« Les choses ne vont pas bien » : Un cardinal sur les défis économiques et sécuritaires au Nigeria

Comparant le Nigeria à d'autres pays, il a observé : « En Europe ou en Amérique, un seul acte de terrorisme donne lieu à une action rapide. Mais ici, nous nous sommes habitués à vivre dans la peur, incapables de marcher librement dans notre propre pays ».

Le cardinal Onaiyekan a dénoncé la normalisation de l'insécurité dans ce pays d'Afrique de l'Ouest et a souligné que le recours à de lourdes escortes de sécurité par les dirigeants politiques était le symptôme d'une défaillance systémique plus profonde.

« Lorsque même les grands hommes ne peuvent se déplacer librement sans convois de policiers et de soldats, cela montre que nous avons des problèmes. Si la nation n'est pas en sécurité, les responsables de la sécurité doivent en assumer la responsabilité », a-t-il déclaré.

Le cardinal, qui a commencé son ministère épiscopal en janvier 1983 en tant qu'évêque auxiliaire du diocèse d'Ilorin au Nigeria, a également condamné la corruption rampante dans le pays, qualifiant ce vice de « folie ».

Il a cité des cas de mauvaise gestion des fonds publics, accusant les dirigeants d'accaparer les richesses du pays à des fins personnelles.

« L'ampleur de la corruption dépasse toute raison. On nous dit de prendre des pilules amères et d'être patients, mais pour la plupart des Nigérians, la patience est à bout », a-t-il déclaré.

Le cardinal nigérian a exprimé sa consternation face à l'état de la politique nigériane, dénonçant les partis politiques comme inefficaces et les élections comme de simples formalités.

« Nous avons des partis politiques qui sont pires que des structures inutiles », a-t-il fait remarquer. « Les candidats sont imposés au peuple sans transparence », a déclaré le chef de l'Église catholique.

En ce qui concerne le rôle de la religion, il a déploré sa manipulation par les forces politiques et a exhorté les chefs religieux à se réapproprier la religion en tant que force de paix et de justice.

« La religion devrait nous guider pour que nous vivions ensemble comme de bons voisins, frères et sœurs », a déclaré le cardinal Onaiyekan.

Le cardinal Onaiyekan a gardé espoir malgré ce qu'il a décrit comme des perspectives sombres, en soulignant le potentiel du Nigeria.

« Ce pays peut se relever. Dieu nous a donné tout ce dont nous avons besoin pour réussir. Nous avons des personnes brillantes qui excellent à l'étranger mais qui sont sous-utilisées ici », a-t-il déclaré.

Le cardinal Onaiyekan a appelé les Nigérians, en particulier les jeunes, à encourager le changement au niveau local et à demander des comptes aux dirigeants.

« La situation n'est pas irrémédiable. Elle changera lorsque nous commencerons tous à dire non », a déclaré l'archevêque émérite de l'archidiocèse catholique d'Abuja.