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Voici comment les évêques catholiques américains ont réagi aux décrets de Trump sur l'immigration

Des migrants marchent le long des voies ferrées après être descendus du train « La Bestia », qu'ils ont pris à travers le Mexique pour atteindre la frontière mexico-américaine près de Chihuahua, au Mexique, le 27 septembre 2025. Des migrants marchent le long des voies ferrées après être descendus du train « La Bestia », qu'ils ont pris à travers le Mexique pour atteindre la frontière mexico-américaine près de Chihuahua, au Mexique, le 27 septembre 2025.

Depuis la semaine dernière, les évêques catholiques à travers le pays ont publiquement réagi aux récents décrets présidentiels de Donald Trump sur l'immigration, plusieurs appelant à une approche plus globale et humaine de la politique migratoire qui respecte la dignité des migrants et des réfugiés.

Les agents de l’Immigration et des Douanes (ICE), nouvellement autorisés à effectuer des arrestations dans des lieux comme les églises et les écoles sans avoir besoin de l’approbation d’un supérieur, auraient déjà commencé à intensifier les arrestations dans certaines grandes villes après que Trump a promis « la plus grande opération d’expulsion de l’histoire américaine », ciblant principalement « les criminels les plus dangereux ».

Les autres décrets signés par Trump dès son premier jour en fonction, en application de nombreuses promesses de campagne, comprenaient la déclaration d’une urgence nationale à la frontière sud entre les États-Unis et le Mexique, le rétablissement de la politique controversée « Rester au Mexique » de son mandat précédent, ainsi que la désignation des cartels de la drogue comme « organisations terroristes étrangères ».

Un autre décret signé par Trump a initié un processus visant à mettre fin au droit du sol pour les personnes nées sur le territoire américain, indépendamment du statut légal de leurs parents. Toutefois, un juge a déjà bloqué cette mesure dans le cadre d’un important recours juridique mené par une coalition d’États.

L’Église catholique enseigne que les pays, en particulier les plus riches, devraient essayer d’accueillir les migrants « dans la mesure de leurs capacités », mais que les nations ont aussi le droit de réglementer la migration.

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Les projets migratoires de Trump, dont beaucoup commencent à se concrétiser, ont suscité des critiques de la part des responsables catholiques à l’échelle nationale. Mgr Timothy Broglio, président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, a déclaré le 22 janvier que « certaines dispositions » des décrets sur l’immigration sont « profondément troublantes et auront des conséquences négatives, dont beaucoup nuiront aux plus vulnérables d’entre nous ».

Mgr Mark Seitz, évêque d’El Paso, Texas, et président du comité des évêques américains sur la migration, a dénoncé le 23 janvier « des généralisations excessives visant à dénigrer un groupe quelconque, comme le fait de décrire tous les immigrants sans papiers comme des "criminels" ou des "envahisseurs" pour les priver de protection légale ». Une telle approche, a-t-il écrit, « est une offense à Dieu, qui nous a créés à son image ».

Mgr Michael Burbidge a publié une déclaration le vendredi 31 janvier en réponse aux efforts de déportation de l’administration Trump, rejoignant le pape François et ses confrères évêques pour appeler à la préservation de la dignité humaine, tout en affirmant également le droit de chaque pays à sécuriser ses frontières.

« J’encourage le président Trump et les dirigeants du Congrès à élaborer une politique nationale d’immigration qui reflète l’engagement catholique en faveur de la dignité humaine et du bien commun », a écrit Mgr Burbidge dans son communiqué. Il a également exhorté les forces de l’ordre à s’abstenir d’entrer dans des lieux sacrés, sauf en cas de nécessité pour des raisons de sécurité.

Alors que le prélat d’Arlington, en Virginie, a exprimé sa gratitude envers la communauté immigrée de son diocèse, dont il a souligné la contribution à l’Église et au pays, il a aussi reconnu que certains migrants entrés illégalement aux États-Unis avaient commis « des crimes graves ».

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« Comme l’enseigne le Catéchisme de l’Église catholique », a écrit l’évêque, « l’enseignement catholique ne soutient pas une politique de frontières ouvertes, mais plutôt une approche de bon sens, où le devoir de prendre soin de l’étranger est exercé en harmonie avec le devoir de protéger la nation ».

