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« La solution n'a pas encore été trouvée, mais nous devons être patients et nous écouter les uns les autres, car des êtres humains sont impliqués dans cette situation. Je remarque que les nouvelles se concentrent sur le gouvernement, mais que rien n'est dit sur les compagnies minières qui ont laissé ces mines non réhabilitées et non fermées », déplore Mgr Sipuka.

« La possibilité d'utiliser les anciennes mines à des fins économiques et de création d'emplois devrait être explorée », ajoute-t-il.

Le chef de l'Église catholique poursuit : « La police, tout en gérant la crise actuelle des personnes piégées qui ne sont que des fantassins, devrait également enquêter sur le syndicat présumé qui est derrière tout cela et le poursuivre en justice. »

Silas Isenjia