« Nous sommes une Église qui défend la justice, non contre l’application de la loi, mais en faveur de son application avec miséricorde et compréhension, pour le bien de toutes les personnes et de notre pays », a-t-il conclu.

S’adresser aux immigrants

De nombreux évêques ont directement adressé leurs déclarations aux immigrants, cherchant à leur offrir des paroles d’encouragement, de soutien et des assurances que l’Église les accueille.

Les évêques catholiques du Michigan ont récemment exprimé leur inquiétude face aux « déportations de masse et à la rhétorique nuisible qui dénigre globalement nos frères et sœurs immigrés ». Ils ont promis un « soutien inébranlable et un respect de la dignité humaine de toutes les personnes migrantes » et ont exhorté les responsables élus à soutenir des politiques garantissant la sécurité et l’unité des familles immigrées.

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Les évêques du Michigan ont toutefois précisé que l’enseignement catholique sur l’immigration rejette l’idée de « frontières complètement ouvertes », au profit d’une approche équilibrée qui donne la priorité à la fois à la sécurité des frontières et à un accueil compatissant. Ils ont appelé à « un système d’immigration humain qui accueille les réfugiés et les immigrants en leur offrant une voie équitable vers la citoyenneté ».

Les évêques du Maryland ont publié une déclaration conjointe le 27 janvier pour exprimer leur solidarité avec les immigrants et réaffirmer leur engagement à défendre des politiques qui protègent leurs droits et préservent leur dignité. Citant le pape François, ils ont exhorté les gens à voir en chaque migrant « non pas "un problème à résoudre, mais des frères et sœurs à accueillir, à respecter et à aimer" ».

« L’Église a toujours été une maison pour ceux qui cherchent refuge et paix, et nous restons fermes dans notre engagement à accueillir l’étranger et à embrasser les plus vulnérables », ont écrit les évêques du Maryland.

Le Texas, en raison de sa longue et très disputée frontière avec le Mexique, est au cœur du débat sur l’immigration. La Conférence des évêques catholiques du Texas, critiquant les généralisations sur les immigrants, a affirmé que les évêques du Texas « continueront à travailler avec les responsables gouvernementaux et les personnes de bonne volonté pour mettre en place des politiques qui reconnaissent la dignité de chaque personne, privilégient l’unité familiale et s’attaquent aux causes profondes de la migration forcée, tout en respectant le droit et la responsabilité de notre pays de sécuriser ses frontières ».

Les évêques du Texas ont également exhorté Trump à abandonner ces politiques axées uniquement sur l’application de la loi au profit de « solutions justes et miséricordieuses ».

Les évêques du Colorado, un autre État comptant une importante population latino-américaine, ont déclaré que la rhétorique sur les déportations massives avait « engendré une véritable peur chez beaucoup de ceux que nous accompagnons ». Ils se sont engagés à « marcher en solidarité avec [leurs] frères, sœurs et familles migrantes » et à défendre « une réforme globale de l’immigration qui respecte la dignité humaine, protège les plus vulnérables et assure la sécurité de tous ».

Les évêques du Nouveau-Mexique avaient déjà, en décembre, publié une déclaration ferme contre une politique de déportation massive des immigrés en situation irrégulière, affirmant qu’une telle politique « ne réparerait pas le système d’immigration brisé, mais provoquerait plutôt le chaos, la séparation des familles et la traumatisation des enfants ».

Mgr John Wester de Santa Fe a insisté le 21 janvier sur le fait que « des solutions simplistes » ne résoudraient pas le problème de l’immigration et qu’une réforme globale était nécessaire.

Mgr José Gómez de Los Angeles a invoqué la protection maternelle de Notre-Dame de Guadalupe et a exprimé sa solidarité avec les migrants sans papiers menacés d’expulsion.

Enfin, le cardinal Blase Cupich de Chicago et Mgr James V. Johnston de Kansas City ont eux aussi dénoncé les mesures migratoires de Trump, appelant à une application de la loi empreinte de miséricorde et de justice.

Madalaine Elhabbal a contribué à cet article.

Cet article a été mis à jour le 31 janvier 2025 à 17 h 05 (heure française) avec la déclaration de Mgr Michael Burbidge.

Jonah McKeown